Les ressources agricoles (2012)

L’agriculture en Corse

Le territoire corse

Une importante partie du territoire de la Corse est inexploitable par l’agriculture en raison d’une altitude trop élevée ou d’une pente trop forte.

Dans sa grande majorité, le territoire présente une pente supérieure à 15 % et des sols peu profonds, plus propices à l’élevage qu’aux grandes cultures. Viticulture, arboriculture et céréaliculture se situent donc préférentiellement dans les plaines alluviales et sur les coteaux, notamment en plaine orientale. De ce fait, près de 80 % des surfaces cultivées de l’île se trouvent en Haute-Corse.

En 2010, la superficie agricole utilisée représente 168 000 ha soit environ 19 % de la surface de la Corse. 84 % de la surface agricole utile (SAU) est déclarée en landes et parcours, 9 % en cultures permanentes (vignes et vergers), 7 % en terres arables 9. Elle est fortement corrélée à la géographie de l’île qui présente plus de 45 % du territoire sur des pentes supérieures à 30 % et seulement 11 % cultivable 10. La surface déclarée en landes et parcours ne représente pas l’ensemble de l’espace pastoral utilisé en libre parcours qui comprend aussi des parcours ligneux.

Les potentialités et les activités agricoles sont réparties sur tout le territoire :

  • en plaine, des sols profonds, mécanisables et souvent desservis par le réseau d’irrigation;
  • en coteaux, des terroirs viticoles de qualité et la préexistence de vergers traditionnels d’oliviers;
  • plus en altitude, la préexistence de vergers traditionnels de châtaigniers;
  • sur l’ensemble du territoire, des parcours naturels aux potentialités fourragères, une flore mellifère spécifique

 Occupation du sol en ha - Année 2010 INSEE

  Corse-du-Sud Haute-Corse Région France métro.
Sols bâtis  4 307  2 836 7143 848 686
Sols artificialités non bâtis  7 537 15 953 23 489  4 053 694
Sols boisés  127 223  142 332 269 555 16 999 786
Sols cultivés  5 383  18 966 24 349 18 782 881
Surfaces toujours en herbe  59 754  30 487 90 241 9 461 940
Autres  198 639  258 252 456 892 4 772 259
Total  402 843  468 826 871 669 54 919 246

Peu d’actifs pour gérer de vastes territoires ruraux

Sur les 360 communes de Corse, 333 se trouvent classées en zone de montagne ou de haute montagne. 80 % du territoire régional peut être qualifié de rural faiblement peuplé : six habitants sur dix habitent en zone urbaine.

La population agricole s’élevait quant à elle à 5 000 personnes (hors saisonniers) en 2010, dont 3 000 responsables d’exploitation, gérant 2 810 exploitations sur tout le territoire. Corrélée de manière plus générale à la diminution des acteurs du monde rural, ce nombre est en diminution de 21 % par rapport à 2000 12. Toutefois la baisse du nombre total d’exploitations reste inférieure à la baisse nationale (– 26 %).

Cela se traduit par une augmentation de la taille moyenne des exploitations : celles de plus de 100 ha ont progressé de 42 % entre 2000 et 2005, et représentent, en 2007, 59 % de la surface agricole utilisée pour un peu plus de 20 % des exploitations.


En revanche, la réduction du nombre d’exploitations s’accompagne d’une diminution de 28 % des effectifs agricoles entre 1999 et 2009, et cette diminution, loin de se faire à un rythme linéaire, est fortement impactée par le vieillissement de la population agricole.

Préoccupation majeure, la population agricole se situe dans une tranche d’âge relativement élevée, quelle que soit le type d’exploitation. Chez les plus de cinquante ans, 68 % ne connaissent pas de successeurs pour leur exploitation (jusqu’à 75 % pour les petites exploitations). Le rythme des installations aidées de jeunes agriculteurs (JA), plus élevé que dans les autres régions, atteint à peine plus de trente par an en moyenne et reste insuffisant pour maintenir la population agricole à son niveau actuel.


