Les ressources marines (2020)

Depuis le 1er janvier 2007, l'accompagnement des filières pêche et aquaculture sont encadrés, par décision de l'Assemblée de Corse, par l'Office de l'environnement de la Corse à travers la mise en œuvre d'une politique de promotion du développement durable et de la préservation de la ressource.

L’état de la ressource

Il est relativement difficile de connaître l'état des ressources halieutiques en Corse, malgré les programmes scientifiques de la biodiversité et de la ressource halieutique mis en place depuis les années 1990 notamment dans la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. Toutefois, des programmes de suivi scientifiques ont été mis en place pour le suivi du stock de langoustes rouges, d'oursins... Les données recueillies de la pêche professionnelle restent encore perfectible. L'état de la connaissance des prélèvements issus de la pêche de loisir reste embryonnaire.

La pêche professionnelle

La pêche professionnelle est pratiquée sur tout le littoral insulaire, soit une bande côtière longue de 1.043 kilomètres et comprise entre 0 et 12 milles nautiques, mais s'exerce à 80 % entre 0 à 3 milles pour des profondeurs variant de 0 à 600 mètres.

La flotte et les techniques de pêche

Répartition des métiers de la pêche
(Source : OEC, 2019)

La flottille insulaire est passée de 800 navires dans les années 60, à 320 navires au début des années 80. On comptait encore 200 unités en 2012. Aujourd'hui, il n'y a plus que 182 licences sur tout le territoire, tous segments confondus.

  • les « petits métiers côtiers et petits métiers du large », principalement des pointus de six à neuf mètres (les plus nombreux) : 168 licences ;
  • les chalutiers (5 licences de chalut de fonds et pélagiques), principalement sur la côte orientale ;
  • les corailleurs avec une autorisation annuelle limitée au maximum à neuf armements mais seules sept licences seront délivrées pour 2021.

Cette flotte, qui est restée très artisanale (embarcations de petit format) se caractérise par :

  • l'âge important des bateaux : malgré l'effort de modernisation de la profession soutenu par la CDC, l'État et l'Europe, seuls un quart des navires ont été renouvelés ou modernisés et la moyenne d'âge des bateaux est d'environ trente ans ;
  • l'inadaptation de la flottille à la diversification liée au contingentement de capacité de puissance motrice et de jauge pour renouveler et réorienter la flotte et ses activités. À cela s'ajoutent également des contraintes réglementaires européennes (par exemple nombre limité d'autorisations européennes de pêche (AEP), quotas, etc.).

Les engins de pêche utilisés (filets trémails, mailles à poissons, casiers ou palangres) fournissent une production très diversifiée estimée à 1.100 tonnes par an, toutes espèces confondues (poissons blancs, poissons de roches, langoustes rouges et autres crustacés, petits et grands pélagiques, céphalopodes, oursins, etc.). Les campagnes de pêche sont journalières, voire à la demi-journée.
La pêche concerne différentes espèces en fonction des saisons (cueillette des oursins en hiver, pêche de la langouste de mars à septembre) et n'est pratiquée qu'une partie de l'année par de nombreux bateaux. Les pêches aux filets trémail et mono-fils constituent la majorité des engins utilisés. Les chalutiers, quant à eux, opèrent toute l'année, principalement de Bastia jusqu'au sud de Porto-Vecchio, sur la côte orientale mais le nombre de bateaux reste très limité (5). Une tentative de redéploiement des efforts de pêche vers les espèces hauturières (thons, espadon, pélamides) a été limitée par les contraintes européennes (autorisation européenne de pêche, AEP) ainsi que par le renforcement des quotas de capture pour 92 le thon rouge et une période de fermeture élargie pour les espadons (trois mois).

