Les ressources agricoles (2020)

L’agriculture en Corse

Un territoire marqué par des contraintes naturelles fortes

Une importante partie du territoire de la Corse est inexploitable par l'agriculture en raison d'une altitude trop élevée ou d'une pente trop forte. Dans sa grande majorité, le territoire présente une pente supérieure à 15 % et des sols peu profonds, plus propices à l'élevage qu'aux grandes cultures. Viticulture, arboriculture et céréaliculture se situent donc préférentiellement dans les plaines alluviales et sur les coteaux, notamment dans la Plaine orientale. De ce fait, près de 80 % des surfaces cultivées de l'île se trouvent en Haute-Corse. 

En 2019, la superficie agricole utilisée des exploitations (SAUE) représente 179.426 ha (172.594 ha en 2015) soit environ 21 % de la surface de la Corse en hausse de près de 4 % depuis 2015. La surface agricole utilisée du territoire (SAUE + Surfaces toujours en herbe (S. T. H.)) hors exploitations (collectifs et hors champ) s'élève à 295.626 ha soit 33,9% de l'île.

85,6 % de la surface agricole utile (SAUE) est déclarée en surface toujours en herbe (landes et parcours, prairies naturelles..., +4,3% depuis 2015), 7,7 % en cultures permanentes (vignes et vergers, +2,8% depuis 2015), 6,7 % en terres arables (+0.8% depuis 2015) 1. Elle est fortement corrélée à la géographie de l'île qui présente plus de 45 % du territoire sur des pentes supérieures à 30 % et seulement 11 % cultivable. L'espace pastoral utilisé comprend les surfaces toujours en herbe mais aussi les parcours strictement ligneux sans strate herbacée de type maquis.

Depuis 2015, la réforme de la Politique agricole commune (PAC) a induit des changements notables dans la détermination des surfaces éligibles aux aides, en particulier pour les surfaces pastorales. Les surfaces en chênaie châtaigneraie dédiées aux porcins sont depuis lors éligibles. La déclaration des surfaces pastorales ligneuses a été encadré pour déterminer son degré d'éligibilité (éléments non agricoles, prorata des éléments admissibles...). Les surfaces admissibles aidées en 2020 au titre de la PAC (152 815 ha) sont sensiblement les mêmes qu'en 2015 (155.558 ha) mais sur une surface graphique globale plus importante (323.885 ha en 2020 pour 214.254 ha en 2015), du fait de l'application des prorata d'éligibilité des surfaces pastorales et vérifié lors des campagnes de contrôles ou visites d'instruction.

Depuis 2019, le zonage reconnaissant des zones dans lesquelles les agriculteurs sont soumis à des contraintes naturelles a été revu au regard de l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) mais à des niveaux différents : zone défavorisée simple (ZDS ou S), Montagne sèche et haute montagne sèche. L'ensemble des communes est ainsi pris en compte et tous les agriculteurs bénéficient de cette reconnaissance.

Les potentialités ainsi que les activités agricoles et pastorales sont réparties sur tout le territoire. On trouve :

  • en plaine, des sols profonds, mécanisables et souvent desservis par le réseau d'irrigation ;
  • en coteaux, des terroirs viticoles de qualité et des vergers traditionnels d'oliviers ;
  • en moyenne montagne, des vergers traditionnels de châtaigniers ;
  • en haute-montagne, des pelouses d'altitude et des fruticées montagnardes (estives) ;
  • et sur l'ensemble du territoire, du littoral à la haute montagne, des espaces naturels présentant des potentialités fourragères intéressantes pour l'élevage et qui offrent une flore mellifère spécifique.
 

Oliveraies en Balagne (OEC, J.Salvini)

Peu d’actifs pour gérer de vastes territoires ruraux

Sur les 360 communes de Corse, 333 se trouvent classées en zone de montagne ou de haute montagne et 27 en zone de plaine. 93 % des communes peuvent être qualifiées de rurales au titre de la nomenclature européenne. 

Les actifs agricoles sont au nombre de 5.329 en 2018, dont 3.322 chefs d'exploitations et co-exploitants, gérant 2.840 exploitations (Diagnostic régional agricole contrôle des structures 2016) sur tout le territoire, 620 conjoints et autres actifs non salariés, 1.387 salariés permanents.