Par ailleurs, 48 % des exploitants et coexploitants des moyennes et grandes exploitations n’ont pas de formation agricole même si la structuration des filières favorise aujourd’hui l’attractivité du secteur agricole en direction de personnes diplômées.

L’intérieur de l’île connaît toutefois un certain renouveau lié à l’activité touristique. Un grand nombre d’agriculteurs profitent ainsi de ce regain d’intérêt en diversifiant leur offre et en proposant des nuitées en chambres d’hôtes, gîtes ruraux, etc. et/ou en pratiquant la vente directe de leurs produits. L’augmentation du nombre de fermes équestres illustre également la demande en activités de pleine nature.

Les productions

Des productions diversifiées essentiellement non intensives


L’agriculture est diversifiée (élevage, vergers, maraîchage, COD et fourrages) et essentiellement non intensive : parcellaire plus ou moins morcelé, petite taille d’exploitation, densité des vergers, tradition pastorale et races animales locales qui valorisent les parcours y compris pentus et d’altitude.

Sur la période 2000-2010, l’orientation technicoéconomique des exploitations (OTEX) reste majoritairement l’élevage (près de 60 % des exploitations). L’élevage de bovins viande domine avec 24 % des exploitations classées dans cette orientation technico-économique. Il occupe cependant la seconde position, après l’élevage ovin/caprin, lorsqu’on considère les moyennes et grandes exploitations. Enfin si l’on considère sa part dans la production brute standard (PBS) régionale, on le trouve seulement en quatrième position (11 %) après la viticulture (37 %), l’arboriculture (21 %) et l’élevage de petits ruminants (13 %).

Il convient de distinguer une agriculture de plaine et coteaux spécialisée, plutôt moderne, mécanisée, souvent irriguée mais faiblement utilisatrice d’espace, d’un élevage dit « sylvo-pastoral » généralement extensif et fondé sur l’utilisation d’une très grande superficie de parcours. Le premier cas concerne les grandes cultures annuelles ou pérennes et les cultures légumières, mais aussi quelques éleveurs qui cultivent des prairies en zone de plaine.

En nombre d’exploitations et en surface, on observe une nette diminution du maraîchage (autour de – 50 %) et des cultures fruitières (autour de – 20 %) et une nette augmentation de l’orientation grandes cultures qui a doublée même si elle ne représente que 4 % des exploitations.
L’essor des filières apicole et plantes aromatiques est sensible, avec :

  • une production annuelle de miel qui, depuis l’obtention de l’appellation d’origine en 1998, suivie de l’AOP en 2000, a augmenté de 100 tonnes pour une production variant de 250 à 300 tonnes/an 14.
  • la multiplication par quatre des surfaces plantées en plantes aromatiques entre 2000 (24 ha) et 2009 (106 ha).

Un élevage généralement sur libre parcours

Troupeau de mouton dans l'Alta Rocca


L’élevage pastoral ovin et/ou caprin laitier pour la confection du fromage est traditionnel en Corse. Les deux tiers des exploitations se situent en Haute-Corse pour plus de 70 % des effectifs de petits ruminants. Comme ailleurs en Méditerranée, les espaces littoraux précédemment exploités par les troupeaux une partie de l’année ont été abandonnés au profit de l’urbain, du tourisme ou des cultures à forte valeur ajoutée. Les troupeaux se retrouvent le plus souvent cantonnés dans les terres où le foncier subit une pression moindre mais où les surfaces sont plus difficilement mécanisables.

Malgré un marché très porteur pour les fromages insulaires, les productions laitières ovine et caprine sont en diminution. Les transformateurs vont donc chercher en Sardaigne ou sur le continent une part croissante du lait qu’ils transforment. Une telle pratique n’est pas autorisée dans le cadre de l’AOC Brocciu, seul sigle d’origine aujourd’hui reconnu dans cette filière.