La pêche professionnelle en Corse s'organise aujourd'hui autour de trois pôles essentiels :

  • une pratique dite « aux petits métiers, petits métiers côtiers et petits métiers du large » ou pêche artisanale, soumise à licence communautaire et licence de pêche corse attribuée par arrêté préfectoral, qui s'exerce sur la totalité du périmètre de l'île ;
  • une pêche au corail, soumise à autorisation par arrêté préfectoral, essentiellement pratiquée sur la côte occidentale de l'île, et mettant en œuvre des moyens très spécifiques avec une réglementation forte (aptitude médicale à l'hyperbarie et certificat d'aptitude à l'hyperbarie) ;
  • enfin, une pêche chalutière, également soumise à licence, mettant en œuvre des moyens plus lourds et s'exerçant essentiellement sur la côte orientale et dans le canal de Corse.

La conchyliculture et la pisciculture marine

Ces deux filières de production disposent d'un savoir-faire reconnu depuis plus de trente ans, mais sont confrontées à de nombreuses contraintes :

  • conflits d'usage et d'occupation de l'espace notamment sur la frange littorale ;
  • qualité des eaux notamment sur certains étangs littoraux et dans les golfes fermés ;
  • diversification de l'alimentation et maladies des espèces élevées.

L'aquaculture corse est organisée autour de sept entreprises de production réparties sur tout le littoral de l'île mais principalement dans le sud de la Corse. La profession est structurée et représentée par le CRPMEM et le Syndicat des aquaculteurs corses. Le secteur emploie environ 100 personnes, principalement de la main d'œuvre qualifiée :

  • La filière conchylicole est installée sur la côte orientale sur l'étang de Diana où sont réunies trois entreprises de production d'huîtres creuses, d'huîtres plates et de moules. L'étang est exploité depuis le début des années 60, le nom commercial des huîtres est « Nustrale di Diana » (les huîtres authentiques de Diane). Bénéficiant de conditions environnementales exceptionnelles, dans un milieu relativement préservé, la qualité de la production est reconnue au niveau national.
  • La filière piscicole est constituée de quatre entreprises qui produisent trois espèces, à savoir le loup (bar), la daurade royale et le maigre. Les principales fermes marines se situent dans le golfe d'Ajaccio (ferme marine des Sanguinaires du groupe Gloria Maris...) mais aussi en Haute-Corse (ferme marine de Spano Corbara).


Ferme marine des îles Sanguinaires
(J. Dornbusch)

 

La production aquacole actuelle est d'environ 2.250 tonnes par an, soit 1.200 tonnes de poisson (bar, daurade et maigre) et 1.000 tonnes de coquillages (moule et huître). 95 % de la production piscicole et 30 % des coquillages, qui s'inscrivent dans une démarche « qualité » forte, sont exportés vers le continent et les pays d'Europe. Cette démarche qualité est optimisée par diverses actions spécifiques :

 

  • veille quasi permanente du SAVU (Service d'assistance vétérinaire d'urgence) sur les exploitations corses ;
  • suivi environnemental des fermes piscicoles en mer ;
  • suivi Ifremer de la qualité des productions conchylicoles (phytoplacton toxique, microbiologie sanitaire) ;
  • suivi parasitaire avec l'Université de Corse ;
  • faible densité du cheptel dans les cages (quatre fois moins que dans les élevages grecs ou turcs) favorisant ainsi le bien-être de l'animal et la qualité du produit ;
  • obtention du Label rouge (le seul en France pour du poisson marin) pour les trois espèces de poissons élevés dans l'île.

L'aquaculture corse représente, après la viticulture et la clémentine, la principale activité exportatrice de l'île. Son chiffre d'affaires annuel est d'environ 13 millions d'euros. En termes d'emploi, la filière compte une centaine d'emplois directs.

Les entreprises

Les entreprises sont des entreprises artisanales, essentiellement constituées d'un seul salarié (deux au maximum) ou auto déclaré en artisan indépendant. L'effectif global est d'environ 300 emplois directs, soit 183 patrons et une petite centaine de marins. La moyenne d'âge est assez élevée (45 à 50 ans) et en augmentation même si quelques jeunes se tournent vers le métier.

