Les espèces (2016)

Les espèces terrestres et aquatiques continentales

État de la mise en oeuvre de la Stratégie de
création des aires protégées terrestres
(SCAP) fin 2016
Source : DREAL Corse

 

La flore de Corse se singularise par la présence d’un taux important d’espèces endémiques (propres à la Corse ou aux régions proches) mais également par la présence sur le territoire d’espèces en limite d’aire de répartition. On y trouve aussi un nombre d’espèces rares hors du commun (800 taxons en moins de dix localités). La présence de nombreuses espèces endémiques accroît de manière considérable la richesse patrimoniale mais nécessite aussi une grande vigilance du fait de l’extrême localisation de certains éléments botaniques ou faunistiques.

Quelques indicateurs traduisent la richesse et la fragilité de la Corse malgré sa taille réduite :

  • 2.508 taxons floristiques indigènes (si on ajoute les introduites… 2.954 taxons en tout en 2015) ;
  • plus d’espèces végétales introduites envahissantes que d’espèces endémiques ;
  • 182 espèces végétales des listes nationales et régionales des espèces protégées sont présentes en Corse ;
  • 55 espèces végétales disparues, 31 en danger critique d’extinction, 44 en danger d’extinction, 81 vulnérables et 169 quasi menacées (Source : CBNC, liste rouge régionale, Corse 2015) ;
  • 146 taxons strictement endémiques à la Corse ;
  • 28 espèces d’oiseaux mentionnées à l’annexe I de la directive 79/409/CEE et 17 espèces végétales mentionnées à l’annexe II de la directive 92/43/CEE (plus forte concentration de France pour la flore) ;
  • plusieurs espèces considérées dans un état critique de survie au niveau mondial dont un mollusque et trois plantes ;
  • pour les oiseaux, au moins trois espèces nicheuses ont disparues au XXe siècle (érismature à tête blanche, sterne caspienne et pygargue à queue blanche) ; la liste rouge des oiseaux nicheurs de Corse en cours d’élaboration identifie près de trente espèces menacées (CR, EN, VU) (Source : CEN de Corse, 2016);
  • parmi les cinq espèces de mammifères classées menacées (VU et CR) de la liste rouge française UICN, quatre sont présentes en Corse (Mouflon, minioptère de Schreibers, murin de Capaccini et murin du Maghreb) dont deux ne sont présentes qu’en Corse (mouflon et murin du Maghreb)

La liste des espèces de flore protégées (arrêté national de la liste nationale et arrêté national de la liste régionale) fait l’objet d’une révision en cours qui permettra de mieux prendre en compte la flore insulaire en tenant compte des acquis sur la connaissance des taxons. Ce programme est piloté en Corse par le CBNC pour le compte du MEEM.

Séséli précoce, en bord de route
(espèce endémique du littoral,
golfe de Porto)
DREAL-SBEP, Bernard Recorbet

Concernant les insectes, qui représentent plus des deux tiers de la biodiversité animale, beaucoup reste à faire. Dix espèces protégées sont citées en Corse, dont deux papillons endémiques Papilio hospiton et Argynnis elisa. Des actions de suivi et de conservation sont mises en oeuvre par l’OEC, via son Observatoire-conservatoire des insectes de Corse, avec le soutien des services de l’État. La liste rouge corse des odonates et papillons diurnes et zygènes menacés vient d’être élaborée et validée par un comité d’expert (Berquier et Andre-Ruiz, OCIC, 2016). On dénombre quatre espèces de papillons diurnes et zygènes menacés sur 55 évalués et trois espèces d’odonates menacées sur 40 espèces évaluées. Les politiques de conservation de la biodiversité issues du « Grenelle » poursuivent leur mise en oeuvre :

  • la Trame verte et bleue, élément cartographique du Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), a été réalisée par la CTC/OEC dans le cadre du PADDUC approuvé. Elle a été intégrée à la carte des enjeux environnementaux et un document annexe lui est dédiée. Le SRCE reste à finaliser ; il vise à maintenir (et restaurer) des réservoirs et des corridors écologiques pour maintenir des surfaces d’habitats suffisant à la conservation des espèces ;
  • la Stratégie de création des aires protégées terrestres (SCAP), pilotée par la DREAL en concertation étroite avec l’OEC : quarante-deux sites de projets potentiellement éligibles (en protection réglementaire de type réserve naturelle de Corse, arrêté de protection de biotope ou réserve biologique ou géotopes qui concernent plus d’une centaine d’espèces ont été proposés et validés par le Conseil national de protection de la nature (CNPN) en mars 2012. Ils constituent la feuille de route à l’horizon 2019. La démarche SCAP prend en compte aussi la géologie, la paléontologie et la minéralogie (sites remarquables) ;
  • la mise en oeuvre des plans nationaux d’action (PNA) avec, pour la Corse, quatre espèces « Grenelle » pour un total de 17 plans sur 72 existants au niveau national.

La Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages du 21 juillet 2016 renforce certains principes, avec entre autres :

  • dans le cadre des dérogations liées aux espèces protégées, touchées par des aménagements, la mise en place d’opérateurs de compensation, sites naturels de compensation, garanties financières auprès des porteurs de projets et création d’un registre géo-référencé de la totalité des mesures compensatoires ;
  • la lutte contre la consommation d’espaces donc la perte d’espèces, et valorisation des terrains de l’État écologiquement riches (mobilisation des CEN) ;
  • la lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE) ;
  • la lutte contre le changement climatique.
 

Au plan régional, la réalisation d’atlas et des listes rouges d’espèces associée à la mise en place d’actions de sensibilisation à l’environnement (sciences participatives dont Vigie Nature, Atlas de la biodiversité des communes, action de communication des acteurs institutionnels lors des manifestations locales) favorisent l’appropriation par les collectivités et les particuliers des inventaires du patrimoine de la flore et de la faune.

A contrario de la connaissance en constant progrès, les moyens alloués à la surveillance et la gestion des espèces fragiles (mouflon…) et des espaces restent notablement insuffisants ou, s’ils existent virtuellement, peu opérationnels.

Les plans de contrôles départementaux mis en place dans le cadre de chaque Mission inter-service de l’eau et de la nature (MISEN) ont permis d’améliorer notablement la coordination et la synergie, mais il reste beaucoup de chemin à parcourir.

 

Tableau 2 : Les mesures fortes de protection des espèces
Sources : DREAL Corse, OEC, 2016.

Nombre d’espèces terrestres bénéficiant d’un régime
de protection total

Région
Espèces de flore de la liste nationale protégées  126
Espèces de flore de la liste régionale protégées 56
Espèces de flore citées dans les directives européennes (annexe II et IV)  18
Espèces de reptiles protégées 13
Espèces d'amphibiens protégés 7
Espèces de poissons protégés 22
Espèces d'oiseaux protégés 122
Espèces de mammifères terrestres protégés 38
Espèces d'insectes protégés 10
Espèces de mollusques terrestres protégés 5

 

 

Tableau 3 : Les plans nationaux et régionaux d’action pour la Corse (au 1er septembre 2016)
Sources : DREAL Corse, OEC, ONCFS.

Plans nationaux Plans régionaux (Corse)
Flore  
Buglosse crépue ou crispée Flore des bords de route
Centhrante  
Euphorbe peplis  
Liparis de Loesel  
Lunetière de Rotgès  
Oiseaux  
Balbuzard pêcheur  
Gypaète barbu  
Milan royal  
Pies grièches (une espèce concernée)  
Sittelle corse  
Amphibiens et reptiles  
Cistude d’Europe  
Crapaud vert  
Tortue d’Hermann  
Poissons  
   Truite corse
Mammifères  
Chauves souris (toutes les espèces soit 22 en Corse)  Cerf de Corse
   Chat forestier
   Mouflon de Corse
Invertébrés  
Escargot de Corse  
Insectes  
Maculinea (papillons)  
Odonates (libellules)  
Insectes pollinisateurs sauvages  

 

 

 

 Les espèces marines

 

 

En Méditerranée, la connaissance sur la caractérisation, l’état de santé et le fonctionnement propre des biocénoses reste de nos jours partielle pour certaines communautés biologiques. Cependant, on peut estimer le nombre d’espèces marines entre 10 et 12.000, ce qui correspondrait à 4 à 18 % des espèces connues dans le monde. La mer Méditerranée est l’un des dix « points chauds » de biodiversité de la planète, grâce à la richesse de sa faune et sa flore, mais aussi par son haut niveau d’endémisme. Sa situation hydrologique s’avère déterminante et son histoire géologique a été propice au développement de l’endémisme (30 % d’espèces endémiques). Elle fait preuve d’une diversité d’espèces exceptionnelle au vu de sa taille (environ 7 % des espèces marines répertoriées mondialement sur moins de 1 % de la surface globale des océans) et renferme une grande variété d’écosystèmes et de paysages sous-marins.