La création des nouvelles exploitations est passée de 105 en 2015 à 180 en 2018 et 136 en 2019. Si le nombre total d'installations est en baisse en 2019, on note une progression continue des installations aidées au titre du dispositif jeunes agriculteurs (JA) passant de 19 en 2015 à 71 en 2019. De 2015 à 2019, 32% des bénéficiaires sont des femmes et 60% de l'ensemble des dossiers concerne la Haute-Corse.

 

Année Jeunes agriculteurs Toutes installations
2014 19 76
2015 19 105
2016 42 117
2017 47 167
2018 49 180
2019 71 136

 Tableau 7 : Les nouvelles installations d'agriculteurs

 

En 2019, la majorité des jeunes agriculteurs aidés dans leur installation a un niveau "Brevet Professionnel Responsable d'exploitation agricole en productions animales ou horticoles (BPREA)".

Les effectifs présents dans l'enseignement agricole se répartissent de la manière suivante :


Figure 23 : Effectifs par secteur en formation initiale scolaire, année scolaire 2019-2020 (DRAAF)
 

L'intérieur de l'île connaît toutefois un certain renouveau lié à l'activité touristique. Un grand nombre d'agriculteurs s'est engagé dans une démarche agritouristique par le biais de différents réseaux tels que « Bienvenue à la ferme », et « Les marchés de producteurs de pays » gérés par les chambres d'agriculture, « La route des sens authentiques » gérée par l'ODARC, ou « La route des vins » gérée par le Comité intersyndical des vins de Corse. Ces agriculteurs diversifient leur offre, proposent des nuitées en chambres d'hôtes ou gîtes ruraux ; ils pratiquent parfois la vente directe de leurs produits. L'augmentation du nombre de fermes équestres illustre également la demande en activités de pleine nature.

« La Route des sens authentiques » comptabilise 422 adhérents en 2020. En termes de fréquentation, au regard des résultats du site internet dédié, ce sont près de 156.000 sessions qui ont été ouvertes en 2020 (soit plus de 700.000 depuis la création du site en juin 2014) avec une moyenne de 296 visiteurs par jour et des pics atteignant les 2000 notamment en période estivale.

 

1. Source : Agreste - Statistiques annuelles agricoles (SAA)

 

Des productions à forte typicité 

Des activités agricoles diversifiées essentiellement non intensives

L'agriculture est diversifiée : élevage, arboriculture, viticulture, maraîchage, grandes cultures. Elle est essentiellement non intensive : parcellaire plus ou moins morcelé, petite taille d'exploitation, faible densité des vergers, tradition pastorale et races animales locales qui valorisent les parcours y compris pentus et d'altitude.
Parallèlement, les productions végétales, alors qu'elles n'occupent que moins de 8 % de la SAU des exploitations, forment après transformation, 78 % de la valeur produite (193 millions d'euros en 2019) par la « ferme Corse » (248 M€) avec la viticulture en première position (41 %) suivie de l'arboriculture (24 %) de la production de viande (11%) et des produits laitiers (9,5%) 3.

 

Type de production Production Valeur 2019 (millions d’€ hors subventions) Evolution 2018/2019 en volume Evolution 2018/2019 en prix
Animale Cheptel et viande 27,25 +0,4% +1,9%
Produits avicoles 1,81 0,0% +1,7%
Lait et produits laitiers 23,31 +2,3% -1,5%
Autres produits de l’élevage (miel, ,..) 2,26 0,0% 0,0%
Total produits animaux bruts et transformés 54,63 +1,2% +0,3%
Végétale Plantes fourragères 12,79 -3,2% +6,4%
Produits maraîchers et horticoles 18,32 +3,8% +2,9%
Fruits 58,92 -15,7% +4,2%
Vins d’appellation 76 +3,2% +1,8%
Autres vins 25,26 -24,2% +4,0%
Autres produits végétaux 1,87 -1,5% -7,0%
Total produits végétaux bruts et transformés 193,16 -7,8% +3,1%

Tableau 8 : Bilan économique des filières

 

Il convient de distinguer une agriculture de plaine et coteaux spécialisée, plutôt structurée et mécanisée, souvent irriguée en plaine mais faiblement utilisatrice d'espace, d'un élevage « pastoral » généralement extensif et fondé sur l'utilisation de grands espaces de parcours. Le premier cas concerne les grandes cultures annuelles ou pérennes et les cultures légumières, mais aussi des cultures fourragères utilisées pour l'élevage. L'essor des filières apicole et plantes aromatiques est sensible, avec :

  • une production annuelle de miel qui, depuis l'obtention de l'appellation d'origine en 1998 a largement augmenté et se maintient autour de 340 tonnes/an 4. La production de miel en AOC-AOP « miel de Corse » représente un peu moins des 3/4 de la production totale et concerne un apiculteur sur trois ;
  • l'augmentation très marquée des surfaces plantées en plantes aromatiques (notamment l'immortelle, Helicrisum italicum) entre 2000 et 2015, période durant laquelle ces surfaces passent de 24 à 400 hectares (ha). En 2015, les surfaces en immortelle « bio » représentent 189 ha. 