 

Les organisations professionnelles du secteur de la pêche maritime et de l'aquaculture

Le comité régional des pêches maritimes et de l'aquaculture (CRPMEM)

Les professionnels sont fédérés au sein du Comité régional des pêches maritimes et élevages marins de Corse qui gère les aspects administratifs de la pêche, assure le lien entre l'État, les collectivités et les entreprises de pêche. Cette instance réalise l'interface entre le pêcheur et le reste du tissu économique. Ses missions sont de plusieurs ordres et énoncées à l'article L 912-7 du Code rural et de la pêche maritime :

  • Représenter et promouvoir les intérêts des professionnels par une participation active aux instances publiques nationales et régionales, aux diverses réunions du CNPMEM pour promouvoir les intérêts des pêcheurs corses, participer aux réglementations nationales, à la promotion des métiers, à la réalisation de nombreuses actions de promotion et de communication vers le grand public, ou encore contribuer au Fond Européen pour la Pêche et les Affaires Maritimes (FEAMP) sur différents projets ;
  • Participer à la gestion durable des ressources halieutiques corses notamment par la mise en place d'un système de licences (création de la licence oursins en 2021) ; animation de commissions professionnelles ; propositions de limitations de captures visant l'amélioration des ressources ; propositions de réglementations, etc.
  • Contribuer aux politiques environnementales en Corse : le CRPMEM de Corse est membre notamment du conseil de gestion du parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate ;
  • Participer à l'appui technique et scientifique sur de nombreux projets.

Les prud'homies

En France, les premières traces de ce type de corporation remontent au Moyen Âge. C'est d'ailleurs sur le modèle des prud'homies de pêcheurs qu'ont été institués, au XIe siècle, les premiers "tribunaux des métiers" chargés de trancher les litiges entre artisans : ce sont les ancêtres des conseils des prud'hommes, tels qu'ils fonctionnent encore aujourd'hui. Officiellement entrées dans le droit français en 1481 (sous le règne de Louis XI) puis supprimées à la Révolution, les prud'homies ont retrouvé une reconnaissance juridique au XIXe siècle avec des pouvoirs visant à réglementer l'activité de pêche. De nos jours, bien qu'elles aient perdu de leurs prérogatives, les prud'homies restent omniprésentes sur la côte française méditerranéenne où on en dénombre 36. Dans l'île, les territoires de pêche sont répartis en quatre circonscriptions de pêche appelées prud'homies. La plus ancienne, celle de Bastia - Cap Corse, a été créée en 1801, celle d'Ajaccio (qui regroupe 45 % des effectifs) en 1869, et celles de Balagne et Bonifacio en 1971. Leurs contours ont été redéfinis en 1993.

 

Répartition des métiers de la pêche
Source : OEC, 2016

 

 

Les autres organisations professionnelles du secteur de la pêche maritime et de l'aquaculture

Les organisations de producteurs (OP) sont regroupées en 2 fédérations nationales, l'ANOP (Association Nationale des Organisations de Producteurs) et la FEDOPA (Fédération des Organisations de Producteurs de la Pêche Artisanale). Ces OP jouent un rôle dans la gestion de la ressource et la mise en marché des produits de la mer, en gérant, pour le compte de leurs adhérents, les sous-quotas de pêche (notamment de thon et d'espadon) qui leur sont attribués Petite pêche côtière (OEC, M.C. Santoni) 94 annuellement. Trois grandes organisations de producteurs sont présentes pour les pêcheurs en Méditerranée : l'OP du LEVANT créée en 2020, l'OP du Sud et l'OP de la SATHOAN (Société Coopérative des Pêcheurs Sète Mole). Il n'y a aucune obligation pour les pêcheurs de s'affilier à une OP et ceux qui le sont, sont affiliés indépendant à l'une ou l'autre des trois OP.