Par ailleurs, son isolement biogéographique la rend vulnérable aux multiples influences extérieures et aux introductions de facteurs exogènes. Pour finir, le faible rythme de renouvellement de ses eaux (en moyenne 90 à 100 ans) ne lui permet pas de faire disparaître rapidement les traces d’une pollution accidentelle et peut concentrer une pollution chronique jusqu’à dépasser les seuils de résilience naturelle. 

Golfe de Saint-Florent (-8m), surplomb rocheux abritant
des espèces vivants généralement plus profondément :
le bryozoaire Myriapora truncata, l’éponge Crambe crambe
et les algues sciaphiles (Palmophylum – à gauche
et Peyssonelia – en bas)
Gérard Pergent

 

Les communautés planctoniques du phytoplancton et du zooplancton constituent les premiers maillons de la chaîne alimentaire aquatique. Des blooms phytoplanctoniques côtiers (Dinophysis et Alexandrium) peuvent contenir des toxines accumulables dans les coquillages. Pour les zones plus au large, la production primaire et les communautés phytoplanctoniques sont peu connues, mais les efflorescences printanières de ces dernières années sont plus tardives dans lasaison (avril - mai au lieu de mars). Cela pourrait être un effet du changement climatique. Le zooplancton est quant à lui constitué de petits animaux comme les copépodes et de nombreuses larves (poissons, crustacés, coquillages, etc.). La connaissance de ces communautés reste limitée.

Les biocénoses du médiolittoral sont présentes dans la zone de balancement des marées. On y trouve les biocénoses des fonds meubles (vases et sables), des cailloutis et galets, et des fonds durs et roches, qui abritent les grottes semi-immergées. Le faciès des banquettes de feuilles mortes de posidonies ou laisses de mer se rencontre principalement sur les fonds meubles. Les espèces marines présentes sont principalement des crustacés, et des vers marins. C’est une zone de nourricerie importante pour les oiseaux marins. Les fonds durs accueillent, en fonction des conditions hydrodynamiques et de la luminosité, des espèces variées telles que cyanobactéries, macro algues et algues encroûtantes à forte valeur patrimoniale (e.g. Lithophyllum sp), mais aussi des mollusques gastéropodes dont certains (e.g. Patella ferruginea) sont endémiques et considérés parmi les invertébrés les plus menacés de Méditerranée.

L’infralittoral, zone marine toujours immergée (de zéro à – 40 mètres de profondeur environ)accueille en fonction des conditions hydrodynamiques, une grande variété de substrats meubles, qui peuvent être colonisés par des plantes à fleurs telles que les cymodocées et les posidonies. Cette dernière espèce est considérée comme une espèce clé de voûte, qui édifie de vastes herbiers. Ceux-ci constituent le premier écosystème de Méditerranée, et hébergent une flore et une faune très diversifiée (pôle de biodiversité). Ils jouent un rôle majeur, tant au niveau écologique qu’économique (nurseries d’espèces commerciales, protection vis-à-vis de l’érosion côtière). Sur l’ensemble du littoral de la Corse, l’herbier de posidonies occupe une surface restant à affiner, les estimations variant en fonction des études entre 43.636 et 53.736 ha. La très faible superficie des mattes mortes, occupant, d’après les mêmes études, de 204 à 437 ha, illustre la vitalité de l’herbier. Toutes ces biocénoses sont particulièrement bien représentées le long de la côte orientale de la Corse. Les fonds durs infralittoraux accueillent quant à eux les grandes forêts d’algues photophiles (cystoseire, etc.) dont plusieurs sont endémiques.

