Les sports et loisirs liés à la nature (2016)
 Brice Guyon

Contrairement à d’autres régions les pressions les plus importantes sont limitées à quelques mois de l’année et en particulier à la saison estivale. Quant aux infrastructures qui permettent le développement de ces activités (infrastructures de transport, pistes d’accès, installations portuaires, etc.), elles exercent également une pression sur les milieux naturels et nécessitent une meilleure structuration des acteurs, des espaces et des activités. Pour un développement économique durable, il sera nécessaire de maîtriser les conditions d’exercice des diverses activités économiques et le développement des infrastructures associées pour lesquelles une labellisation doit être envisagée.

Les pouvoirs publics et gestionnaires cherchent par la concertation à accompagner les pratiques tant existantes qu’en développement, au-delà du simple cadre des espaces protégés cela afin d’aboutir à l’élaboration d’outils efficaces comme les conventions d’usage ou les chartes.

Les professionnels diplômés qui organisent les activités ont dans l’ensemble pris conscience de la nécessité de préserver l’environnement et sont associés aux acteurs publics dès la phase de création de leur activité. Ils bénéficient de formations souvent locales et font découvrir l’environnement aux usagers. Tous sont dans l’attente d’informations environnementales et réglementaires.

Le développement des sports de pleine nature doit être maîtrisé, afin de respecter, notamment, le droit relatif à la propriété des Espaces, sites et itinéraires (ESI), d’être compatible avec les objectifs de préservation de l’environnement et les autres usages. Afin de concilier ces différents enjeux, le législateur a confié cette compétence particulière aux conseils départementaux. Dans cet objectif, ils ont la charge d’élaborer un plan départemental des espaces, sites et itinéraires relatif aux sports de nature : le Plan départemental des espaces, sites et itinéraire (PDESI, art. L. 311-3 du Code du sport) qui inclut le Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR, art. L. 361-1 du Code de l’environnement).

Ce PDESI est élaboré sur la base d’une proposition de la Commission départementale des espaces, sites et itinéraires relatifs aux sports de nature (CDESI, art. 50-2 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984) dont les modalités de fonctionnement et la composition sont fixées par l’assemblée départementale. La CDESI a été installée en 2015 en Haute-Corse et en novembre 2013 en Corse-du-Sud. Les schémas départementaux des activités de nature recensant toutes les activités sont en cours d’élaboration.

L’organisation de manifestations sportives (raids nature, trails, courses VTT, courses hors stade, raids équestres, etc.) est soumise à évaluation des incidences sur les zones Natura 2000 et à autorisation sur les terrains du Conservatoire du littoral. Elles font l’objet d’un état des lieux contradictoires avant et après l’opération avec les organisateurs et prévoient la remise en état du site si des dégradations sont constatées. En 2009, suite à une grande démarche de concertation, le Département de la Haute-Corse et le Conservatoire du littoral ont élaboré, et signé avec une trentaine d’usagers organisés, une « Charte des bons usages dans l’Agriate » destinée à valoriser les acteurs respectueux du site et présentant des gages de qualités. Le document est en cours de renouvellement.  

La randonnée et les épreuves sportives pédestres

 DRJSCS, Thierry Olive

L’aménagement des sentiers de randonnée (sentier du littoral, « mare a mare », « mare a monte », GR 20) constitue un atout majeur et structurant pour le développement de cette activité.

Le Plan départemental d’itinéraires de promenade et de pandonnée, compétence départementale (loi du 22 juillet 1983), a pour objectif de créer un réseau de sentiers de randonnée accessible à tous les types de pratiques tout en permettant la sauvegarde des chemins ruraux.

La réhabilitation et l’ouverture de sentiers, au-delà des grands sentiers d’itinérance, a permis de structurer l’offre et de permettre une mieux répartir la circulation des randonneurs sur l’ensemble du territoire départemental.

Fin 2016, le PDIPR de Corse-du-Sud, finalisé en 2013, compte près de 2 000 km de sentier de randonnée avec différents types de pratiques : familiale, promenade, itinérance, sportive, etc. Le Département de la Corse-du-Sud s’est engagé dans une politique de développement maîtrisé des activités de pleine nature d’une part par l’entretien et la gestion de plus 1 500 km de sentiers de randonnée par des agents départementaux (agents de protection de l’environnement) et d’autre part par la mise en oeuvre de programmes d’aménagements de sentiers, des travaux de sécurisation (mise en place de passerelles et de signalétique directionnelle) ainsi que des opérations de valorisation (signalétique patrimoniale). Les sentiers inscrits au PDIPR bénéficient de ces aménagements ainsi que d’un balisage homogène sur l’ensemble du territoire.