L’élevage bovin s’est lui surtout développé dans le dernier quart du XXe siècle. 65 % des effectifs se situent en Haute-Corse, avec une progression dans ce département de près de 6 % sur les dix dernières années. En Corse-du-Sud, la tendance pour la même période a plutôt diminué. Au niveau régional, le nombre de bovins est resté globalement stable, en se concentrant dans un plus petit nombre d’exploitations, plus spécialisées.

Les parcours occupent de fait une place prépondérante quel que soit le type d’élevage; les ressources du maquis (fruits, jeunes pousses) complètent utilement un fourrage herbacé dont le déficit est structurel en Corse. Une quantité importante de fourrages, estimée à 14 000 tonnes 16, est ainsi achetée hors Corse chaque année. Dans ce contexte, les élevages se trouvent mis en concurrence pour l’accès à une ressource naturellement disponible selon les saisons. La trop fréquente absence de gestion des troupeaux induit une utilisation sub-optimale des estives et une divagation animale.

L’élevage porcin continue d’augmenter et, à l’instar de l’élevage bovin, se retrouvent plus concentré dans des exploitations plus spécialisées. En 2010, une centaine d’élevages, principalement localisés dans le département de la Corse-du-Sud, représentent les trois quarts des surfaces et des producteurs. Traditionnellement, cet élevage repose sur la conduite en parcours, notamment chênaies et châtaigneraies.

 

 

 

 

 

 

 

 

Des surfaces cultivées qui évoluent


Les surfaces cultivées (terres arables et cultures permanentes) ont diminuées de 10 % en dix ans (sont en particulier concernées les surfaces en kiwi, vigne, amandiers, pruniers et agrumes).

Traditionnellement prédominantes en Castagniccia, les châtaigneraies font exception et se maintiennent autour de 1 000 ha. La châtaigne, dont la culture est généralement conduite de façon très extensive, est valorisée quasi-intégralement sous forme de farine. On estime également que le châtaignier est présent sur près de 6 000 ha de parcours destinés aux animaux, en particulier les porcins.

Les superficies en pêcher et en olivier progressent. L’oliveraie traditionnelle extensive est plutôt localisée sur le territoire balanin, alors que les nouveaux vergers, plus denses et irrigués, se développent un peu partout sur le littoral.

Une plus value identitaire et environnementale à construire et à faire valoir

Troupeau de bovidés et zone humide de l'embouchure

Prunelli-Gravona

Le terroir naturel, par son climat et son relief, oriente l’agriculture vers des productions qui ne sont pas des productions en volume. En Corse, c’est le terroir plus que le marché qui crée l’opportunité agricole. Ainsi, le modèle prédominant est inscrit dans une démarche qualité de valorisation des ressources locales. Il s’appuie sur la reconnaissance de variétés domestiques locales (cépages corses, variétés d’olives et de châtaignes, clémentine, races animales, abeille de Corse) adaptées aux terroirs naturels et sur les savoir-faire traditionnels de transformation. Caractérisée par de petits volumes, des coûts de production et de transports élevés et affectée par des modes de consommation plus tournés vers une offre générique que vers une offre de produits de terroirs, l’agriculture corse reste compétitivement fragile.

Les efforts portés sur la qualité et la traçabilité doivent permettre de la consolider et de résorber la part d’agriculture informelle qui subsiste encore aujourd’hui (abattage clandestin, importations de lait, etc.).

L’organisation des producteurs a permis d’aboutir à la certification de tout un ensemble de produits. On dénombre neufs territoires d’appellation d’origine pour le vignoble et sept obtentions AOC-IGP sur les autres productions : IGP clémentine, AOC huile d’olive, AOC farine de châtaigne, IGP noisette de Cervioni, IGP pomelo; pour le fromage AOC Brocciu ; pour la charcuterie AOC Prizuttu, Lonzu, Coppa di Corsica.