Sur la période 2015-2020 on dénombre 20 installations au titre du dispositif Jeunes Agriculteurs (JA). La moitié concerne des projets agricoles avec des activités diversifiées (élevage, maraîchage, arboriculture traditionnelle). On observe une tendance à l'augmentation avec 6 installations par an en 2019 et en 2020.

Des élevages principalement extensifs sur libre parcours

La Corse est marquée par la prépondérance d'un élevage pastoral. Il bénéficie de nombreux atouts : races rustiques adaptées au milieu, tradition pastorale forte, typicité et qualité des produits, ressources alimentaires abondantes, etc. Pour autant, l'élevage est confronté à de réelles difficultés : fermeture des milieux, perte de savoir-faire et de traditions locales, notamment concernant la transhumance, introduction de races exogènes plus productives, forte variabilité saisonnière de la ressource alimentaire, niveaux de complémentation parfois élevés, déficit de production laitière...

Les parcours occupent une place prépondérante dans la plupart des systèmes pastoraux et notamment dans le cas des élevages bovins et caprins. Les ressources alimentaires ligneuses offertes par les différents types de maquis (fruits, jeunes pousses, feuillage...) complètent utilement un fourrage herbacé dont le déficit est structurel en Corse. La production de concentrés et la production fourragère insulaire (foin commercialisé) apparaissent marginales malgré l'importance de la demande locale. C'est pourquoi une importante quantité de fourrage est achetée chaque année hors de Corse. En moyenne sur les 10 dernières années, 10.500 t/an sont importées. L'importation oscille entre 6.750 t et 14.400 t par an 5 en provenance essentiellement de la Crau.

L'élevage pastoral ovin et caprin destiné à la production laitière pour la fabrication de fromages fermiers et semi-industriels, est traditionnel en Corse. 70% des exploitations se situent en Haute-Corse pour plus de 73 % des effectifs. Comme ailleurs en Méditerranée, certains espaces littoraux précédemment exploités par les troupeaux une partie de l'année (automne, hiver et printemps) ont été abandonnés au profit de l'urbanisation, du tourisme ou des cultures à forte valeur ajoutée. Les troupeaux se retrouvent le plus souvent cantonnés dans les terres où le foncier subit une pression moindre mais où les surfaces sont plus difficilement mécanisables. 

Le régime alimentaire des ovins de race corse est basé très majoritairement sur l'utilisation de l'herbe avec une faible capacité à valoriser les ligneux. Mais la brebis corse se rencontre aussi bien dans les zones de l'intérieur, conduite selon des modalités d'élevage pastoral (utilisation de la ressource fourragère spontanée) que dans les zones de plaine sur des cultures fourragères plus intensives. L'irrigation, l'évolution des techniques culturales, l'introduction depuis une vingtaine d'années de matériel végétal d'origine méditerranéenne adapté aux conditions pédo-climatiques de l'île sont autant d'atouts pour permettre un développement de la filière.

Il faut noter que le schéma de sélection de la race ovine corse poursuit sa structuration et autorise des gains de productivité pour les troupeaux inscrits au contrôle laitier (162 litres /brebis /an 6). Pour les caprins de race corse qui ont une forte capacité à valoriser les ressources ligneuses des parcours, les secteurs de pâturage sont principalement des milieux aux reliefs attractifs (fond de vallons, lignes de crêtes...), et présentant une offre alimentaire diversifiée, importante et accessible. Certaines unités d'élevage caprines, situées en zone de plaine, développent des systèmes mixtes basés sur la culture de l'herbe et sur l'exploitation directe de la végétation spontanée, herbacée et ligneuse.