La randonnée connaît un développement croissant qui, lorsqu’elle est pratiquée dans les secteurs abritant des espèces faunistiques ou floristiques vulnérables, peut nuire à la préservation des équilibres biologiques si des mesures protectrices ne sont mises en oeuvre. Par ailleurs, la réouverture des sentiers permet d’une part de restaurer des corridors biologiques disparus et d’autre part de garder le milieu naturel ouvert par un entretien maîtrisé.

Le développement des courses « hors-stade » nécessite une concertation préalable impliquant l’ensemble des acteurs concernés. En effet, ces événements induisent un nombre important de personnes sur des sites naturels et des procédures doivent être formalisées afin de prévenir des éventuels effets néfastes.

En Corse-du-Sud, un guide des bonnes pratiques est en cours d’élaboration. Il s’agit d’un vade-mecum de consignes et obligations à respecter en vue de maintenir la préservation des espaces naturels traversés. Il s’imposera de fait aux associations faisant appel à un soutien financier auprès du Département et sera transmis à l’ensemble des organisateurs de manifestations sportives se déroulant sur les sentiers du PDIPR.

Au-delà du PDIPR en cours de réactualisation et des travaux engagés par la CDESI, le Département de la Haute-Corse dans le cadre d’une convention avec le Conservatoire du littoral ouvre et entretien des sentiers de promenade et de randonnée pédestre ouverts aux publics. Sont ainsi concernés des parcours dans l’Agriate, en Balagne, dans le Cap et en Plaine orientale. Le même type de convention existe en Corse-du-Sud. L’ensemble des sentiers de randonnée situés sur les terrains du Conservatoire du littoral sera à terme inscrit au PDIPR.

La présence des gardes départementaux du littoral (une vingtaine en Haute-Corse et 27 en Corse-du-Sud) permet d’assurer une surveillance des sites, d’informer le public et de faire respecter les réglementations. Ces gardes ont également un rôle important en matière de sécurité (surveillance incendie, pouvoir de police au travers de leur assermentation notamment).

Sur certains sites sensibles ont été mises en place des zones d’interdiction temporaires ou permanentes d’accès aux randonneurs (pozzines de Melo et de Creno, zones de mise bas des mouflons de Tassinetta, zones de nidification des gypaètes). Dans le cadre de la mise en oeuvre de la Stratégie de création des aires protégées, l’extension de zones de préservation est envisagée.

La randonnée naturaliste, activité bien développée ou en plein essor dans des régions riches en biodiversité, représente en Corse un pôle d’activité non négligeable grâce à sa faune et sa flore endémique (sittelle corse, orchidées, plantes de montagne, papillons, etc.) doublée d’une variété de paysages importante. Souvent pratiquée individuellement ou en petits groupes spécialisés, elle a tendance à se développer et présente un intérêt certain car pratiquée souvent hors saison estivale. Dans certains cas un minimum d’encadrement spécialisé serait nécessaire pour limiter les impacts potentiels.
 

La randonnée équestre

Il existe en Corse 48 centres équestres assez également répartis sur le territoire et huit courses hors centre équestre 71. Les impacts négatifs générés par cette activité sont négligeables à l’exception du passage sur des sols fragiles, comme les dunes. Un recensement des itinéraires est en cours ; il sera intégré dans les PDIPR et affiché dans l’application Géosport1 (DRJSCS) sur la base des informations transmises par le CRE. Les randonnées équestres sur les plages nécessitent une concertation du fait de leur développement.

 

DREAL Corse

La randonnée motorisée

Les principaux sites d’activités physiques de pleine nature

DRJSCS 2016

 

La circulation terrestre à moteur dans les espaces naturels est sauf exception interdite par la Loi 72. Sur certains sites protégés (terrains du Conservatoire du littoral, communes du PNRC, chemins de randonnée composant les PDIPR, forêts bénéficiant du régime forestier, espaces naturels des départements, etc.), cette réglementation est renforcée.

Sur les terrains du Conservatoire du littoral, des aménagements destinés à protéger les milieux les plus fragiles et à limiter les conflits d’usages ont été réalisés (ganivelles, dispositif anti-intrusion, etc.). Des pistes ont été cicatrisées et les plans de circulations redéfinis.

L’activité de découverte de la Corse par les circuits 4 × 4, quad et moto répond à une demande sociale forte. Elle est organisée par une douzaine d’entrepreneurs insulaires diplômés, dont les itinéraires et leur fréquentation ont été évalués. Toutefois, d’autres opérateurs non locaux échappent à la plupart des statistiques compte tenu de la clandestinité de leur présence. On constate sur internet notamment la diffusion d’image faisant la promotion de pratiques interdites en milieu naturel. Une cellule de veille est assurée par la DRJSCS pour enrayer cette fréquentation migrante, en partie due à des régimes de protection plus draconiens dans leurs régions d’origine.