La filière

Le secteur de la commercialisation des produits de la mer, les circuits de distribution, d'importations et d'exportations

Petite pêche
(OEC-RNBB, M.CSantoni)

Les structures de commercialisation des produits sont très faiblement développées. La filière souffre en particulier de l'absence de criée, de marée, de structure coopérative, de groupement ou d'organisation de producteurs. Cette situation, frein aux potentialités du marché, ne permet pas à l'offre de s'adapter aux fluctuations de la demande notamment en période estivale et pour certaines espèces. Toutefois, le contexte de la crise sanitaire a fait sensiblement évoluer la filière de commercialisation directe par le biais des réseaux sociaux. Le CRPMEM de Corse a par ailleurs développé une application dédiée à l'offre de commercialisation directe et géo-localisable.

Les aménagements de nombreux ports sont inégaux en termes d'équipements professionnels destinés à faciliter la pratique ou à améliorer la qualité de conservation des prises (stations d'avitaillement, aires de carénage, chambre froide, box de rangement des filets, étal de vente) mais de nombreux efforts, financés par la CDC, l'État et l'UE, ont été réalisés ces dernières années à l'initiative des organisations socioprofessionnelles et de certains maîtres d'ouvrage ayant en charge la gestion des ports. La CDC via l'OEC en charge de la mise en œuvre des mesures du FEAMP régional a lancé l'actualisation de son Plan Régional d'Organisation et d'Equipements des Ports de Pêche, afin que le plus grand nombre de ports puissent se doter des infrastructures en carence.

Quant à la conchyliculture, les principaux débouchés sont avant tout local et régional. La pisciculture, quant à elle, abonde les marchés nationaux mais aussi internationaux (principalement en exportant en Italie).

La diversification des activités

La valorisation de l'image de la petite pêche est déjà présente dans les objectifs stratégiques concernant la diversification du métier de pêcheur et la valorisation des produits. La stratégie régionale concernant la transformation et la commercialisation des produits de la mer et de l'aquaculture se décline en 3 grands axes comme suit :

  1. Soutien à la création d'entreprises de transformation
  2. Valorisation et Excellence des produits
  3. Environnement et Durabilité

C'est dans ce cadre qu'ont émergé plusieurs projets à l'instar de l'exploitation d'un « Fish Truck », principalement dédié à la promotion des produits transformés par un des gérants. Ce projet s'inscrit dans la continuité du développement de l'activité de diversification déjà entreprise par le patron pêcheur au travers de la création d'un atelier de transformation (la conserverie) et du dépôt d'une marque « mare e gustu ». Il réaffirme le renforcement de la place des filières pêche et aquacole dans le développement des territoires littoraux, dans une perspective de croissance bleue durable.

Dans le même esprit, grâce au régime cadre exempté de notification de l'OEC ont pu être financés des projets, tels que la modernisation d'ateliers de transformation et d'ateliers de découpe ou bien l'acquisition de matériels pour la conservation.

Enfin, le pescatourisme et l'ittitourisme répondent à une double demande des professionnels qui souhaitent également diversifier leurs activités, et des habitants et touristes qui veulent mieux connaître le monde de la pêche. En effet, l'organisation de sorties en mer sur des bateaux de pêche (pescatourisme), initiative mise en œuvre dans le cadre du Fonds européen pour la pêche, permet d'une part de faire prendre conscience de la difficulté du métier de pêcheur mais surtout de valoriser leurs produits au sein de la restauration ou en vente directe.

L'ittitourisme peut être conçu comme une activité complémentaire au pescatourisme (c'est ainsi qu'il a été retenu dans le PADDUC), en permettant aux clients de déguster les produits de la pêche du jour, mais aussi comme une activité de diversification en tant que telle.

 

Une forte implication dans la politique environnementale

La profession a pris conscience de la valeur du patrimoine environnemental corse, de l'intérêt halieutique des mesures de protection (augmentation des prises autour des réserves de Scandola et des Bouches de Bonifacio). Elle contribue activement à la mise en place de mesures de gestion durable de la ressource en partenariat avec les pouvoirs publics, les gestionnaires ou promoteurs d'aires marines protégées et les scientifiques : mise en place de cantonnements de pêche (première région à le faire) et prochainement des zones de conservation halieutiques (à l'initiative du CRPMEM de Corse), de réserves intégrales, de parcs naturels marins, de règles locales sur les quantités de filets, les tailles des mailles, les périodes d'interdiction et les tailles de capture, de gestion raisonnée de la ressource... 