Les biocénoses du circalittoral concernent la zone marine qui s’étend depuis la limite inférieure des herbiers de plantes à fleurs jusqu’à la profondeur de limite de vie des algues sciaphiles (soit de façon schématique de – 35 / – 40 m à – 100 / – 120 m de profondeur). On y trouve des algues bioconcrétionnantes à l’origine de l’édification des peuplements coralligènes et des fonds à rhodolithes et de nombreux invertébrés dressés : spongiaires, grands cnidaires (gorgones, corail rouge), bryozoaires, mais aussi des mollusques gastéropodes, des crustacés à haute valeur commerciale (langoustes, cigales, homards) et des échinodermes. Parmi les biocénoses de fonds durs, les grottes sous-marines restent des milieux assez peu connus et très particuliers qui abritent des espèces vivant habituellement plus profondément. Le coralligène reste un hot spot important en matière de biodiversité, avec plus de 2.000 espèces recensées (mérou, langouste, homard, gorgones, corail rouge, etc.) mais encore méconnu.

Les biocénoses du bathyal et de l’abyssal concernent les grands fonds (à partir de 200 m de profondeur). La présence des animaux est influencée principalement par l’hydrodynamisme.La faune se caractérise par des spongiaires, des cnidaires, des mollusques, des crustacés, des vers, de nombreux échinodermes (oursins, étoiles de mer) et des poissons. Du fait des grandes profondeurs, ces biocénoses restent peu connues mais les études récentes laissent entrevoir la présence d’espèces marines rares et importantes (gorgones, huîtres géantes, coraux profonds) notamment sur les têtes des canyons sous-marins.

Les peuplements démersaux concernent essentiellement les populations de poissons vivant au fond ou près du fond comme les tacauds, merlus, chinchard, grondin, roussette, rougets, etc. Les études réalisées ces dernières années ont conclu à une faible variation de ces populations de poissons malgré les pressions humaines (pêche professionnelle et de loisir notamment), excepté pour les raies et les requins dont les populations régressent. Les populations de poissons présentes plus en profondeur (merlan bleu, baudroie commune, etc.) restent mal connues.

Les peuplements pélagiques sont représentés par les poissons de pleine eau (anchois, sardines, maquereaux, etc.). Les grands pélagiques (thon rouge, espadon, requins, etc.) y sont également bien présents. La compréhension de la présence des mammifères et des reptiles marins est loin d’être aboutie.

 
Grande nacre dans un herbier de posidonie
Eric Volto pour l’OEC

Les observations révèlent la présence autour de la Corse de :

Par ailleurs, l’introduction d’espèces marines se fait par transfert via le canal de Suez en raison notamment du réchauffement climatique, le transport maritime (eaux de ballast, fouling sur les coques) et les cultures marines. Si une connaissance significative a été développée sur les caulerpes comme Caulerpa taxifolia et C. cylindracea (ex-C. racemosa), beaucoup d’espèces invasives restent encore méconnues. La présence et l’expansion des caulerpes et des espèces exotiques, de façon plus générale, sont surveillées au travers du réseau « Alien », initié par l’OEC et la DREAL en partenariat avec la FFESM et l’Université de Corse. Si Caulerpa taxifolia est absente des côtes corses, Caulerpa cylindracea occupe, en 2016, la quasi-totalité du littoral et de nouvelles espèces comme le crabe plat des oursins (Perncon gibbesi) ou le poisson flûte (Fistularia commersonni) sont d’ores et déjà présents dans plusieurs secteurs et montrent une cinétique de colonisation préoccupante.

Plus généralement, il conviendra de poursuivre les études et modélisations pour mieux connaître et analyser l’influence de la circulation des masses d’eau sur la biodiversité et le recrutement des populations d’organismes marin.

Les espèces exotiques envahissantes

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) provoquent des nuisances sur :

  • l’environnement par prolifération qui entraîne une diminution de la biodiversité indigène ; en Corse la vulnérabilité est très forte, car les habitats sont de petite surface et les espèces endémiques nombreuses et occupant des niches écologiques étroites (compétition sévère pour la survie) ;
  • la santé (exemple allergies à l’ambroisie à feuilles d’armoise) ;
  • les activités humaines/l’économie comme l’agriculture, la gestion de l’eau, la chasse, la pêche ;
  • les paysages par homogénéisation.

Une liste des EEE préoccupantes pour l’Union européenne a été adoptée le 13 juillet 2016 (règlement d’exécution 2016/1141). Sur 37 espèces inscrites, trois espèces végétales et trois espèces animales sont présentes en Corse.
D’autres espèces non mentionnées dans cette liste, présentant un enjeu fort, sont présentes en Corse.

