Les ressources énergétiques (2014)

Les ressources locales et la consommation énergétique

Bien que la Corse soit une des régions française possédant le plus fort taux d’énergies renouvelables dans son mix électrique, elle reste dépendante des approvisionnements pétroliers extérieurs pour plus des deux-tiers de sa consommation totale d’énergie (électricité, chaleur et mobilité), soit un taux nettement supérieur à la moyenne nationale. Les ressources énergétiques de la Corse ne couvrant pas les besoins de consommation, la région doit s’approvisionner par voie maritime pour l’ensemble des produits pétroliers dont le gaz, et, par interconnexion, pour une partie de l’électricité.

La consommation d’énergie pour la région Corse (indicateurs 2011) se répartit ainsi :

Électricité fournie par le réseau 2 100 GWh
Produits pétroliers (hors alimentation des centrales thermiques) 

Fioul domestique

30 000 m3

Essence

100 000 m3

Gazole

200 000 m3

GPL

20 000 t

Gaz

21 GWh
Bois biomasse 60 000 t
Solaire thermique 16 GWh
Aérothermie 50 GWh

 

Ce qui représente plus de 650 ktep, dont près de la moitié pour le secteur des transports.

 

L'évolution des consommations de produits pétroliers en Corse

 

 

L'évolution des consommations de gaz en Corse

 

Energie électrique :

 

La distribution des hydrocarbures liquides et gazeux en Corse

L’approvisionnement de l’île est effectué exclusivement par voie maritime. De par notamment le surcoût lié au transport, la consommation des produits énergétiques et en particulier des carburants (essence, gazole), représente un poids plus important sur l’économie locale que dans les autres régions de la France continentale. De plus, les contraintes techniques inhérentes aux infrastructures des dépôts pétroliers entraînent d’autres inconvénients tels qu’une autonomie limitée, ou encore l’impossibilité de distribution de biocarburants tel que le SP95-E10 ou le E85.

La distribution de gaz en Corse est effectuée après transport maritime et stockage, soit par les réseaux GDF des agglomérations d’Ajaccio et Bastia, soit par livraison directe de GPL vrac chez le consommateur, soit par bouteilles (butane et propane). Les tendances montrent une situation assez stable depuis 2005 des consommations de gaz tant sur le réseau de distribution GDF que sous conditionnement bouteilles ou vrac.

Le système électrique de la Corse

Le système électrique de la Corse
Sources : EDF Corse,DREAL-SRET

Au dernier trimestre 2012, le parc de production d’énergie électrique en Corse totalise une puissance installée d’environ 720 MW. La répartition des moyens de production du parc électrique est présentée dans le tableau ci-dessous.
En 2010, les sources d’énergies renouvelables couvraient 28 % des besoins en électricité, le thermique 41 %, et l’interconnexion 31 %. Cette répartition est toutefois soumise aux variations liées aux conditions hydrologiques, puisque l’hydroélectricité représente la majeure partie de la production des énergies renouvelables.

Le réseau de transport à haute tension est considéré aujourd’hui comme bien adapté et ne nécessite que quelques renforcements à moyen et long terme. Le réseau de distribution à moyenne et basse tension est sujet à des coupures récurrentes en zones rurales. Des programmes de travaux sont établis annuellement à travers des conventions liant les collectivités locales, EDF et les syndicats d’électrification pour le renforcement, la sécurisation et l’enfouissement esthétique des réseaux. Une enveloppe de 30 millions d’euros est prévue au titre du PEI 2007-2013 pour combler le retard accumulé en matière de renforcement du réseau électrique.

La crise énergétique de l’hiver 2005, associée à la forte augmentation de la consommation électrique (4 % par an), ont mis en évidence les faiblesses du système électrique corse :

  • vétusté du parc thermique,
  • insuffisance des moyens de production,
  • dépendance au fioul et à l’approvisionnement en combustible,
  • faible interconnexion continentale,
  • importance du chauffage électrique,
  • mauvaise qualité du courant de fourniture électrique.

Afin d’éviter la survenue d’un nouvel épisode de ce type, le suivi de l’équilibre offre / demande en électricité fait l’objet d’une grande attention par EDF, l’État et la CTC. La pointe hivernale augmente de 15 MW environ tous les ans et a atteint 530 MW en février 2012, tandis que la pointe estivale connaît également une croissance constante. Néanmoins, après plusieurs années d’augmentation de la demande en électricité à hauteur de 3 % par an en moyenne, il semble que ce taux de croissance ait tendance à s’infléchir.