La pratique sportive concerne une vingtaine de clubs, évoluant pour la plupart sur des terrains ou circuits privés. Une minorité de licenciés pratique la discipline d’enduro et s’entraîne sur des chemins. Très peu de manifestations sont organisées en Corse. Les pratiques individuelles de loisirs (liées à la randonnée, à la chasse ou à la pêche) sont par contre particulièrement anarchiques et sont difficiles à maîtriser.

La circulation des véhicules à moteur dans les espaces naturels peut générer dérangement de la faune, destruction de plantes rares ou endémiques, braconnage, dégradation des plages, pollution, bruit et conflits d’usage.  Sur certains itinéraires, les comportements inadaptés induisent une dégradation des sites du fait des ravinements. Une structuration des professionnels est nécessaire. À ce titre, la DRJSCS organise, en lien avec les partenaires régionaux, une concertation avec l’ensemble des professionnels en vue de finaliser une charte de bonnes pratiques. Cette charte, qui pourrait prévoir la communication des tracés et des dates d’usage pour l’ensemble des activités de randonnée motorisée, constituerait un label de reconnaissance des signataires.

Les Plans départementaux des itinéraires de randonnées motorisées, à l’image de ce qui se passe dans les autres régions, sont difficiles à réaliser. Une commission thématique a été mise en place dans le cadre des travaux de la CDESI en Corse-du-Sud afin de mener une réflexion commune avec l’ensemble des acteurs sur les moyens à mettre en oeuvre pour préserver et concilier les usages en randonnée motorisée.

La pratique des taxis 4 × 4 se développe en Haute-Corse (Agriates par exemple) et doit être accompagnée.

  • Voir aussi ci-après le paragraphe sur la plaisance

 

Les voies vertes, le cyclotourisme et le vélo tout terrain

 

Il n’existe que très peu de linéaire de pistes cyclables et presque uniquement en site urbain.

Trois projets de voies vertes sont à l’étude :

  • le plus avancé concerne la ville de Bastia (traverse nord-sud en bord de mer entre Port Toga et la Marana, 4 km). Ce projet devrait être étendu pour permettre la liaison Bastia-Bonifacio dans le cadre de l’itinéraire EuroVélo n° 8 ;
  • le deuxième, porté par la CAPA et le Conseil départemental, consisterait en un itinéraire entre la Gravona et le site de la Parata par Saint-Antoine ;
  • un dernier projet doit permettre de relier l’agglomération de Porticcio au site de la Parata par le bord de mer.

Le cyclotourisme est limité à des usagers avertis du fait de la topographie (fortes pentes). Le nombre de pratiquants et les manifestations sportives augmentent néanmoins fortement.

Concernant le développement de l’offre « cyclotourisme », on peut noter les intiatives suivantes :

Compte tenu des évolutions techniques rapides des vélos à assistance électrique, la pratique de ces activités dans les années futures va sans doute progresser.

Pour le vélo tout terrain (VTT), on observe tout comme pour les loisirs motorisés, un manque de parcours organisés. Sur certains itinéraires, à dire d’experts, la situation se dégrade du fait des ravinements observés sur les sentiers. Un plan régional de développement des activités a cependant été proposé par le Comité régional de cyclisme.

À noter que les EPCI souhaitent développer cette offre et que de nombreux professionnels sollicitent des aides pour s’équiper en VTT. Le Syndicat mixte du PNRC a mis en place le premier site VTT labellisé Fédération française de cyclisme, « Site VTT-FFC Castagniccia Mare e Monti n° 216 », en 2013. Parallèlement, depuis 2014, ont été mis en place un « Espace Cyclo sport » qui a été labellisé FFC et, à titre d’expérimentation, deux « stations VTT » en milieu rural.

 

Les sports d’eau vive

 DRJSCS, Thierry Olive

Le réseau hydrographique corse a pour caractéristique de grandes variations de niveau qui limitent la majorité des activités au printemps. La pratique de l’hydro-speed et du raft est très faible, celle du kayak se limite à des pratiquants de bon niveau, souvent étrangers, évoluant principalement sur des rivières d’altitude. Pour ces activités, on n’assiste pas à un tourisme de masse comme cela peut se pratiquer dans d’autres régions.

La pratique du canyonisme attire en revanche de plus en plus d’adeptes. On estime le nombre de pratiquants à 50 000 durant la saison estivale.
Si les impacts environnementaux sont peu connus, une étude réalisée par l’université de Corse en 2013 indique qu’ils seraient limités (Étude de l’université de Corse, laboratoire d’hydrobiologie, 2013, financée par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse).