Les espèces suivantes font l’objet et d’actions d’éradication totale ou ciblées à certains secteurs :

Les EEE végétales

  • La jussie rampante (Ludwigia peploides) (présente sur la liste européenne) : plusieurs stations sur les points d’eau de l’extrême Sud. L’objectif est l’éradication totale.
  • L’ambroisie à feuille d’armoise (Ambrosia artemisiifolia) : deux stations (Baracci et Moriani). Arrachage ; l’espèce fait l’objet d’une sensibilisation et veille active.
  • La griffe de sorcière (Caprobrotus edulis) : présent sur presque tout le littoral ; l’espèce fait l’objet d’arrachage et sensibilisation par les gestionnaires des réserves, les associations/bénevoles, les collectivités.
  • La fougère invasive Salvinia molesta : une station connue ; l’espèce fait l’objet d’actions d’éradication CBNC avec la société mycologique d’Ajaccio (bénévolat) ; l’objectif est l’éradication totale.
  • La renouée du Japon (Reynoutria japonica et Reynoutria bohemica) : présence sur plusieurs kilomètres du cours du Taravo et un affluent depuis 2012 ; l’espèce fait l’objet d’actions d’éradication conduites par le Conseil départemental de la Corse du Sud depuis 2013 ; l’objectif est l’éradication totale.
  • Les algues invasives Caulerpa taxifolia et Caulerpa racemosa : impact sur les herbiers de posidonie - absence de l’espèce C. taxifolia pour le moment. Un réseau de surveillance est mis en place depuis quinze ans coordonné par l’OEC ; au cas ou Caulerpa taxifolia apparaîtrait, l’objectif est l’éradication totale.
  • Le séneçon du Cap (Senecio inaequidens) : stations à Calvi et Cruzzini. Présent depuis 1984 ; l’objectif est l’éradication totale.
  • L‘ailante (Ailanthus altissima) : très répandu, présent depuis les années 1930. L’espèce fait l’objet d’une sensibilisation ; tentatives d’éradication à cibler sur certains sites sensibles (aujourd’hui éradication générale impossible).

 

 

Les EEE animales

  • La tortue de Floride (Trachemys scripta) (présente sur la liste européenne) : présence depuis une vingtaine d’années -> Inventaire au niveau régional, sensibilisation et actions d’éradication sur l’embouchure du Rizzanese (à titre expérimental pour le moment).
  • L’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) (présente sur la liste européenne) : localisée dans l’embouchure du Fango depuis 2012 -> actions en cours (pêches scientifiques de connaissance et d’éradication) mais lutte difficile.
  • Le rat noir (Rattus rattus) : espèce implantée en Corse depuis des centaines d’années ; prédateur important des oiseaux marins nicheurs (puffin cendré, yelkouan et oécanite tempête) -> éradication réussie sur les îles Lavezzi (OEC) avec amélioration très notable du succès de reproduction des oiseaux marins (puffin cendré).
  • Le frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax) -> veille mise en place par l’OEC sur l’hypothèse de l’arrivée de l’espèce pour l’éradiquer au plus vite (absence pour le moment).
  • Le cynips du Châtaigner (habitat de l’annexe 1 de la directive « Oiseaux ») -> lutte intégrée avec lâcher de l’insecte Taurinus, prédateur naturel de l’espèce ; succès localisés mais éradication difficile.
  • Xylella fastidiosa : bactérie américaine, avec plus de 200 plantes hôtes connues, qui est véhiculées par les petits insectes piqueurs (cicadelles, une sorte de punaise…) qui peuvent être facilement déplacés par le vent ou les véhicules mais aussi via certaines méthodes de multiplication (greffes, etc.) ou l’utilisation d’instruments de coupe non désinfectés. La bactérie est déjà présente depuis 2013 en Italie (Pouilles). Cette bactérie s’installe dans le xylème (vaisseaux de sève brute montante) des végétaux et empêche le mouvement de l’eau, les premiers symptômes sont ainsi proches des flétrissements : brûlures, pigmentations et chloroses au niveau des feuilles. La sous-espèce multiplex est présente en Corse depuis 2015 et un certain nombre de mesures de lutte ont été mis en place. Près de 400 foyers ont été identifiés en Corse touchant 28 espèces végétales (valeur août 2016). Au-delà de l’aspect agricole et biodiversité, les services écosystémiques rendus par les milieux contaminés seront sans doute réduits : érosion des sols, l’impact sur les paysages peut être très fort et nuire à long terme sur le tourisme.  Si la variété pauca entrait en Corse, ce pourrait être catastrophique pour la filière oléicole ou d’autres filières.