Par ailleurs, depuis 2007, une réelle dynamique de conversion vers l’agriculture biologique est observée, en particulier dans les filières fruits secs (châtaigne, amande, noisette) mais aussi en viticulture et en élevage bovin. En 2010, on dénombre 222 exploitations agricoles certifiées « bio » ou en conversion, mettant en valeur 8 132 hectares sur l’ensemble de la région, soit 5 % de la SAU Corse.

En 2007 comme en 2012, on compte seulement trois exploitations qualifiées au titre de l’agriculture raisonnée, toutes les trois en productions végétales.

D’une manière plus générale, la certification environnementale au sens large (diagnostic environnementaux, adoption de cahiers des charges, engagement carbone, etc.) constitue une réelle opportunité pour la production corse et une thématique de recherche et développement à conforter.

La question foncière

Un enjeu majeur du secteur agricole est l’installation. Elle est fortement pénalisée par un accès au foncier de plus en plus difficile :

  • conflits d’intérêts et spéculation foncière en zone péri-urbaine;
  • morcellement, déficit de titres de propriétés et indivision en zone rurale profonde;
  • étalement urbain qui réduit les espaces cultivables, déjà peu représentés en Corse, et les fragmente accélérant ainsi la déprise.

La pression d’urbanisation s’exerce en Corse sur les rares terres profondes et peu pentues dans les zones péri-urbaines, dans les plaines et les vallées. Les effets indirects de l’urbanisation sur l’agriculture sont nombreux et ont un impact probablement bien plus fort que la seule consommation des espaces agricoles (pression spéculative, refus d’octroi des baux agricoles, droits d’exploiter tacites sous réserve de ne pas déclarer à la PAC, etc.). Les zones périphériques d’Ajaccio et de Bastia, les zones littorales sont particulièrement touchées par le phénomène. Les cultures pérennes (vignes, oliveraies,vergers) y sont un peu moins sensibles que les prairies.

À l’inverse de ce qui se passe sur le littoral ou en périphérie des villes, voire des villages, un accès juridiquement sûr aux terrains agricoles de l’intérieur est rendu difficile par leur trop faible valeur. En effet, compte-tenu des moyens qu’il faut mettre en œuvre pour résoudre les indivisions, les héritages, les difficultés de mutation propres aux biens non délimités, le « désordre » foncier perdure et les exploitants sont contraints d’exercer leur activité sans droit juridiquement établi sur les terrains qu’ils exploitent.
L’achat du minimum de terrain nécessaire à l’édification d’un bâtiment d’élevage permettant une capitalisation minimale est souvent difficile dans ces conditions. L’absence d’investissement même réduit sur les terrains (clôtures, points d’eau, etc.) maintient les valeurs agricoles et par là leur prix à des niveaux trop faibles pour inciter les propriétaires à la reconstitution des titres de propriété.

Dans ces espaces, les associations foncières pastorales permettent de sécuriser, dans un cadre collectif, le lien juridique entre les exploitants et les terrains qu’ils exploitent malgré l’absence de titre de propriété et les indivisions non résolues.

Une nécessaire adaptation au changement climatique et aux crises sanitaire

D’une part le changement climatique a une incidence directe sur la production en Corse (fourrages et vergers pénalisés par la pluviométrie insuffisante et irrégulière par exemple) et d’autre part, la mondialisation des échanges expose notre région à l’introduction de pathogènes divers (fièvre catarrhale ovine, peste porcine dans le monde animal; charançon rouge du palmier, cynips du châtaignier dans le monde végétal).

La conjonction de ces deux paramètres favorise l’implantation durable des pathogènes introduits et l’émergence possible de crises sanitaires importantes.

En cas de sécheresses et/ou d’épisodes venteux (plus fréquents, plus intenses ou d’une durée plus importante) le risque d’incendie pourrait être démultiplié. Les incendies peuvent entraîner une forte dégradation des sols, dans certains cas, leur stérilisation et une importante érosion dans les pentes. Dans tous les cas c’est aussi le potentiel productif des agriculteurs qui est sévèrement endommagé, parfois de manière durable.

Voir les chapitres "Les risques naturels" et "Les risques industriels et technologiques".

