Les déchets (2014)

 

La situation de la gestion des déchets en Corse s’est nettement améliorée ces dernières années, même si l’île reste confrontée à plusieurs défis majeurs dans ce domaine.

 

La production et le traitement des déchets

Les déchets ménagers et assimilés (DMA) ont été estimés à plus de 235 000 tonnes pour l’année 2010. La production par habitant est supérieure à moyenne nationale : 663 kg/hab./an contre 594. Toutefois, il convient de souligner l’impact significatif du tourisme dans la production de déchets.

Le total estimé par type de déchets est le suivant :

  • les déchets non dangereux regroupent les DMA (235.000 t), les déchets industriels banals collectés spécifiquement (103.500 t) et les boues de stations d’épuration (23.600 t) : 362.100 tonnes,
  • les déchets dangereux: 15.900 tonnes,
  • les déchets du BTP : 229.000 tonnes.

Les déchets ménagers et assimilés sont constitués en grande partie d’ordures ménagères résiduelles (163.000 tonnes), ainsi que de divers déchets potentiellement valorisables (emballages, papier, cartons, verre, métaux, déchets verts, gravats, bois, déchets d’équipements électriques et électroniques). Ceux-ci sont récupérés en déchèteries et représentaient 42.930 tonnes en 2010.

Ce sont les ordures ménagères résiduelles , le tout venant en apport volontaire, faute de méthode de tri efficace, et les déchets industriels banals (DIB) non valorisables qui sont destinés en Corse à l’enfouissement soit 186.000 tonnes traités pour l’année 2010.

Les boues de station d’épuration sont interdites dans les ISDND. Actuellement, seuls quatre sites en Corse sont déclarés pour traiter et valoriser par compostage les boues de stations d’épuration (STEP). 12.000 tonnes de boues sont traitées chaque année par ces installations, le reste est transféré vers d’autres régions.

Les déchets du BTP sont réutilisés sur les chantiers en remblais, sans toutefois faire l’objet de tri préalable. Une autre partie est éliminée en sites de stockage (en plaine orientale) ou irrégulièrement mais les volumes sont difficilement quantifiables.

 

 

Les infrastructures existantes

 

 

Jusque dans les années 2000, l’île a souffert d’une prolifération de décharges non autorisées (facteur de pollutions importantes et de défiguration des sites et paysages), du faible volume des déchets éliminés selon les conditions réglementaires en matière de protection de l’environnement, du développement limité du tri et de la valorisation de ceux-ci, ainsi que du mauvais fonctionnement de certaines installations.

Cette situation s’est nettement améliorée. La fermeture de toutes les décharges brutes (sur les 148 sites répertoriés, 52 ont été réhabilités ou sont en cours de réhabilitation, dont les décharges les plus importantes, celle de Bastia et Ajaccio), a incité les collectivités compétentes à s’organiser autour :

  • du transfert des ordures ménagères qui ne peuvent être valorisées (huit stations de transfert en 2003, treize en 2012) ;
  • du développement de l’ensemble des petites et grosses infrastructures qui sont nécessaires à l’organisation structurelle du territoire pour moderniser la gestion des déchets
  • d’un renforcement de la structuration intercommunale avec la création d’un syndicat de valorisation des déchets ménagers de Corse (Syvadec) avec les compétences « traitement » et « transfert ».

La collecte sélective


La collecte des déchets ménagers et assimilés est assurée par les communes ou leurs groupements, en régie pour les ordures ménagères résiduelles et en faisant appel, pour certaines d’entre-elles, à des prestataires privés pour la collecte sélective qui nécessite des équipements particuliers. Le territoire insulaire est desservi de manière inégale par la collecte sélective (points-tri pour emballages, verre, papier), le taux de desserte étant très variable d’un bassin de vie à l’autre : il est beaucoup plus important dans les zones urbaines que dans les zones rurales, mais cette différence tend à se réduire avec la généralisation du tri.

En 2003, sur les 360 communes de Corse, 111 étaient desservies par la collecte du verre, soit une collecte en mono-flux, ce qui représentait 26 % de la population, 31 étaient desservies par la collecte sélective tri-flux soit 37 % de la population.

Les dernières données (juin 2012) font apparaître une diminution de la collecte du mono-matériau (61 communes en 2012, soit 7 % de la population) en faveur d’une collecte tri-flux et une augmentation du nombre de communes ayant mis en place la collecte sélective en tri-flux. Ainsi 226 communes sont concernées représentant 84 % de la population totale Corse. Il reste donc 73 communes à équiper de mono, bi ou tri-flux soit 16 % de la population desservie. Ces valeurs attestent d’une nette amélioration de la couverture du territoire par la collecte sélective.

 

Cartographie des points de collecte

 

 

Les déchèteries, les quais de regroupement et le tri des valorisables

En 2003 le territoire insulaire était couvert par cinq déchèteries. En 2012, 25 déchèteries fonctionnent sur les neuf bassins. Ce maillage évoluera encore pendant l’année 2013. Ce nombre reste toutefois encore insuffisant, notamment en Haute-Corse, même si près des deux tiers des déchèteries prévues dans le plan interdépartemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés (PIEDMA) de 2002 ont été réalisées.