Le phénomène est néanmoins géographiquement contenu : seuls neuf ou dix canyons sur les 73 identifiés sur l’île font l’objet d’une commercialisation et d’un suivi via des études comportant des comptages (Étude fréquentation DRJSCS).

La gestion de la fréquentation est réalisée, sur terrains publics, par certaines communes en limitant le nombre de professionnels autorisés à exploiter le site. Une ou deux communes ont pris des arrêtés d’interdiction pour des motifs de sécurité publique. Pour les terrains privés, il n’existe pas de dispositif de régulation de la pratique (Pulischellu par exemple). Il n’y a pas de réglementation locale d’usage des canyons, mais des chartes de bonne conduite ont été élaborées par les professionnels.

L’augmentation des usagers liée au développement de la randonnée aquatique (sur le Vecchio ou le Tavignano par exemple) et du « ravinisme » (remontée de cours d’eau) pourraient avoir des impacts importants sur les poissons.

Des cartes des rivières autorisées à la pratique du kayak (mentionnant notamment les accès) sont en cours d’élaboration. Ces cartes, qui sont appelées à être relayées par les offices du tourisme, pourraient être généralisées à l’ensemble des activités de sport d’eau vive.

Au rang des activités de loisirs, la baignade estivale en eau douce impacte les milieux aquatiques par le piétinement des fonds et la mise en suspension des sédiments à une période où les milieux sont fragilisés.

 

 

Les activités aériennes

 Parapente sur le littoral corse

R. Pouliquen, Ligue corse de vol libre

Une réglementation restrictive s’applique au survol des réserves naturelles.

La pratique du parapente recèle des possibilités considérables, pour la plupart encore inexploitées, compte tenu de l’étendue et de la variété du relief montagneux et des paysages.
Néanmoins, des interférences de la pratique de cette activité avec la reproduction des grands rapaces (aigle royal et gypaète barbu) ont déjà été notées en Corse et pourraient survenir sur certains territoires ou leur contrôle serait alors nécessaire (zones de sensibilité majeure pour le gypaète barbu, rayons proches des nids d’aigles).

Le « base jump », activité à sensation forte et encore très marginale, pourrait dans les prochaines années avoir des incidences sur des populations d’oiseaux si elle est pratiquée dans des secteurs à fort enjeu de conservation (Capu Rossu…).

Le développement des activités de découverte par hélicoptère peut engendrer des nuisances préjudiciables à la grande faune (mouflon, gypaète, aigle royal, avifaune des milieux humides). C’est particulièrement vrai sur le massif de Bavella pour le mouflon. Plus ponctuellement, les baptêmes de l’air peuvent aussi, selon l’itinéraire, poser problème (les services de l’État sont en général consultés pour avis). Dans le cadre de sa charte le PNRC a un rôle important à jouer pour la concertation en amont de ses activités.

La pratique d’ULM et de para-moteurs est en train de se développer mais reste marginale.

Une activité nouvelle est aussi apparue, le survol par drones de divers milieux ; les arrêtés ministériels du 17 décembre 2015 encadrent leur conception et leurs conditions d’utilisation. En fort développement, cette activité peut ponctuellement interférer avec l’avifaune (attaque du drone par des rapaces comme l’aigle royal avec dommages mutuels, perturbation des nids colonies de reproduction). Une partie de l’usage professionnel des drones est encadrée par voie de déclarations préfectorales après avis de la DGAC, DREAL, etc.

Hors réserves naturelles, il est difficile de cadrer les usages individuels qui sortent du cadre juridique des arrêtés du 15 décembre 2015. Une cartographie des zones soumises à interdictions ou à restrictions pour l’usage, à titre de loisir, d’aéronefs télé-pilotés (ou drones) basée sur l’arrêté « Espace » du 17 décembre 2015 et un guide à destination des particuliers et des professionnels ont été établis par les services de l’aviation civile.

 

Les activités de montagne

DRJSCS, Thierry Olive

 

Le ski

La pratique du ski alpin est relativement stable même si elle reste tributaire d’un enneigement aléatoire et que le terrain s’y prête mal.

La pratique des randonnées hivernales en raquettes, qui a supplanté la pratique du ski de fond, est en nette progression dans tous les massifs montagneux de l’île, certains sites répertoriés (Coscione, Verdanèse, Val d’Ese, Camputile, Verggio) s’y prêtant particulièrement. Il convient néanmoins de noter un manque d’aménagement malgré la volonté des communes de développer cette activité dont les retombées économiques pourraient être importantes en matière de produits touristiques.

La pratique du ski de randonnée reste limitée à un nombre restreint de pratiquants aguerris en raison de la difficulté des itinéraires. Les raids de randonnée en ski se développent (Asco, Casteldi Vergio…). Des questions d’impact environnementaux et de sécurité pourraient se poser si cette tendance se confirmait.