Les élevages caprins de race corse sont néanmoins en diminution car le lait est mal valorisé et de plus en plus d'éleveurs choisissent d'utiliser des races exogènes à forte production laitière. N'étant pas autant adaptées au milieu que la chèvre corse, ces races exogènes sont souvent élevées en stabulation avec affouragement. Cela pose la question de la typicité des produits ainsi que de la valorisation et l'entretien de l'espace par les troupeaux.
 

Produit 2019 Evolution 2015-2019
Ovins (nombre de têtes) 110,989 -0,7%
Production de lait (en millions de litres) 9,95 +13,2%
Caprins (nombre de têtes) 47,107 +7,8%
Production de lait (en millions de litres) 6,01 +20,0%

 Tableau 9 : Bilan cheptel caprin et ovin


En 2020, Il y a 17 laiteries qui transforment 240000 Tonnes de fromages 7 dont :

  • 32% de pâte molle
  • 28% de pâte pressée
  • 15% de brassé
  • 12% de Brocciu
  • 6% de fromage aux herbes
  • 4% autres
  • 15 de ces 17 laiteries sont en AOC brocciu 

Face à l'engouement pour les fromages corses et malgré l'évolution des tonnages de lait produits localement, les industriels vont chercher en Sardaigne ou sur le continent une part croissante du lait de brebis qu'ils transforment (1,5 millions de litres importés en 2010, 2,88 millions en 2015 et 4,04 millions en 2019, soit 29% du volume utilisé 8. Une telle pratique n'est pas autorisée dans le cadre de l'AOP Brocciu, seule appellation d'origine aujourd'hui reconnue dans cette filière. On observe aussi depuis 2012 une tendance à la diminution de la part des fromages fermiers sur le marché de la transformation du lait au profit des fromages industriels ou semi-industriels.

L'élevage bovin s'est surtout développé dans le dernier quart du XXe siècle concomitamment à la mise en place des dispositifs d'aides communautaires. Depuis 2015, le cheptel qui se trouve en grande partie en Haute-Corse (65%), a diminué de 10,9% alors que le nombre de détenteurs d'animaux a augmenté de 3,6%. Par ailleurs, l'existence de troupeaux en liberté sans propriétaire ou parfois l'absence de gestion de certains troupeaux bovins sur les parcours (absence de clôtures...) induit une divagation animale dont les conséquences peuvent être très préoccupantes (accidents de la circulation, dégradations diverses...). L'élevage porcin poursuit son développement et se retrouve plus concentré dans des exploitations plus spécialisées. En 2019, on dénombre 56.495 têtes de bétail en augmentation de 11,9% depuis 2015, détenues par près de 580 agriculteurs (+41,1% depuis 2015). 55% des exploitations sont situées en Corse-du Sud pour 63% du cheptel. Les pratiques d'élevage reposent le plus souvent sur une conduite en parcours, notamment sous chênaies et châtaigneraies en période de finition. La reconnaissance en 2006 de la race Nustrale a contribué à la mise en place de l'AOP sur les principales pièces de charcuterie (prisuttu, coppa et lonzu di Corsica) ; mais la filière souffre encore d'un déficit de production et de diffusion des reproducteurs.

Le nombre d'adhérents de l'Association Régionale (ARGRPC) et au Syndicat de défense et de promotion des charcuteries de Corse - Salameria Corsa est passé de 108 à 164 entre 2015 et 2019 d'après l'association régionale de Gestion de la Race de Porc Corse. La part des porcs charcutiers nustrale (AOP) est de 7,2%.

De nombreuses exploitations sont détentrices d'équins pour un peu moins de 2.000 têtes au total (chevaux, ânes, hybrides), en baisse de 2% depuis 2015. Ils sont essentiellement destinés aux activités de loisirs mais une part non négligeable est également utilisée pour l'agriculture notamment comme substitution aux véhicules motorisés dans les zones peu praticables. La reconnaissance du cheval corse a été obtenue en 2012. Un schéma de gestion de la race est déployé (inscription des reproducteurs au livre généalogique).
 