Le secteur de la pêche récréative participe, également, depuis quelques années aux réflexions d'ensemble d'encadrement réglementaire.

Un territoire très fortement maillé par les aires marines protégées

Pour protéger un patrimoine maritime unique en France, une politique volontariste de création et de gestion d'aires marines protégées a été mise en place. Ce sont des espaces délimités en mer qui répondent à des objectifs de protection de la nature à long terme. La plupart d'entre-elles permettent de concilier les enjeux de protection et le développement durable d'activités. Leurs modes de gouvernance associent le plus souvent les usagers, les élus, les experts... à la gestion de l'espace marin identifié.

Le parc naturel marin du cap Corse et de l'Agriate, créé en juillet 2016, a pour objectif de contribuer à la protection et à la connaissance du patrimoine marin (naturel et culturel), tout en promouvant le développement durable des activités liées à la mer. Le conseil de gestion de parc, composé d'acteurs locaux (élus, services de l'État, usagers et professionnels de la mer, scientifiques, associations, etc.), en assure la gouvernance.

Le parc naturel régional de Corse a pour mission la protection et la gestion du patrimoine maritime dans son ensemble, le développement économique et social ainsi que l'accueil, l'éducation et l'information et la sensibilisation du public.

Les sept réserves naturelles de Corse répondent aux mêmes critères et aux mêmes objectifs de gestion que les réserves naturelles continentales dont 5 concernent les milieux marin et lagunaire. Parmi elles, la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (RNBB), une zone très protégée et surveillée, bénéficie d'un statut particulier. Elle possède le label d'ASPIM, protocole relatif aux Aires Spécialement Protégées et à la Diversité Biologique en Méditerranée en vue de promouvoir la coopération en matière de gestion et de conservation des aires naturelles et de protection des espèces menacées et de leurs habitats. La RNBB peut être également considérée comme un «espace laboratoire» couvrant 7 % des eaux territoriales de la Corse et près du 5ème du linéaire côtier de l'île. La réserve naturelle des Îles Lavezzi créée en 1982 a été intégrée dans la RNBB (en Zone de protection renforcée) depuis 1999. La chasse sous marine est interdite et la pêche artisanale autorisée des bateaux de pêche artisanale pratiquant la pêche au filet trémail, palangre. Un cantonnement de pêche est créé depuis 1982, avec une interdiction de pêche totale sauf dérogations spécifiques. Depuis 1999, des dérogations pour une cinquantaine de pêcheurs aux calmars existent dans la partie Est du cantonnement (ZNP de la RNBB). L'Arrêté préfectoral n°196/2004 DRAM du 23 juillet 2004 concernant la gestion des activités de chasse sous-marine limite le volume de capture à 8 prises par jour et par chasseur sous-marin.

Plans et programmes

La question de la pêche durable a évolué au fil des ans au niveau régional, il convient désormais de gérer et protéger durablement les écosystèmes marins et côtiers.

Le FEAMPA 2021-2027 est avant tout l'outil financier de la Politique Commune de la Pêche, avec la protection de la ressource au cœur de ses objectifs et des ambitions renforcées s'agissant de la dimension sociale, l'adaptation au changement climatique et la propreté des océans. Il s'inscrit également dans la stratégie « de la ferme à la table » et les nouvelles lignes directrices pour le développement durable de l'aquaculture de l'UE, déclinées au niveau français dans le Plan Stratégique National Pour le Développement de l'Aquaculture (PSNPDA). Il assumera son rôle à l'égard de la stratégie biodiversité renouvelée pour 2030, en particulier par son action pour la protection des espèces et habitats marins et contribuera à la mise en œuvre de la Politique Marine Intégrée.