L’escalade

La pratique de l’escalade connaît un essor régulier, tant en nombre de pratiquants que de sites équipés quelle qu’en soit la forme (équipements simples, via ferrata…). Le développement parfois non planifié ou non maîtrisé de cette activité peut nuire à la flore et à la faune rupestre (rapaces).

Le développement des « parcours acrobatiques en hauteur » après avoir connu un engouement important par le passé s’est stabilisé voire a légèrement régressé.

 

 

 

Les activités marines

ATC, Thibaud Assante

 

Une démarche participative, à l’effort collectif de bonne gestion de la mer, a été initiée par les acteurs organisés des loisirs nautiques et s’est concrétisée par la signature d’une charte des loisirs nautiques en Corse qui dépasse le cadre des espaces protégés. Basée sur des engagements volontaires souvent plus contraignant que la réglementation, elle constitue un outil de promotion, d’information et de sensibilisation des usagers.

Les impacts de ces activités proviennent principalement de quatre facteurs :

  • les mouillages : les ports et installations de plaisance cumulent environ 7 700 places permanentes et plus de 3 000 de passage (Étude relative à la plaisance et aux mouillages, OEC-ATC ; 2013). En saison estivale cette capacité s’avère insuffisante même si de nouveaux mouillages organisés ont vu le jour et qu’une réglementation spécifique a été mise en place pour les plus grosses unités. Les mouillages non organisés participent à la destruction de l’herbier de posidonies et coralligènes et à la dissémination d’espèces invasives (Caulerpa sp) ;
  • les rejets polluants : macro-déchets, hydrocarbures et produits chimiques, eaux noires et grises. La réglementation impose depuis 2015 l’absence de rejets des eaux usées par les navires ;
  • le bruit : les motorisations font l’objet de progrès continus qui limitent cette nuisance (moteurs quatre temps) ainsi que les rejets d’huile. L’usage bateau hybride (diesel/électrique) de promenade en mer reste confidentiel à Scandola ;
  • la sur-fréquentation qui peut provoquer le dérangement des espèces et accentuer les points précédents.

La plongée sous-marine

Destination française prisée pour cette discipline, la Corse dispose de nombreux sites réputés et structures professionnelles.

La plongée en scaphandre autonome est une activité très pratiquée pendant la période estivale. Elle représente environ 178 000 plongées par an. Ce chiffre totalise le nombre de plongées (une plongée par jour et par personne) qu’effectuent les plongeurs, quel que soit leur niveau, sur une année (Delsaux Y., 2010. La plongée sous-marine - Enquête sur les retombées socio-économiques d’un loisir sportif de nature. Rapport de master Développement du tourisme durable – Université de Corse).

Les acteurs locaux diffusent aux usagers de l’information environnementale et participent aussi à des travaux scientifiques (observations naturalistes et dans le cadre du réseau de surveillance de Caulerpa taxifolia et Caulerpa cylindracea). Les principaux spots ont été équipés de mouillages fixes qui limitent les dégradations.

La fréquentation des sites en période estivale induit sans doute des impacts conséquents mais permet aussi de mieux conserver les sites comparables inutilisés.

La plaisance et les promenades en mer

Depuis plusieurs années, la navigation de plaisance, connaît une progression constante en Méditerranée. C’est une activité importante en Corse, notamment de mai à octobre, avec un pic de fréquentation en juillet et août, où cette activité passe du simple au double.

La flotte de plaisance corse est caractérisé par (PADDUC Annexe 6 : Chapitre individualisé valant Schéma de mise en valeur de la mer, 2015) :

  • la surreprésentation des bateaux à moteur par rapport aux voiliers, une tendance qui s’accentue depuis 2000 ;
  • la surreprésentation des petites unités (situation comparable au contexte national), mais une tendance à l’allongement progressif de la taille des bateaux neufs (qui confirme l’existence d’un renouvellement chez les propriétaires) ;
  • une augmentation des bateaux de 6 à 8 m à partir des années 2000. La proportion des tailles ne présente aucune évolution en France continentale.


Le marché de la plaisance, contrairement à celui de la France métropolitaine, en baisse, est stable à un niveau de transaction (neuf et occasion) de l’ordre de 4 100 unités.

Le nombre de permis côtier délivrés annuellement, de l’ordre de 2 500, en hausse depuis 2008, témoigne aussi de l’engouement pour cette pratique ainsi que du développement du secteur de la location.

La grande plaisance (navires de longueur supérieure à 24 m) est un phénomène récent et en extension. La flotte mondiale est estimée à 6 000 unités et a doublé dans les dix dernières années. La Méditerranée occidentale concentre la majorité de la flotte mondiale de grande plaisance, localisée dans un arc allant du nord-ouest de l’Italie à la côte ouest espagnole (PADDUC Annexe 6 : Chapitre individualisé valant Schéma de mise en valeur de la mer, 2015).