 

Moyens thermiques
  • Centrale du Vazzio
  • Centrale de Lucciana
  • Turbines à combustion
322 MW dont 20 MW de secours
Interconnexions
  • Câble Sardaigne-Corse (SARCO)
  • Câble Sardaigne-Corse-Italie (SACOI)
150 MW
Énergies renouvelables

Quatre barrages hydroélectriques

  • Barrage de Tolla sur le Prunelli
  • Barrages de Calacuccia et Corscia sur le Golo
  • Barrage de Sampolo sur le Fium’Orbu
139 MW
Micro-centrales électriques 25,9 MW
Trois parcs éoliens 18 MW
Installations photovoltaïques dont 73 MW de champs photovoltaïques 85 MW
Installation de production électrique à partir de biogaz 1,7 MW
Total 720 MW

 
 

Voir l'évolution de la production
d'électricité dans l'outil
de suivi des indicateurs :

 

La maîtrise de l’énergie et le développement des énergies renouvelables

Barrage de l’Alesani

La Corse dispose d’un important potentiel de développement des énergies renouvelables (ENR), qu’elles soient hydroélectriques, éoliennes, solaires ou végétales et leur contribution constitue un axe déterminant pour le dessin des ressources énergétiques de la Corse de demain.La demande électrique corse est particulièrement sensible à l’aléa climatique. On estime que 37 % de la consommation est dépendante du climat (température, nébulosité, etc.) au travers du chauffage (24 %) et de la climatisation (13 %). Plus des deux tiers de cette consommation est réalisé par les particuliers et le secteur du « petit tertiaire » tandis que le reste relève du « gros tertiaire » et à l’industrie. Il y a ainsi un gisement d’économies d’énergie très important dans ces différents secteurs. Une nouvelle réglementation thermique pour les constructions neuves entre en vigueur afin de consacrer les efforts dans l’existant. Des campagnes promotionnelles d’équipements performants auprès du grand public, des dispositifs d’aides complémentaires au crédit d’impôt et des moyens importants pour les collectivités et professionnels ont été engagés ces dernières années par la CTC, l’Ademe et EDF afin de mieux consommer et de développer les énergies renouvelables de production de chaleur comme d’électricité.

L’énergie hydroélectrique constitue un enjeu fort qui nécessite des compromis difficiles. Les aménagements doivent rester cohérents avec les objectifs de la directive cadre sur l’eau. La gestion et l’exploitation de ces ouvrages devra intégrer les enjeux environnementaux, tels que la préservation des différents habitats de la faune aquatique et du cycle thermique des cours d’eau, le respect des équilibres et des relations entre les milieux, et le transit des matériaux solides. Le développement de la micro-hydraulique nécessite une approche globale, à travers la démarche concertée de classification des cours d’eau.

L’énergie solaire est en fort développement depuis 2010 en Corse, à travers le dispositif élaboré en 2009 par la CTC pour une répartition harmonieuse des installations sur le territoire, tenant compte de la limite d’intégration de ce type de production électrique sur le réseau.
La stabilité du réseau électrique dépend de l’adéquation à chaque instant de la puissance totale appelée par les clients et de la puissance injectée dans le réseau. En cas de chute brutale de la production (nuages, vent faiblissant) la perte de cette puissance fournie par les installations solaires ou éoliennes doit pouvoir être compensée rapidement par d’autres moyens de production sous peine de risquer une chute du réseau (délestage) en cascade.

Cette problématique concerne particulièrement la Corse, qui dispose d’un réseau faiblement interconnecté avec le continent, via les câbles SACOI et SARCO. Afin de limiter les risques liés aux variations soudaines de la puissance électrique fournie par ces énergies à caractère fatal et aléatoire, la règlementation impose de limiter leur injection sur le réseau à 30% maximum de la puissance active totale transitant sur le réseau. Ce seuil atteint, à un instant donné, une partie des installations raccordées est alors déconnectée temporairement du réseau pour garantir sa stabilité.

Parc photovoltaïque à Corte

Les premières déconnexions d’installations éoliennes ou photovoltaïques ont été appliquées en 2012. Les nouvelles installations solaires devront intégrer un dispositif de stockage de l’énergie, à l’instar du projet expérimental Myrte (pile à hydrogène) ou par la technologie du solaire thermodynamique, pour s’affranchir des risques de déconnexion qui conditionnent la rentabilité des projets.

La production éolienne est actuellement assurée par trois parcs en activité, deux autres parcs étant en projet (Meria et Marsolino). Le développement de l’éolien doit être réalisé dans une logique d’intégration paysagère optimisée. À cet effet, un schéma régional éolien a été élaboré par la CTC en 2007. Pour ce qui concerne l’éolien en mer, les premières études menées à ce jour révèlent des possibilités restreintes d’implantation en Corse. Néanmoins, le seuil d’intégration des énergies intermittentes étant atteint, le développement de cette filière dépend des innovations en termes de stockage.

La production de chaleur à partir du bois- énergie est majoritairement générée par les installations de chauffage individuelles des ménages (75 à 100 GWh/an). Il faut y ajouter une dizaine de chaufferies collectives (environ 28 GWh/an), dont celle alimentant le réseau de chaleur de Corte. Cependant la Corse dispose d’un potentiel important de développement de cette source énergétique (avec un potentiel de multiplication par quatre de la capacité estimé à l’horizon 2050), passant par une meilleure mobilisation de la ressource en bois des forêts par une structuration de filière.

Un appel à candidatures a été engagé en 2012 par la Collectivité territoriale de Corse, l’Ademe et EDF pour l’installation de 25 nouvelles chaufferies à bois sur les trois prochaines années. L’extension du réseau de chaleur de Corte, avec un projet de co-génération, est également à l’étude.