  • Concernant les poissons d’eau douce, une dizaine d’espèces ont été introduites. Si les habitats naturels torrentueux sont peu impactés, il existe néanmoins des problèmes sur les basses vallées et avec les parasites véhiculés par ces nouvelles espèces pour la Corse. De même, il existe au moins deux souches locales de truites dites macrostigma ou cetii ; ces deux souches sont mentionnées à l’annexe 2 de la directive « Habitats ». L’introduction de la souche atlantique (Danemark) a gravement introgressé les souches indigènes. Depuis 2007 la fédération de pêche a stoppé tout alevinage avec cette atlantique ce qui a notablement amélioré la situation.

Les actions de préservation de la biodiversité et de conservation des souches locales

Pour éviter des importations de plants douteux ou risquent de polluer le patrimoine génétique une filière de semences et plants d’espèces ornementales de souche locale est mise en place sous pilotage scientifique du CBNC. Une filière de production locale de plantes ornementales de souche locale est en développement. La marque « Corsica grana » a été créée en 2016 pour certifier les plantes et semences issues de végétaux insulaires « sauvages » et donc indigènes et produites au sein d’une filière corse. L’objectif est de favoriser la biodiversité locale et lutter contre les invasions biologiques et les phénomènes de pollution génétique.

 

 

Les espèces

  • TR  AQ  MR
  • Caractéristiques principales
  • État des espèces
  •    Nombreuses espèces endémiques
  •    Grande richesse et originalité floristique
  •    Grande richesse en espèces du milieu marin
  •    Originalité du peuplement faunistique terrestre et des cours d’eau (malgré une diversité réduite)
  • Pressions
  •     Changement climatique induisant une fragilisation des espèces et une perte de fonctionnalité
  •     Présence d’activités touristiques pouvant constituer une menace pour la faune et la flore
  •     Développement important de certaines activités de pleine nature insuffisamment maîtrisées et de la circulation des véhicules à moteur
  •     Signature de la charte régionale des loisirs nautiques pour une maîtrise de l'activité dans un environnement protégé
  •     Fermeture des milieux agro-pastoraux préjudiciable à certaines espèces
  •     Évolution des calendriers d’entretien des espaces agricoles parfois défavorable à certaines espèces
  •     Évolution de certaines populations d’espèces sauvages liées aux territoires agricoles (« petite faune sédentaire de plaine »)
  •     Réchauffement climatique laissant apparaître des espèces plus inféodées aux milieux tropicaux et fragilisant certaines espèces indigènes.
  •     Importance du braconnage et du commerce d’espèces sauvages
  •     Expansion d’espèces exotiques envahissantes (EEE) animales, végétales et bactériennes…
  •     Absence de Caulerpa taxifolia
  •     Impact sur la biodiversité des surfaces urbanisées
  •     Fréquentation des espaces littoraux et marins sensibles (plages, dunes, îlots, etc.)
  •     Fréquentation d’autres espaces sensibles (pozzines, lacs de montagne, etc.)
  • Amélioration de la connaissance
  •     Présence d’un réseau important de naturalistes professionnels et de scientifiques de grande compétence
  •     Réseau naturaliste : participation du milieu associatif pour l’observation naturaliste et outils participatifs peu utilisés
  •     Inventaire des ZNIEFF modernisé et mis à disposition des collectivités, maîtres d’ouvrages de projets et du public
  •     Atlas de la biodiversité des communes (ABC)
  •    Nombre de documents d’urbanisme communaux
  • Gestion des espèces (via les espaces naturels)
  •     Structuration lente d’une police de la nature via les plans de contrôle
  •      Évolution des moyens de surveillance pour l’application de la réglementation Faune et flore
  •     Respect des protections réglementaires marines dans les espaces gérés
  •      Mise en oeuvre du réseau Natura 2000
  •    Protection des espèces marines
  •     Évaluation environnementale des plans et programmes
  •     Mise en oeuvre des plans nationaux d’action

 

  Point positif   Point négatif      Amélioration    Stabilité     Détérioration

 

 

 

Salamandre de Corse, espèce forestières Hêtraies, chênaies
DREAL-SBEP, Bernard Recorbet

 

Cet article provient du site de Observatoire du Développement Durable de Corse
http://www.oddc.fr