La Corse, peu pourvue en équipement propre à accueillir ces grosses unités, est devenue une escale secondaire et en particulier ses espaces protégés les plus emblématiques (réserve de Scandola, Bouches de Bonifacio).

L’arrêté préfectoral n° 155/2016 du 24 juin 2016 a réglementé le mouillage des navires les plus importants (jauge brute supérieure ou égale à 300 (UMS) ou longueur supérieure ou égale à 45 mètres) en limitant, hors dérogation, cette possibilité à des zones désignées à cet effet (hors herbiers et coralligènes) et en instituant un régime d’autorisation préalable.

Le développement des « taxis boat » est en plein essor en Haute-Corse, notamment dans le golfe de Saint-Florent. L’impact des débarquements de passagers sur les plages de l’Agriate peut s’avérer néfaste si cette pratique n’est pas encadrée : conflits d’usage avec les baigneurs, sur fréquentation, impacts environnementaux, etc. Cette activité commerciale doit être soumise au paiement de la taxe « Barnier » dont les produits sont reversés au Conservatoire du littoral en faveur de la gestion des espaces naturels. Il conviendrait de mener un recensement des acteurs.

Plus répandues et plus anciennes, les promenades en mer sont également un moyen prisé de découvrir les espaces naturels et d’y débarquer. Toutefois, la concentration de bateaux de ce type dans des espaces fragiles, leur navigation proche des côtes peuvent avoir des impacts sur le milieu et les espèces tels que le balbuzard pêcheur.

Le jet ski

C’est une activité en fort développement. Une évolution sensible des pratiques est notée ces dernières années : à la simple location, les professionnels préfèrent proposer des randonnées accompagnées par des moniteurs hors de la bande des 300 m, là où ils peuvent faire découvrir tant les paysages que la biodiversité.

Les compétiteurs réalisent leurs entraînements à distance de la côte. Les nuisances sonores ont diminué du fait des nouvelles motorisations.

Le kayak de mer

Nouvelle activité en expansion, le kayak représente un mode de transport doux pour la découverte des rivages. L’impact est plus important pour les sorties de plusieurs jours avec des bivouacs sauvages.

Les activités de plage

Les activités de plage et de baignade se concentrent, au moins sur la côte occidentale, sur peu de sites qui, pour certains, bénéficient d’espaces remarquables (arrières plages, milieux dunaires) qu’il conviendrait de mieux protéger. Cette pratique génère indirectement des activités de prestations de services (location d’engins nautiques motorisés) et de restauration saisonnières à but lucratif qui se développent fortement, engendrant par contre coup une fréquentation des abords des plages et entraînant des impacts non négligeables sur les milieux dunaires par nature fragiles et abritant des espèces sensibles. Les aménagements réalisés pour protéger les milieux et prévenir les conflits d’usages (ganivelles, emmarchements, chenaux d’accès à la plage, zones de baignade) sont, sur certains sites, régulièrement dégradés et nécessitent l’intervention fréquente des gestionnaires lorsqu’il s’agit de sites protégés.

 

Affluence sur l’île Lavezzu

Le cas de l’île Lavezzu dans la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (RNBB), illustre bien la fréquentation des espaces maritimes marins remarquables.
En 2015, la fréquentation annuelle y est évaluée à 250 000 personnes.

L’OEC, gestionnaire de la réserve, estime que les trois quarts des débarquements sont effectués par les navettes de passagers, 14 % par les bateaux restaurants et 12 % à partir des bateaux de plaisance ancrés.
Ce sont près de 4 300 bateaux qui ont accosté à l’île Lavezzu entre les mois de juillet et août 2015.
Cette fréquentation nautique est composée de voiliers (48 %) et de bateaux à moteurs (52 %) ancrés essentiellement autour de la baie de l’Achiarina.

Sur l’ensemble de l’année, on estime à environ 14 000 le nombre d’ancrages dans l’archipel des Lavezzi (zone de protection renforcée comprenant l’île Lavezzu, l’île de Cavallu et la plage de Piantarella), tous types de bateaux confondus.
Le suivi de la fréquentation maximale de l’ensemble du territoire maritime et côtier de la RNBB (Punta Chjappa di Purti-vechju à Ruccapina) est réalisé lors des journées de pic de fréquentation.
En 2015, les comptages réalisés le 12 août évaluent à 1 825, le nombre de bateaux (à l’ancre, au mouillage ou en navigation) et à environ 22 400 personnes présentes sur les côtes de la RNBB.
Parmi ces dernières, plus de 4 500 avaient débarqué sur l’île Lavezzu, soit le cinquième de la fréquentation de la RNBB concentré sur cette petite île de 69 hectares.