Ainsi, sont affichées deux ambitions principales :

  • Accompagner la transition des différents maillons des filières pêche et aquaculture pour une performance environnementale, économique et sociale ;
  • Créer et installer durablement les conditions favorables d'un déploiement harmonieux des activités maritimes et littorales (collecter des données sur l'activité de pêche, les ressources halieutiques, l'aquaculture afin d'améliorer la connaissance du milieu marin et de pouvoir gérer durablement la ressource).

En matière d'aquaculture, l'enjeu actuel est le développement de nouveaux sites qui permettront de répondre aux impératifs de production en limitant au maximum les impacts environnementaux. Ces sites, recensés et fixés par le Schéma régional de développement de l'aquaculture marine (SRDAM) approuvé le 27 novembre 2015 par arrêté préfectoral, sont au nombre de 17 (14 en pisciculture et 3 en conchyliculture).

Les pêcheurs acteurs dans le cadre de projet en partenariat avec des scientifiques

Le projet DACOR (Données halieutiques CORses)

 Les partenariats entre les scientifiques et les pêcheurs s'établissent, notamment à travers un projet européen DACOR (Données halieutiques CORses, 2017/2020) au titre du FEAMP, afin d'améliorer la connaissance relative à la petite pêche côtière pour une meilleure reconnaissance des spécificités de ces flottilles auprès des instances européennes chargées de la gestion des pêches.

Il a réuni 4 acteurs du suivi de la pêche artisanale à l'échelle régionale : l'Office de l'Environnement de la Corse/Uffiziu di l'Ambiente di a Corsica (OEC/ UAC), en qualité de Chef de file, l'Université de Corse/Università di Corsica Pasquale Paoli (UCPP) - UMR SPE, UMS STELLA MARE, CNRS, le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins de Corse / Cumitatu Regiunale di e Pesche di l'Allevi Marittimi di a Corsica (CRPMEM de Corse), la Station de recherche Océanographiques et sous-marines (STARESO) en qualité de prestataire scientifique et technique.

Il a été financé à 80% par des aides publiques, au titre de la mesure 28 du Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche (FEAMP) et la participation du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation à travers la Direction des Pêches Maritimes et de l'Aquaculture (DPMA) ainsi que la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée Ferme marine des îles Sanguinaires (DIRM-Med).

Ce projet a permis d'accentuer les efforts déjà entrepris en matière de connaissance des ressources halieutiques, des captures, des rejets et des efforts de pêche à travers le maintien d'une culture d'échange entre scientifiques locaux et pêcheurs tout en favorisant l'émergence d'efforts de gestion, désormais étayés par des données récoltées sur le long terme.

Une Base de Données Halieutiques Corse centralise toutes les informations issues des campagnes d'échantillonnage en mer et de l'auto-échantillonnage.

Les résultats du projet DACOR en termes de biomasse prélevée et de distribution de classes de tailles des espèces attestent de l'impact modéré de la plupart des métiers de la pêche artisanale côtière sur la ressource halieutique. La grande diversité des captures et la sélection d'individus de grande taille et ayant dépassé la taille de maturité sexuelle pour un grand nombre d'espèces, contribuent à inscrire la petite pêche côtière dans une pratique durable. Ce projet se poursuivra.

Le projet MOONFISH (2019)

 C'est un projet collaboratif coordonné par l'Université de Corse et le CNRS qui regroupe l'ensemble des acteurs institutionnels et professionnels du milieu marin en Corse concernés par la gestion des ressources halieutiques à savoir l'OEC, la STARESO et le CRPMEM de Corse. MOONFISH est un outil de modélisation à l'échelle de la Corse pour la gestion durable des ressources halieutiques en vue de proposer une protection de certaines espèces menacées et la mise en œuvre de réglementations adaptées.