Nouvelle déchetterie de Piana

Pour regrouper les déchets valorisables issus de la collecte sélective, aucune structure en 2003 n’était en place. En 2012, et ce afin de pouvoir optimiser le transport de ces déchets vers le continent, on en compte douze y compris celles collectant également des déchets plus spécifiques tels que les déchets industriels spéciaux (DIS), la ferraille, les déchets toxiques en quantités dispersées (DTQD) et les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE).

Il existe un centre de tri depuis 2011 sur Biguglia accueillant des recyclables et conventionné avec les éco-organismes.

Le stockage

Quatre installations réglementaires de stockage des déchets sont en fonctionnement (deux en Corse-du-Sud à Viggianello et Vico et deux en Haute-Corse à Tallone et Prunelli-di-Fium’Orbu).
L’installation de stockage des déchets non dangereux (ISDND) de Tallone arrivera à saturation en 2014, celle de Prunelli-di-Fium’Orbu sera saturée dès 2013.

La capacité maximum d’accueil pour l’ensemble des sites est de 155 000 tonnes.

Des projets de réalisation d’installation de stockage de déchets non dangereux ou d’extension de site sont proposés par des collectivités publiques ou des entreprises privées. Le nouveau Plan de prévention et de gestion des déchets non dangereux (PGDND) permettra d’avoir une vision globale des installations nécessaires à mettre en place, notamment sur les capacités d’accueil et leur situation géographique.

 

Les filières industielles


Les déchets industriels à caractère banal (DIB) spécifiques sont pris en charge par des entreprises spécialisées :

  • une vingtaine d’entreprises collectent les ferrailles et véhicules hors d’usage et les envoient pour valorisation en France continentale ou en Italie;
  • trois entreprises collectent les pneumatiques (valorisation sur le continent);
  • les déchets d’emballages, les encombrants et les gravats sont traités par quatre déchèteries pour le secteur industriel (valorisation sur le continent ou élimination en installation de stockage en Corse).

La filière de collecte des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) est en place en Corse depuis peu (2010). Ils sont collectés auprès des distributeurs et dans les déchèteries par des entreprises agréées par les éco-organismes. Ils sont triés et conditionnés en Corse, avant transport jusqu’aux sites de valorisation sur le continent.

Les déchets du BTP sont gérés en mélange dans leur immense majorité et ne font pas l’objet d’un recyclage. Néanmoins, la chaîne de gestion de ces déchets se met petit à petit en place avec un réseau d’infrastructures de collecte, de tri et de stockage, notamment à Calvi, d’autres sites sont en projet : Corte, Porto-Vecchio.

En raison des faibles gisements, il n’existe pas de centre de traitement des déchets industriels ou toxiques en Corse. Les producteurs de déchets industriels spéciaux (DIS) font appel à des collecteurs agréés qui envoient les déchets dans des centres situés pour la plupart en région PACA.

Les conditions d’élimination actuelles des DIS de l’industrie sont satisfaisantes, mais celles des déchets toxiques en quantités dispersées (DTQD) et des déchets ménagers spéciaux (DMS) doivent encore être améliorées.

Jusqu’à récemment, les DTQD et les DMS étaient traités en mélange avec les ordures ménagères.

L’augmentation du nombre de déchèteries des collectivités contribue à mieux capter ces déchets quand elles les acceptent, même si la mise en place de réseaux de collecte spécifiques pour les producteurs fait encore défaut.

Les huiles usagées font l’objet d’une collecte par trois entreprises spécialisées et sont valorisées sur le continent.

Les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) produits par les centres hospitaliers d’Ajaccio, de Bastia et des cliniques et laboratoires de la région (environ 1 200 tonnes par an)sont traités dans une unité d’inertage exploitée à Ajaccio (site de Sarrola). Une fois broyés et stérilisés dans une cuve soumise à hautes pression et température, les DASRI sont considérés comme des déchets ménagers et sont actuellement traités avec les autres déchets d’Ajaccio.

 

Une forte mobilisation des subventions publiques pour soutenir les nouveaux projets

Sur les deux périodes 2000-2006 et 2007-2013, les enveloppes financières prévues ont été les suivantes :

  • plus de 35 M€ sur la période 2000-2006 (crédits CPER/FEDER), dont plus de 17 M€ utilisés sur ce programme. Le reliquat des fonds PEI a été redéployé en 2003 car la solution technique de réalisation d’une unité de valorisation énergétique (UVE), prévue au plan de 2002, a été déprogrammée du fait des coûts de construction et d’exploitation trop importants;
  • plus de 60 M€ pour la période 2007-2013 disponibles (CP/FEDER/PEI).