5 Source : Réseau fourrage région corse, 2019
6 OS brebis Corse pour 56 agriculteurs inscrits au contrôle laitier, 2020
7 Source : ILOCC Comité National de la brebis laitière, 2020
8 ILOCC - Observatoire Interprofessionnel 
 

Des châtaigneraies de production affectées par le cynips

Traditionnellement prédominantes en Castagniccia, les châtaigneraies de production recouvrent environ 1 400 ha (+ 17,9% depuis 2015). La châtaigne, dont la culture est généralement conduite de façon très extensive, est valorisée quasi-intégralement sous forme de farine. On estime également que le châtaignier est présent sur près de 6 000 ha de parcours destinés aux animaux, en particulier les porcins. Les pertes de vigueur des arbres et les mortalités ont conduit à une chute de production estimée entre 60 et 80 % (800 tonnes récoltées en 2010 contre 150 en 2014, 172 en 2015, 107 en 2018 mais 248 tonnes en 2019).

Depuis 2010, où il a été détecté pour la première fois en Corse, le cynips (Dryocosmus kuriphilus), insecte ravageur du châtaignier, s'est répandu (232 communes recensées infestées en 2014 contre 132 en 2012). Depuis 2011, une stratégie de lutte biologique s'est progressivement mise en place à l'aide d'un insecte auxiliaire parasitoïde, le Torymus sinensis negli.

En 2014, une campagne de lâchers massifs de Torymus a été effectuée (plus de 400 lâchers), elle a été reconduite tous les ans par la FREDON Corse jusqu'en 2018. Cette méthode reposant sur la régulation des populations, les bénéfices ne peuvent s'observer qu'au terme de plusieurs années. Néanmoins, sur le terrain, des effets positifs sont déjà visibles.
 

Une plus-value identitaire et environnementale à consolider et à faire valoir

Le terroir naturel, par son climat et son relief, oriente l'agriculture vers des productions qui ne sont pas des productions en volume. En Corse, c'est le terroir plus que le marché qui crée l'opportunité agricole. Ainsi, le modèle prédominant est inscrit dans une démarche qualité de valorisation des ressources locales. Il s'appuie sur la reconnaissance de variétés domestiques locales (cépages corses, variétés d'olives et de châtaignes, clémentine, races animales, abeille de Corse) adaptées aux terroirs naturels et sur les savoir-faire traditionnels de transformation. Caractérisée par de petits volumes, des coûts de production et de transports élevés et affectée par des modes de consommation plus tournés vers une offre générique que vers une offre de produits de terroirs, l'agriculture corse reste compétitivement fragile.

Les efforts portés sur la qualité et la traçabilité doivent permettre de la consolider et de résorber la part d'agriculture informelle qui subsiste encore aujourd'hui (abattage clandestin, importations de lait non conformes au cahier des charges du produit, etc).

En Corse, quatre exploitations sur dix sont engagées dans une production sous signe officiel de qualité : AOC/AOP, indication géographique protégée (IGP), Label rouge ou AB.14

La filière viticole, l'élevage de petits ruminants avec la fabrication de brocciu et l'agriculture biologique (AB) représentent à eux trois plus de 60 % des exploitations impliquées dans cette démarche.

 

(Photo Oliveraies en Balagne (OEC, J. Salvini) 78)

 

Sur la période 2012-2020, quatre nouvelles reconnaissances ont été obtenues : IGP noisette de Cervioni, IGP pomelo de Corse, Label rouge sur la clémentine et le kiwi. D'autres démarches de reconnaissance sont en cours : AOC pour les fromages et pour l'oignon du Cap Corse, IGP pour l'agneau et le cabri, Label rouge pour l'amande, IGP pour la charcuterie industrielle.
 

  AOC et AOP IGP Label rouge
Vins Vin de Corse (seul ou complété de Coteaux du Cap Corse, Calvi, Sartène, Figari, Porto-Vecchio) Île de Beauté  
Patrimonio  
Ajaccio  
Muscat du Cap Corse  
Autres produits d’origine végétale Huile d’olive de Corse, Oliu di Corsica (2004) Clémentines de Corse (2007) Clémentine (2014)
Farine de châtaigne de Corse, Farina castagnina corsa (2006) Noisette de Cervioni (2014) Kiwi de Corse (2020)
  Pomelo de Corse (2014)  
Produits d’origine animale Miels de Corse, Mele di Corsica (1998)   Poulet jaune fermier
Brocciu (fromage de lactosérum de brebis ou de chèvre) (1998)    
Prisuttu, Jambon sec de Corse (2012)    
Coppa di Corsica, Coppa de Corse (2012)    
Lonzu, Lonzo de Corse (2012)    

 Tableau 10 : produits sous signe de qualité AOP, IGP, Label Rouge

 

Par ailleurs, depuis 2015, une réelle dynamique de conversion vers l'agriculture biologique est observée, en particulier dans les filières fruits secs (châtaigne, amande, noisette) mais aussi en viticulture et en élevage bovin. En 2015, on dénombrait 292 exploitations agricoles certifiées « bio » ou en conversion, pour une superficie de 11.922 hectares en agriculture biologique sur l'ensemble de l'île. En 2018, 457 exploitations pour 25.998 ha et en 2019, 529 exploitations pour une surface de 28.350 ha sont en production AB soit une augmentation respectivement de 81% et 138% depuis 2015.