 

 

Plaines et collines exploitées en Balagne

 

L’empreinte environnementale de l’agriculture

L’analyse des interactions entre agriculture et environnement permet d’établir un état des lieux de l’empreinte environnementale de l’agriculture sur l’environnement.

Sur l’équilibre territorial

L’agriculture représente moins de 3 % du PIB mais constitue la principale activité utilisatrice d’espace en milieu rural. Elle permet de développer de l’emploi disséminé dans l’espace rural et favorise la valorisation des ressources locales et les débouchés de proximité. Ainsi, le maintien et l’augmentation de l’activité agricole constituent une priorité régionale dans sa stratégie de développement durable. Pour la Corse, le Plan régional d’agriculture durable fait partie intégrante du Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse (PADDUC) en cours de réalisation. La délibération du 26 juillet 2012 de l’Assemblée de Corse, qui en fixe les orientations stratégiques, précise en particulier que le PADDUC formulera des préconisations et définira des cartographies sur des espaces considérés comme stratégiques. Il proposera des dispositifs normatifs pour la protection des espaces à potentialités agricoles et forestières afin de favoriser la production agricole dans son ensemble, et notamment l’auto-approvisionnement, ainsi que le soutien aux produits à forte typicité; ces protections pourront être couplées à des mécanismes d’aménagement foncier concourant à la mobilisation effective du foncier agricole, ou donner lieu à des mécanismes de compensation.

Sur la biodiversité et les paysages

Élevage et porcs

Les différents types de production participent largement au maintien d’espaces ouverts, à la protection contre les incendies, à la régulation des nappes et favorisent la biodiversité et l’attractivité des paysages.
L’agriculture valorise les races et variétés domestiques locales et constitue une réelle opportunité de poursuivre et développer leur conservation, leur sélection et leur diffusion au bénéfice de la biodiversité.
Les incendies d’origine pastorale ont fortement diminués.

Voir les chapitres "Les risques naturels" et "Les risques industriels et technologiques".

La divagation animale constitue un mode d’utilisation non maîtrisée de l’espace et des ressources souvent incompatible avec la gestion spécifique des espaces naturels et forestiers. Elle provoque des conflits d’usages et est source potentielle de risques sanitaires.

Sur les pollutions

Au niveau des bassins versants, on n’observe pas significativement de pollutions diffuses liées aux activités agricoles. L’état environnemental des cours d’eau est satisfaisant.

Voir le chapitre "La qualité des eaux".

Les pollutions ponctuelles (pesticides, notamment herbicides, et rejets des unités artisanales agro-alimentaires) ont peu d’influence sur l’état chimique des masses d’eau superficielles et souterraines mais peuvent nuire à la qualité des productions et favoriser des pollutions locales en bas de pente ou pour les cultures suivantes. Selon la note de suivi du plan Écophyto 2008-2009, les quantités de substances actives (QSA) vendues ont diminué de façon sensible (– 19,5 %) en Corse, mais le nombre de doses utilisées (NODU, indicateur pondérant les volumes bruts vendus par une dose de référence ou dose-unité propre à chaque substance active) a, lui, légèrement augmenté sur la même période (+ 1,02 %).

 

Sur la consommation d’eau

Les prélèvements agricoles d’eau brute, principalement à partir des eaux superficielles, ont été estimés à 54 millions de mètres cubes en 2010.

L’OEHC a livré 20 millions de mètres cubes à la filière en 2011 19. Sur la période 2005-2011, la consommation annuelle moyenne s’élève à 19,7 millions de m3 avec une variété interannuelle qui peut être très marquée en année climatique exceptionnelle (en 2010, consommation de 16 millions de m3 à corréler avec une pluviométrie plus élevée).

L’amélioration des connaissances sur les prélèvements est indispensable pour mieux quantifier dans le cadre du prochain SDAGE les pressions des différents secteurs d’activité.

Voir le chapitre "Les ressources en eau".