Autres Initiatives locales

 Les professionnels adhèrent aujourd'hui à des actions significatives dans le domaine de environnement, notamment dans le cadre d'un programme d'implantation de récifs artificiels à Biguglia et Ajaccio, principalement dans un objectif d'augmentation de la production halieutique. Les nurseries artificielles permettent de réhabiliter la fonction écologique des petits fonds rocheux et sableux qui ont été dégradés par la construction d'aménagements côtiers, tels que les ports. En effet, les aménagements côtiers impactent la fonction de nurseries des petits fonds, en modifiant profondément l'habitat essentiel des larves. Cette pression entraîne une baisse des populations adultes. Avec la mise en place de tels habitats, les quais et les pontons des ports deviennent de véritables refuges pour de nombreuses espèces aquatiques. Spécialement conçu pour accueillir les très jeunes stades de poissons, ce procédé vise à fournir une nourriture adaptée et variée ainsi qu'une zone de protection de la prédation et permet ainsi de contribuer efficacement à l'accroissement des populations adultes alentours. Les ports de Bonifacio et Saint-Florent en sont déjà dotés et d'autres ports insulaires envisagent l'installation de ces dispositifs très prochainement.

Afin de contribuer à la connaissance du milieu, à sa protection et à l'évaluation de la pression de la pêche récréative, la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio a mis en place un régime d'autorisations pour accéder à certaines zones de la réserve pour les pêcheurs de loisirs. Un arrêté préfectoral encadre l'attribution de 400 autorisations de pêche de loisirs par an. Ces autorisations sont instruites par les services de la DIRM Méditerranée après consultations des données statistiques recueillis par les agents de la réserve.

En 2021, le conseil de gestion du parc naturel marin du cap Corse et de l'Agriate mettra en place un régime d'autorisation (à hauteur de 1200 autorisations par an) pour les pêcheurs de loisirs, assorties à l'obligation de communiquer une fiche de pêche.

Un arrêté préfectoral d'encadrement de la pêche du denti en Corse est actuellement en cours de finalisation auprès des services de l'État après consultation des organisations professionnelles et de loisirs présentes en Corse.

 

Tableau de synthèse

  • Caractéristiques principales
  •  P  Polyvalence des navires et des productions.
  •   P  Qualité du milieu et des espèces pêchées.
  •  P  Rôle clé dans l’attractivité du littoral des ports de pêche (patrimoine marin et culturel).
  •   P  Filière essentiellement artisanale.
  •  A  Activité qui s’inscrit dans une démarche qualité forte et reconnue (obtention du signe qualité).
  •   A  Prise de conscience de la profession de la nécessité de placer les fermes dans les zones plus oxygénées.
  •  A  Complémentarité avec le secteur de la pêche.
  •   P  Insuffisance des données concernant l’état des stocks.
  •  P  Augmentation de l'âge moyen des pêcheurs.
  •   P  Vieillissement de la flotte et augmentation des risques « sécurité », de la dépendance énergétique.
  •  A  Impacts sur le milieu naturel (rejets pour la pisciculture) et forte dépendance de l'élevage à la bonne qualité de l'eau (pollutions).
  •   A  Forte dépendance à la pêche pour l'alimentation du poisson élevé.
  •  A  Conflit d'occupation de l'espace en zones touristiques ou sensibles et conflits d’usage.
  •   A  Forte concurrence de pays avec des conditions économiques, environnementales ou réglementaires moins contraignantes.
  • Tendances évolutives
  •   P  Prise de conscience depuis plusieurs années, par la profession de la nécessité de préserver la valeur de son patrimoine environnemental.
  •   A  Développement des signes de qualité pour les produits d’aquaculture.
  •   P  Mise en place d’un consortium entre les scientifiques, les socioprofessionnels, les professionnels et les gestionnaires pour l’acquisition de données concernant l’état des stocks.
  •   P  Conflits d’usage en zone littorale (plaisance et loisirs nautiques, pêche amateur).
  •   P  Acquisition en cours des connaissances sur l’influence du changement climatique sur l’abondance et la répartition de la ressource halieutique.
  •   P  Filière pêche engagée dans une démarche de diversification, de sélectivité, de pluriactivité et de gestion de la ressource.

 

  Point positif ou évolution favorable   Point négatif ou évolution défavorable
P : pêche    A : acquaculture

Cet article provient du site de Observatoire du Développement Durable de Corse
http://www.oddc.fr