  Figure 24 : Agriculture biologique en 2019 (source Agence Bio)

 

  Nombre d’exploitations Surfaces certifiées bio Surfaces en conversion Total surfaces certifiées bio + surfaces en conversion Transformation Distribution
C1 C2+C3 Total
2019 Evol. % 2019 Evol. % 2019 2019 2019 Evol. % 2019 Evol. % % SAU
2A 179 -1,1 10.230 20,3 1.786 2.317 4.102 26 14.333 22 20,1 32 17
2B 350 26,8 10.999 57,8 1.419 1.595 3.015 -59 14.014 -1,6 11,7 54 20
Corse 529 15,8 21.230 37,2 3.205 3.912 7.117 -32 28.347 9 14,8 86 37

 Tableau 11 : Bilan 2019 de l'agriculture biologique (Agence Bio)

 

3.4. Source : Agreste, Annuaire agricole, 2020
5. 
Source : Réseau fourrage région corse, 2019
6. OS brebis Corse pour 56 agriculteurs inscrits au contrôle laitier, 2020

7. Source : ILOCC Comité National de la brebis laitière, 2020
8. ILOCC - Observatoire Interprofessionnel

 

 La Haute valeur environnementale (HVE) garantit que les pratiques agricoles utilisées sur l'ensemble d'une exploitation préservent l'écosystème naturel et réduisent au minimum la pression sur l'environnement (sol, eau, air, paysage...). Il s'agit d'une mention valorisante, soumise à une réglementation nationale, prévue par le code rural et de la pêche maritime, au même titre que « produit de montagne » ou encore « produit à la ferme ».

Issue d'une démarche volontaire qui est mise en œuvre par les agriculteurs pour valoriser leurs bonnes pratiques, la mention HVE s'appuie sur des indicateurs de performance environnementale des exploitations.

Elle est fondée sur quatre thématiques :

  • la préservation de la biodiversité (insectes, arbres, haies, bandes enherbées, fleurs...) ;
  • la stratégie phytosanitaire ;
  • la gestion de la fertilisation ;
  • la gestion de la ressource en eau.

L'agriculteur met en œuvre des pratiques agricoles reposant notamment sur les principes de l'agro-écologie. Il s'agit de favoriser les ressources et les mécanismes de la nature. Autonomie de l'exploitation, amélioration de la valeur ajoutée des produits, réduction de la consommation énergétique, réduction des produits phytopharmaceutiques...

Ce dispositif correspond au niveau le plus élevé du dispositif de certification environnementale des exploitations agricoles. Pour conserver cette mention, les exploitations agricoles sont auditées au moins une fois tous les dix-huit mois par un organisme certificateur. Cet audit permet de s'assurer du respect des seuils des indicateurs de performance environnementale tout au long de la durée de validité du certificat.

Au niveau national, 8.218 exploitations bénéficient de la mention « HVE » au 1er juillet 2020. En Corse, l'année 2019 a marqué l'appropriation du dispositif par les acteurs locaux avec 19 exploitations certifiées HVE contre 2 depuis la création du label en 2012. Pour les productions végétales, l'arboriculture représente 11 exploitations, la viticulture 4, les grandes cultures le maraîchage et les autres productions 3. Pour les productions animales, seules deux exploitations ont été certifiées pour l'élevage ovin 10

D'une manière plus générale, la certification environnementale au sens large (diagnostic environnementaux, adoption de cahiers des charges, engagement carbone, etc.) constitue une réelle opportunité pour la production corse et une thématique de recherche et développement à conforter. On notera que l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) a défini quarante mesures agro-écologiques qui, après validation en comités nationaux au cours du premier semestre 2017, pourront être proposées aux porteurs de projets et introduites dans les cahiers des charges des productions sous signes officiels de qualité. 