Sur l’érosion des sols

Ancien moulin et jardins en tarrasse à Vescovato

Sur terrains pentus, les passages répétés d’engins, les opérations de dessouchage, de nivellement, de gros travaux du sol peuvent conduire au décapage du sol avec un impact important sur les pertes de matière organique et une augmentation des risques d’érosion. Le surpâturage et les sols nus en période hivernale sont également des facteurs importants. Pour l’entretien des vergers, la tendance actuelle est à la pratique d’engrais vert semé entre les rangs ou au maintien d’une couverture végétale spontanée de graminées. Une érosion en nappe sur les interlignes peu s’observer y compris sous vergers relativement plats lorsque ce couvert n’est pas encore installé. Des érosions très importantes sous vieilles vignes conduites avec désherbage total peuvent être constatées. La destruction des terrasses anthropiques à la faveur de terrassements contribue à l’accélération du ruissellement et de l’érosion. La tendance actuelle est plutôt à la conservation des terrasses y compris en viticulture.

Sur les gaz à effet de serre

En Corse, l’agriculture contribue à environ 10 % des émissions globales de GES 20 avec :

  • des émissions de CH4 et N2O liées à la fermentation entérique et aux déjections animales de 206 300 teq CO2 et un ratio par tête de bétail inférieur à la moyenne nationale;
  • des émissions de N2O liées à l’utilisation d’engrais de seulement 45 100 teq CO2 en relation avec une quantité d’azote totale épandue de 109 kg/ha contre 130 kg/ha au niveau national.

Au niveau de la capacité de stockage, l’analyse des facteurs de contrôle de la distribution des teneurs en carbone du sol 21 montre le rôle prépondérant du climat qui induit un stockage régional important en relation avec les zones d’altitude supérieure à 500 mètres occupées en forêt, maquis et prairies et des valeurs plus faibles en zone agricole de basse altitude où la pluviométrie plus faible et les températures plus élevées contribuent à une minéralisation plus rapide. Compte-tenu du climat et des types de sols, les pertes de carbone lorsque le sol est travaillé peuvent s’élever à 4 %/ha/an (pourcentage supérieur à la moyenne nationale et variable en fonction de la nature des sols 22). Ainsi sur certains vignobles adultes, on peut observer des teneurs moyennes voisines de seulement 1 %.

À travers certaines pratiques, l’agriculture a un potentiel d’action local positif sur le stockage additionnel du carbone :

  • les teneurs en carbone voisines de 2% sous clémentiniers peuvent doubler si l’on pratique l’enherbement permanent des inter-rangs 23;
  • le non-labour lorsqu’il n’engendre pas de désherbages additionnels;
  • la pratique d’engrais verts en interculture ;
  • l’élevage sur libre parcours par sa contribution au maintien de surfaces en herbe;et d’une manière plus générale toutes les pratiques qui diminuent les risques d’érosion.

Sur les organismes génétiquement modifiés (OGM)

Collines exploitées à Saint-Florent

En 2006, la région Corse a intégré le Réseau européen des régions sans OGM. Ce réseau a été créé le 4 novembre 2003, lorsque dix autorités régionales européennes ont signé une déclaration conjointe visant à sauvegarder leurs productions locales ou régionales de qualité, menacées par l’introduction des OGM. En 2005, le réseau a adopté la Charte de Florence qui fixe pour objectifs de « protéger l’agriculture traditionnelle et biologique contre les OGM », « certifier des approvisionnement de matières première sans OGM » en s’engageant à promouvoir au niveau régional des plans spécifiques et/ou des normes techniques. La mise en place d’un périmètre « OGM-Free » comme caractérisé dans la charte de Florence qui fixe pour objectifs de « protéger l’agriculture traditionnelle et biologique contre les OGM », « certifier des approvisionnements de matières premières sans OGM » en s’engageant à promouvoir au niveau régional des plans spécifiques et/ou des normes techniques. La mise en place d’un périmètre « OGM-Free » comme caractérisé dans la charte nécessite de réaliser une étude de faisabilité. Les premiers travaux sur la thématique de l’autonomie fourragère des élevages permettront d’alimenter la réflexion sur la protection de l’agriculture traditionelle.