 

La spéléologie

La pratique de la spéléologie constitue une activité relativement confidentielle en Corse en raison du nombre restreint de réseaux karstiques, mais il existe cependant un comité régional de la fédération française de spéléologie (FFS) et deux clubs.

 

De nouvelles activités dans le milieu naturel

Les premiers « jeux de rôle grandeur nature » et les « muds days » (courses dans la boue par équipe) se développent en Corse, se traduisant parfois par des rassemblements importants de pratiquants en milieu naturel.
L’évolution de ces manifestations nécessite une vigilance accrue pour mieux connaître et encadrer ces pratiques.
 

 

Les activités avec prélèvements sur la faune

Ces activités traditionnelles sont elles-aussi confrontées au développement d’un tourisme spécifique qui pour la chasse et la pêche intéresse les communes de l’intérieur et se déroule hors saison estivale. Ces formes de tourismes sont peu évaluées que ce soit pour leurs impacts que d’un point de vue économique.

La chasse

Pêche sportive en torrent, gorges du Prunelli
Bernard Recorbet

Activité traditionnelle, le nombre de validation de permis de chasser en Corse pour mille habitants est le plus élevé de France : 49 en 2013 devançant l’Aquitaine (35) et le Limousin(34) (Chiffres ONCFS rapportés à la population (INSEE)).

Les fédérations ont mis en place des instruments de mesures des prélèvements (cahiers de battue, carnet de prélèvement, PMA bécasse) qui devraient permettre d’obtenir des informations précieuses et de gérer au mieux la pratique et des programmes en milieu scolaire favorisant la diffusion de l’information sur la faune sauvage.

Les chasseurs participent activement à la limitation des populations de sangliers qui, en surnombre, provoquent de nombreux dégâts tant aux cultures et aux habitats qu’à la faune.

Le développement du tourisme cynégétique peut accentuer la concentration de chasseurs sur des territoires limités et être générateur de tensions avec les autres usagers et de nuisances.

 

La pêche en rivière

 

La pêche en rivière constitue une activité traditionnelle, encadrée par la fédération et réglementée. On note l’apparition, encore limitée, d’un tourisme halieutique proposant des séjours de pêche organisés (il existe quatre guides de pêche professionnels). La pratique du no-kill est encore peu répandue mais pourrait se développer sous réserve d’un encadrement spécifique. La pratique de la pêche en rivières ou en lacs est également doublée par un braconnage en partie responsable d’une raréfaction des effectifs de truites dans de nombreux torrents secondaires de l’île.

 

La pêche en mer

Pêche au loup en plage
G.Winterstein

Au sens du décret n° 90-618 du 11 juillet 1990 relatif à l’exercice de la pêche maritime de loisir, « est considérée comme pêche maritime de loisir la pêche dont le produit est destiné à la consommation exclusive du pêcheur et de sa famille et ne peut être colporté, exposé ou vendu. Elle est exercée soit à partir de navires ou embarcations autres que ceux titulaires d’un rôle d’équipage de pêche, soit en action de nage ou de plongée, soit à pied sur le domaine public maritime ».

Elle comprend des activités très diverses qui ciblent des espèces différentes : pêche du bord, petite pêche en bateau, pêche au gros, chasse sous-marine, cueillette des oursins. Cette activité, prise en compte par la Charte régionale des loisirs nautiques, fait l’objet d’une Charte nationale de la pêche de loisir.
Les associations de pêcheurs participantes à la charte nautique revendiquent leur écocitoyenneté en préconisant le respect des tailles biologiques et la limitation des captures.

Pour mémoire, le poids économique de cette activité a été chiffrée à 385 millions d’euros en 2009 (DCSMM - Méditerranée occidentale - Volet Évaluation initiale des eaux marine (2012)) pour la sous-région marine méditerranéenne. Par-delà son aspect financier, la pêche de loisir (à ne pas confondre avec le « braconnage » que l’économie touristique peut générer) est avant tout une occupation à dimension sociale pour la population résidente des zones urbaines et du littoral. Elle contribue aussi à l’engouement des habitants pour le nautisme.

Le nombre de pratiquants et le nombre et la nature des prises n’est pas connu précisément à l’échelle de l’île. En France métropolitaine, la pêche maritime de loisir, appelé aussi pêche récréative, était pratiquée par 5,1 % de la population française âgée de plus de quinze ans en 2005. À ce chiffre les touristes pratiquants la pêche, en général en période estivale, doivent être rajoutés. Environ 8 % des touristes pratiqueraient cette activité en Corse (Le Manach et al., 2011).