Un foncier difficilement mobilisable

Voir le chapitre « Logement et urbanisation »

L'installation d'agriculteurs constitue un enjeu majeur du secteur agricole. Elle est fortement pénalisée par un accès au foncier de plus en plus difficile :

  • conflits d'intérêts et spéculation foncière en zone péri-urbaine ;
  • morcellement, déficit de titres de propriétés et indivision en zone rurale profonde ;
  • étalement urbain qui réduit les espaces cultivables, déjà peu représentés en Corse, et les fragmente, accélérant ainsi la déprise.

La pression d'urbanisation s'exerce en Corse sur les rares terres profondes et peu pentues dans les zones péri-urbaines, dans les plaines et les vallées. Ces espaces sont stratégiques pour l'agriculture. Les effets indirects de l'urbanisation sur l'agriculture sont nombreux et ont un impact probablement bien plus fort que la seule consommation des espaces agricoles (pression spéculative, refus d'octroi des baux agricoles, droits d'exploiter tacites sous réserve de ne pas déclarer à la PAC, etc.). Les zones périphériques d'Ajaccio et de Bastia ainsi que les zones littorales sont particulièrement touchées par le phénomène. Les cultures pérennes (vignes, oliveraies, vergers) y sont un peu moins sensibles que les prairies.

À l'inverse de ce qui se passe sur le littoral ou en périphérie des villes, voire des villages, un accès juridiquement sûr aux terrains agricoles de l'intérieur est rendu difficile par leur trop faible valeur. En effet, compte-tenu des moyens qu'il faut mettre en œuvre pour résoudre les indivisions, les héritages, les difficultés de mutation propres aux biens non délimités, le « désordre » foncier perdure et les exploitants sont contraints parfois d'exercer leur activité sans droit juridiquement établi sur les terrains qu'ils exploitent. Ces espaces pastoraux constituent également un autre enjeu.

L'achat du minimum de terrain nécessaire à l'édification d'un bâtiment d'élevage permettant une capitalisation minimale est souvent difficile dans ces conditions. L'absence d'investissement même réduit sur les terrains (clôtures, points d'eau, etc.) maintient les valeurs agricoles et par là leur prix à des niveaux trop faibles pour inciter les propriétaires à la reconstitution des titres de propriété. Il en résulte une insécurité juridique forte pour les éleveurs de montagne qui empêche les investissements nécessaires à une exploitation plus intensive (clôtures, démaquisage, piste d'accès). Dans ces espaces, les associations foncières pastorales permettent de sécuriser, dans un cadre collectif, le lien juridique entre les exploitants et les terrains qu'ils exploitent malgré l'absence de titre de propriété et les indivisions non résolues. Elles permettent ainsi d'envisager des possibilités de mise en valeur durable par la mise à disposition de ce foncier auprès des agriculteurs. 

Une nécessaire adaptation au changement climatique et aux crises sanitaire

Élevage de porcs en semi-liberté (DRAAF-SRISE)

Voir le chapitre « Changement climatique » 

Le changement climatique est ressenti localement. Il a une incidence directe sur la production en Corse (pertes fourragères liées à la sécheresse en 2014, pertes maraîchères et horticoles liées aux inondations en 2015, 2016 puis 2019) et peut conduire à moyen et long termes à divers impacts négatifs pour l'ensemble des filières (baisse des rendements, modifications des calendriers, baisse de la qualité des produits, plus forte exposition aux risques naturels...).

Par ailleurs, la conjonction du changement climatique avec la mondialisation des échanges expose notre région à de nouveaux risques sanitaires. Détectée en Corse en juillet 2015, la Xylella fastidiosa fait l'objet d'un plan de lutte renforcée et s'ajoute à la liste des nuisibles et des pathogènes déjà réglementés (notamment fièvre catarrhale ovine, peste porcine, tuberculose bovine et influenza aviaire s'agissant des cheptels, cynips du châtaignier, flavescence dorée de la vigne, charançon rouge des palmiers, capricorne asiatique s'agissant des végétaux).

En cas de sécheresses et/ou d'épisodes venteux (plus fréquents, plus intenses ou d'une durée plus importante) le risque et l'incidence des incendies pourraient être démultipliés. Les incendies peuvent entraîner une forte dégradation des sols, dans certains cas, leur stérilisation et une importante érosion dans les pentes. Dans tous les cas, c'est aussi le potentiel productif des agriculteurs qui est sévèrement endommagé, parfois de manière durable.