 

Les actions environnementales

Pour un territoire régional équilibré

La protection du foncier agricole

Différents outils réglementaires sont mis en œuvre pour préserver le foncier agricole :

  • la loi d’orientation agricole de 1999 permet le classement en zones agricoles protégées (ZPA) des surfaces agricoles dont la préservation présente un intérêt général en raison soit de la qualité de leur production, soit de leur situation géographique. Cette procédure de classement est en cours sur le périmètre étendu autour du vignoble de Patrimonio et de la Conca d’Oru ;
  • la loi sur le développement des territoires ruraux du 23 février 2005 a permis aux départements de délimiter des périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains;
  • le PADDUC en cours de réalisation sera articulé avec les ZAP et les périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels péri-urbains. Il prévoit une cartographie des espaces agricoles et des dispositifs associés de protection qui prévaudront pour tous les documents de planification infra-régionaux.

La mobilisation du foncier agricole

Les associations foncières constituent en Corse un outil d’aménagement pertinent pour faciliter l’accès à la ressource foncière. Elles apportent des éléments de réponse à la problématique du foncier rural en permettant de mobiliser du foncier morcelé et indivis sans transfert de propriété. D’autres éléments vont également dans ce sens : l’activité du GIRTEC (Groupement d’intérêt public pour la reconstitution des titres de propriété en Corse) et le fonds foncier agricole confié à la SAFER.

Pour une agriculture raisonnée

Les mesures agro-environnementales

En 2012, 8 424 ha sont sous contrat Prime herbagères agro-environnementale garantissant leur maintien en herbe et une gestion extensive. Près de 2 700 ha sont sous contrat Bio. Près de 8 240 ha font l’objet de mesures de gestion plus ciblées par le biais des mesures agro-environnementales territorialisées. Les mesures les plus actives aujourd’hui ont trait à la gestion raisonnée des traitements phytosanitaires, à l’enherbement sous culture ligneuse pérenne, à la protection des paysages agro-pastoraux.

Le plan Écophyto

Élaboré suite au « Grenelle de l’environnement », il vise à réduire progressivement l’utilisation de produits phytosanitaires si possible de 50 % au niveau de l’échelle nationale, dans un délai de dix ans. Depuis 2009, ce plan est décliné en Corse : le pilotage en est assuré par la DRAAF en coordination avec la Chambre régionale d’agriculture. Ainsi, les volets « Surveillance biologique du territoire», « Formation des utilisateurs, distributeurs et conseillers », « Expérimentation et démonstration de systèmes économes en phytos » sont opérationnels.

Le plan Écophyto prolonge également l’acquisition de connaissances sur la pollution des eaux par les pesticides initiée en 2006 par les services de l’État. Un suivi particulier est mené au niveau des éventuelles pollutions des eaux par les produits phytopharmaceutiques au travers du GRAP (Groupe régional d’actions phytos), co-piloté par la DRAAF et la DREAL : un plan de neuf actions est en cours de validation.

La modernisation, la professionnalisation des exploitations et l’augmentation du niveau de formation des acteurs du monde agricole contribuent ainsi à la sensibilisation aux problématiques environnementales.

Pour améliorer, mutualiser, partager la connaissance

Un référentiel pédologique et agronomique

Pour minimiser l’impact environnemental en optimisant les choix culturaux, la conduite et l’irrigation, la région s’est doté d’un référentiel pédologique 1:25 000 dans les principales plaines cultivées (le Référentiel pédologique approfondi) et a développé un outil d’aide à la décision interactif sur les potentialités agricoles.

Voir le site : http://www.odarc.fr/geodarc

Le réseau Agro Météo

En complément des bulletins de santé du végétal, la Chambre d’agriculture développe en partenariat avec la région un outil d’aide pour permettre l’irrigation dans des conditions compatibles avec la préservation des ressources. Ce projet initié en 2010 est aujourd’hui en phase de test.