Les bilans financiers par type d’opération des programmes 2007-2013 du CPER et FEDER montrent que ce sont en premier lieux les réhabilitations de décharges qui ont mobilisé le plus de financements, puis viennent les opérations de collecte et de transit de valorisables (collecte sélective, déchetteries, plate-forme de transit des valorisables). Le volet « déchets » du PEI / Plan de relance est consacré plus particulièrement à la réalisation des centres techniques et notamment aux installations de stockage des déchets non dangereux (ISDND).

 

Les pistes de progression

Centre de tri de Biguglia

L’amélioration de la filière passe par la poursuite de la mise en place d’une gestion moderne des déchets en Corse par la création d’infrastructures et de filières et par la priorité à donner à la prévention et au recyclage. Il est important également de s’assurer du débouché de certains valorisables sur le territoire. La réalisation d’infrastructures modernes dans la chaîne de gestion des déchets ménagers doit être poursuivie (collecte, tri, déchèteries, quais de transfert, équipements de valorisation ou de stockage).

Des solutions doivent également être recherchées pour la gestion des déchets qui nécessitent la mise en place de filières spécifiques (DIS, déchets du BTP, boues de STEP, déchets carnés des ateliers de transformation, etc).

Pour les déchets du BTP, il conviendrait que les acteurs publics intègrent davantage l’importance du cycle de vie des matériaux à toutes les étapes de leurs projets afin que les matériaux « nobles » puissent être mieux réutilisés (infrastructures de transports et bâtiment).

Une attention particulière doit également être portée aux déblais amiantifères qui nécessitent la recherche de solutions de traitement spécifiques, pour l’instant limitées. Un plan d’action a été lancé en 2009 dans le but de créer des installations de stockage adaptées.

Par ailleurs, il serait intéressant d’étudier la pertinence technico-économique à l’échelle de la Corse des procédés alternatifs de traitement ou pré-traitement (tri mécano-biologique, méthanisation, etc.).

Enfin, des pistes sont à explorer pour le développement de filières de recyclage sur place afin de favoriser les sources d’activités économiques locales favorables à l’emploi.

La politique de prévention et de recyclage s’inscrit dans le cadre des orientations du plan national d’actions déchets, qui traduit les orientations du « Grenelle Environnement » (lois du 3 août 2009 et du 12 juillet 2010) en objectifs chiffrés en fixant comme priorités la prévention et le recyclage.

En limitant les quantités destinées à l’élimination, la réduction à la source et la valorisation matière et organique sont des enjeux majeurs dans le contexte insulaire de la Corse où les solutions de traitement sont limitées, d’autant plus que la valorisation énergétique par incinération a été écartée par la Collectivité territoriale de Corse.

Goélands leucophées attirés par les déchets urbains

Dans ces domaines, les marges de progression sont fortes mais les volets d’action sont nombreux : sensibilisation et information pour modifier les comportements des consommateurs, actions de prévention, incitation à l’écoconception des produits, développement qualitatif et quantitatif du tri, etc. La valorisation organique des déchets (partie fermentescibles des ordures ménagères, déchets verts, boues de STEP en particulier, qui représentent près de 30 % des déchets municipaux produits) est l’une des clefs de la réussite pour atteindre les objectifs du « Grenelle ». Les modalités de cette valorisation (généralisation du compostage en amont, pré-traitement ultérieur éventuel pour les ordures résiduelles, co-compostage des boues et des déchets verts, organisation territoriale des équipements) devront être définies à l’occasion de la révision des plans et dictées par des impératifs de faisabilité technico-économique. Toutefois il est important de s’assurer que la filière permette l’élimination de tout le compost produit.

Les nouveaux projets devront s’inscrire dans le cadre de la révision du PIEDMA de 2002 et du Plan régional d’élimination des déchets industriels spéciaux de 2004 (PREDIS), démarrée en 2009. Cette procédure a été accélérée par les objections soulevées sur les procédés de valorisation énergétique par incinération. Les nouveaux plans définiront les orientations stratégiques en matière de prévention et de gestion.

 

Les déchets

  • Caractéristiques principales
  •  Augmentation du nombre et de la qualité des infrastructures
  •  Fort développement de l'organisation de la collecte sélective
  •  Capacités de stockage insuffisantes malgré l'augmentation du nombre d'ISDND
  •  Production par habitant des DMA supérieure à la moyenne nationale et soumise à de très forte variations saisonnières
  •  Gestion des DIB non valorisables
  •  Filières d'élimination des déchets toxiques en quantités dispersées (DTQD) et les déchets ménagers spéciaux (DMS) en progrès mais insuffisantes
  •  Faibles volumes de déchets valorisables nécessitant leur exportation vers d'autres régions
  • Tendances évolutives
  •   Développement de politiques visant à limiter les quantités destinées à l'élimination, réduction à la source et valorisation des matériaux et matières organiques
  •   Révision du PREDIS et du PIEDMA

 

  Point positif   Point négatif

Cet article provient du site de Observatoire du Développement Durable de Corse
http://www.oddc.fr