Le développement des énergies renouvelables fait l’objet d’une réflexion concertée approfondie dans le cadre de l’élaboration du Schéma régional climat air énergie.

Parc éolien et ancien moulin du Cap Corse

 

 

 

Les enjeux de développement du système électrique

La Collectivité territoriale de Corse a adopté en novembre 2005 un plan énergétique qui acte la nécessité de bâtir un système énergétique garantissant à la fois la sécurité et la diversité de l’approvisionnement de l’île. Il repose sur trois piliers :

  • le renforcement de l’interconnexion,
  • le renouvellement des centrales thermiques,
  • le développement des énergies renouvelables.

Ainsi, l’interconnexion a été augmentée : le barrage du Rizzanese (55 MW) a été construit et doit-être mis en service en 2013, le remplacement de la centrale de Lucciana (55 MW) par une installation plus puissante, moins polluante et convertible au gaz est en cours, et le remplacement de la centrale d’Ajaccio par une nouvelle installation moins polluante fonctionnant au gaz naturel est prévue pour 2018. De plus, le plan des énergies renouvelables et de la maîtrise de l’énergie adopté en 2007 est en cours de révision.
Le déploiement de ces moyens de production doit être accompagné d’un effort important en matière de maîtrise des consommations, afin de réduire le rythme d’augmentation de la consommation électrique et limiter ainsi les besoins de mise en place de nouveaux moyens de production.
Le bois-énergie peut ainsi constituer une alternative aux énergies fossiles importées et permettre de réduire les usages thermiques de l’électricité. La valorisation de la biomasse agricole ou industrielle, aujourd’hui négligeable, peut également représenter un potentiel à étudier en vue de réduire les consommations d’énergie fossile. Ces filières doivent cependant faire l’objet d’une surveillance particulière en évitant les impacts négatifs sur la qualité de l’air (émission de particules).
Les objectifs à atteindre sur ces plans seront fixés dans le cadre du Schéma régional climat air énergie engagé en 2011 par la CTC.

Mer de nuages sous la Punta Cancellone

La lutte contre le changement climatique

Le Schéma régional climat air énergie (SRCAE) et les PCET

La réalisation d’un Schéma régional climat air énergie (SRCAE) est une obligation issue du « Grenelle de l’Environnement » de 2007.
Le SRCAE doit fixer les orientations et objectifs régionaux, à l’horizon 2020 et 2050, en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de lutte contre la pollution atmosphérique, de développement des filières d’énergies renouvelables et d’adaptation aux changements climatiques.
Ce schéma doit réactualiser et mettre en cohérence les différents plans sectoriels existant en Corse et doit servir de cadre de référence pour l’élaboration des plans thématiques tels que le PADDUC, les plans de protection de l’atmosphère, les schémas de cohérence territoriale, etc.
En Corse, la réalisation du SRCAE a été engagée par la Collectivité territoriale de Corse en 2011.
La démarche repose sur une large concertation, l’objectif étant d’aboutir à une adoption début 2013 par délibération de l’Assemblée de Corse après mise à disposition du public et avis du préfet de région.
les plans climat énergie territoriaux (PCET) constitueront la déclinaison opérationnelle du SRCAE à l’échelle des territoires.
Ils doivent définir des objectifs stratégiques et un programme d’actions en matière d’économie d’énergie, de développement des énergies renouvelables et de limitation des émissions des gaz à effet de serre.
Ils auront une portée juridique sur les documents d’urbanisme, notamment les SCoT et les PLU.
Six collectivités sont concernées en Corse : Collectivité territoriale de Corse, Conseils généraux de la Corse-du-Sud et de la Haute-Corse, Communauté d’agglomération de Bastia, Communauté d’agglomération du pays ajaccien, ville d’Ajaccio. Elles doivent adopter leur PCET avant la fin de l’année 2012.
La réalisation de bilans d’émissions de gaz à effet de serre par les principales institutions et entreprises de Corse complète le dispositif visant à définir les moyens opérationnels pour lutter contre le changement climatique.
 

Énergie climat

  • Caractéristiques principales
  •  Développement important de l’énergie photovoltaïque
  •   Programme pour le développement, la sécurisation, l’enfouissement esthétique des réseaux
  •   Part importante des énergies renouvelables, notamment hydroélectrique
  •   Capacité de production électrique tout juste suffisante au regard de l’équilibre offre-demande
  •   Vétusté des moyens de production thermique : vieillissement, panne, pollution
  •   Fragilité et retard de développement des réseaux BT de distribution électrique en zone rurale
  •   Insuffisance des moyens de maîtrise de la demande d’électricité (MDE)
  • Tendances évolutives
  •   Développement des moyens de production de type énergies renouvelables : aménagements hydroélectriques (Rizzanese), solaire et éolien
  •   Développement de la maîtrise de la demande d’électricité (MDE)
  •   Remplacement des centrales thermiques et développement de l’interconnexion.
    Voir "La qualité de l'air"
  •   Arrivée programmée du gaz naturel
  •   Augmentation constante de la demande électrique

 

  Point positif   Point négatif

 

 

Cet article provient du site de Observatoire du Développement Durable de Corse
http://www.oddc.fr