Le Plan d’action pastoral et le Réseau expérimental des fermes de référence

Ces deux dispositifs mis en œuvre par la Chambre d’agriculture en partenariat avec la région visent à acquérir des références techniques sur les systèmes d’élevages, afin d’améliorer les pratiques et promouvoir des itinéraires agronomiques durables.

Deux pôles de compétence agronomiques

La région soutient la constitution de deux plates-formes de recherche et de développement regroupant chercheurs et professionnels agricoles (Corsic’Agropôle pour les filières végétales et le Pôle agronomique d’Altiani pour les filières animales). Les projets portés par ces deux pôles de compétences contribuent à renforcer la compétitivité, la qualité, l’identité et l’excellence environnementale de l’agriculture. Ils jouent un rôle régional important dans l’incubation et le transfert de bonnes pratiques.

 

Pour une meilleure prise en compte des équilibres dans les dispositifs d’aide à l’agriculture

Production fromagère traditionnelle

Le montant annuel des aides du premier pilier de la PAC s’élève à 24 millions d’euros (2011, aides découplées et aides animales couplées). Pour le second pilier le montant des indemnités compensatoires de handicap naturel (ICHN) représente 12 millions d’euros à lui seul.

Les aides pour lesquelles la gouvernance est exercée localement en région, constituent un levier dont la pertinence mérite d’être réexaminée au travers du prisme environnemental.

 

Les ressources agricoles

  • Caractéristiques principales
  •  Diversité de l’agriculture (potentialités et ressources diverses : plaines irriguées, terroirs, parcours)
  •   Caractère non intensif de l’agriculture (taille des parcelles, densité, conduite) n'impactant pas la qualité des eaux superficielles et souterraines
  •  Contribution forte à la production d'aménités, à l'équilibre territorial, aux paysages et à la biodiversité
  •   Biodiversité remarquable au niveau des semences et espèces domestiques locales, adaptées aux conditions d'exploitation et à leur milieu et sources de valeur-ajoutée
  •  Valorisation de la qualité et de la typicité (structuration de filières, appellation d’origine, productions typiques) sur une offre de produits diversifiés
  •   Importance de la part de la SAU en landes et parcours : conservation des sols et stockage du carbone
  •  Faible nombre d'acteurs ruraux et agricoles
  •   Difficultés d'accès aux ressources foncières : maîtrise (indivis) et pression urbaine (spéculation)
  •  Offre de produits agricoles inférieure à la demande
  •   Dépendance au continent (fourrages, intrants, compléments alimentaires), des coûts de transports élevés
  •  Existence de marges de progrès en matière de formation
  •   Sensibilisation et formation insuffisante aux questions environnementales (érosion entre autre)
  •  Divagation animale : utilisation non maîtrisée des ressources et conflits d'usage
  • Tendances évolutives
  •   Structuration des filières de production, organisation des producteurs et démarches de certification de la qualité
  •   Existence d’un marché porteur pour les produits corses
  •   Essor de l'agriculture biologique et raisonnée
  •   Diminution des mises à feux d'origine pastorale
  •   Mise en place de la Commission départementale de consommation des espaces agricoles (CDCEA)
  •   Mise en oeuvre du PADDUC valant Plan régional de l'agriculture durable
  •   Potentialités productives importantes mobilisables
  •   Diminution des acteurs ruraux et agricoles : fermeture du milieu (risques d’incendies, perte de biodiversité, etc.)
  •   Étalement urbain, spéculation foncière, consommation des espaces à fortes potentialités par des usages immobiliers d'agrément, d'habitation ou de production
  •   Désaffection pour la production de certaines spéculations demandées au niveau du marché local (maraîchage)
  •   Risques sanitaires et espèces invasives (cynips par exemple) demandant contrôles et anticipation

 

  Point positif   Point négatif

Cet article provient du site de Observatoire du Développement Durable de Corse
http://www.oddc.fr