Des informations plus précises sont disponibles à l’échelle de la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio qui a mis en place un suivi de l’activité :

  • environ 3 400 pêcheurs déclarent pratiquer une activité de pêche maritime de loisir sur les espaces autorisés à cet effet de la réserve en 2015 ;
  • sur les trois dernières années du suivi de l’activité, les résultats montrent une grande diversité des techniques utilisées. La diversité des fonds qu’offre ce territoire permet en effet de pratiquer aussi bien la traine (27 %) que la palangrotte (32 %) ou la chasse sous marine (21 %) ;
  • la pêche au bord est une activité déclarée par 17 % des pêcheurs. Cette pratique regroupant différentes techniques comme le rock fishing, le surf casting ou encore tout simplement la pêche à la ligne est une activité qui s’exerce le long des côtes de la réserve (hormis les zones de non prélèvement);
  • les cinq espèces les plus représentées dans les captures, en termes de biomasse sont : le denti (Dentex dentex), la sériole couronnée (Seriola dumerili), les serrans (Serranus sp.), le pagre (Pagrus pagrus), la dorade grise ou cathare (Spondyliosoma cantharus).

L’échantillonnage de l’ensemble des 80.000 ha de la réserve reste complexe. En couplant les sciences participatives aux suivis scientifiques, il serait possible obtenir une estimation des productions de pêches à une plus grande échelle.

En l’absence de lieux de concertation, le prélèvement des espèces halieutiques par la pêche de loisirs oppose les pratiquants, les pouvoirs publics, les gestionnaires d’espaces naturels et les professionnels. Les différents dispositifs de gouvernance prévus dans le cadre des dispositifs AMP et Natura 2000 font souvent défaut à l’extérieur de ces zones.

 

Tableau bilan des activités de nature

Activité (Source DRJSCS, 2016 hors mention contraire) Nombre
Courses hors stade faisant l’objet d’une déclaration (Source : DDCSPP) 188 
Permis de pêche délivrés (Source : SOeS d'après ONEMA) 5.491
Validations départementales du permis de chasse (Source : SOeS d'après ONEMA) 15.656
Courses hors centre équestre 8
Centres équestres (DRJSCS d’après le site du Comité régional d’équitation (CRE)) 48
Clubs de randonnée motorisée 15
Nombre de clubs de VTT

13

Kilomètres de pistes VTT labellisées (Source : Fédération française de cyclisme) 371
Courses de VTT (hors stade)  13
Sites de canyoning exploités 10
Sites de randonnée aquatique en mer 1
Sites de randonnée aquatique en rivière 3
Sites de parapente 12
Licenciés au comité régional Vol libre : 108 parapentistes, et 201 kitesurfs. Source: Comité régional de vol libre. 309
Clubs d’escalade 15
Adhérents des clubs d’escalade 564
Sites d’escalade conventionnés par la FFME 37
Clubs de plongée 85
Vias ferratas 4
Parcours acrobatique en hauteur (PAH) (Source : Internet) 12
Éducateurs sportifs (Source : EAPS 2015) 1.015
Licenciés dans les sports de nature en 2015 (Source : Ministère chargé des sports) 10.070

 

 

 

Brice Guyon

 

 

Les sports et loisir liés à la nature

  • Caractéristiques principales
  •  Patrimoine naturel extrêmement riche et diversifié favorisant le développement des activités de nature
  •   Importance des espaces naturels à proximités des zones urbaines et des espaces gérés
  •  Prise en compte de l'environnement par les acteurs professionnels et associatifs
  •   Concertation importante entre les acteurs locaux et les pouvoirs publics (hors pêche de loisir en mer)
  •  Signature de la Charte pour les loisirs nautiques en Corse
  •   Hétérogénéité en matière de balisage et de signalétique.
  •  Forte pratique saisonnière notamment littorale et maritime
  •   Manque de parcours organisés (cyclotourisme, VTT, loisirs motorisés)
  •  Difficultés de mise en place des contrôles sur un territoire très étendu
  •   Développement des loisirs motorisés et non-respect de la réglementation
  • Tendances évolutives
  •   Poursuite de la réalisation du sentier du littoral
  •   Aménagement à des fins conservatoires et d’accueil du public des plages et arrière-plages
  •   Mise en oeuvre des Plans départementaux des espaces, sites et itinéraires
  •   Mise en oeuvre du Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR) de la Haute Corse
  •   Étude préalables à la mise en place d'une labellisation des structures « vertueuses » en terme d'environnement
  •   Moyens de maîtrise insuffisants par les services chargés de l’environnement des procédures d’instruction liées à la création de structures de pratique des activités de nature

 

  Point positif   Point négatif

Cet article provient du site de Observatoire du Développement Durable de Corse
http://www.oddc.fr