L'analyse des interactions entre les activités agricoles et l'environnement permet d'établir un état des lieux de leur empreinte environnementale effective. 

Un atout pour l’équilibre territorial

L'agriculture représente moins de 3 % du PIB mais constitue la principale activité consommatrice et utilisatrice d'espace en milieu rural. Elle permet de développer l'emploi dans l'espace rural et favorise la valorisation des ressources locales et les débouchés de proximité. Ainsi, le maintien et l'augmentation de l'activité agricole constituent une priorité régionale dans sa stratégie de développement durable. Pour la Corse, le Plan régional d'agriculture durable fait partie intégrante du PADDUC.

Un impact globalement positif sur la biodiversité et les paysages ruraux

Voir le chapitre « Les paysages et le patrimoine »

Les différents types de productions agricoles et pastorales participent largement au maintien et à la création de milieux ouverts dont le rôle n'est plus à prouver pour la protection contre les incendies, la régulation des nappes, le maintien voir l'augmentation de la biodiversité et l'attractivité des paysages ruraux. Cependant, le déclin des savoir-faire et des pratiques agro-sylvo-pastorales traditionnelles (transhumance, utilisation des estives d'altitude) contribue à une fermeture de ces milieux. Par ailleurs, la divagation animale constitue aussi un mode d'utilisation non maîtrisée de l'espace et des ressources souvent incompatible avec la gestion spécifique des espaces naturels et forestiers.

Une réflexion actuellement en cours par l'ensemble des acteurs du pastoralisme aboutira à une nouvelle dynamique pour un pastoralisme adapté aux nouveaux enjeux. Cette réflexion rejoint également la construction des outils et de la stratégie pour la prochaine PAC post 2020.

L'agriculture valorise les races et variétés domestiques locales et constitue une réelle opportunité de poursuivre et développer leur conservation, leur sélection et leur diffusion au bénéfice de la biodiversité.

Les incendies d'origine pastorale, largement dominants en Haute-Corse dans les années 1980, ont diminué de manière très significative et régulière depuis le milieu des années 1990. Leur nombre moyen a été divisé par près de sept entre 1996 et 2009 et est resté globalement stable depuis. Ces résultats traduisent l'impact très positif de la politique de prévention des incendies mise en œuvre dans le département de la Haute-Corse depuis le début des années 1980 principalement axée sur le traitement des causes. Cette politique, initiée par le PNRC, reprise en 1996 par l'ODARC et poursuivie depuis 2006 par l'OEC, est menée en collaboration avec l'ensemble des partenaires institutionnels de ce département, œuvrant dans le domaine de la prévention et de la lutte (services de l'État et services départementaux)

A l'échelle de la Corse, la stratégie de ces actions et de l'ensemble des acteurs est traduite dans le PPFENI 2013-2022 (Plan de protection des forêts et des espaces naturels contre les incendies).

Voir le chapitre « Les risques naturels »
 

 

Récolte des olives à Aregno (OEC, J. Salvini)

Des impacts globalement faibles sur la qualité environnementale des masses d’eau

Voir le chapitre « La qualité des eaux »

Les prélèvements annuels actuels d'environ cent millions de mètres cubes, se répartissent entre l'alimentation en eau potable (46 %) et l'utilisation d'eau brute (54 %) notamment pour l'agriculture.
Bien que caractérisés par une variabilité interannuelle marquée les volumes prélevés pour l'irrigation se situent dans un intervalle relativement stable. La variabilité inter-annuelle est liée à l'évolution des surfaces irriguées, de la disponibilité de la ressource (pluviométrie, températures) et indirectement à la gestion inter-saisonnière des retenues d'eau.

Le SDAGE 2016-2021 s'appuie sur un nouvel état des lieux des masses d'eau (données de surveillance 2011-2012-2013) et met en évidence :

  • un bon état général des masses d'eau ;
  • un impact des activités agricoles diffus et peu significatif sur la contamination des eaux mais plus important sur la plaine orientale qu'ailleurs tant par rapport aux prélèvements que par rapport aux effluents liés à l'activité ;
  • des masses d'eau en déséquilibre quantitatif lié aux prélèvements tous usages confondus (Rizzanese, le Reginu, les ruisseaux de Luri et de l'Ercu et la masse d'eau souterraine de la plaine Marana-Casinca, très sollicitée par les prélèvements AEP) qui appellent des actions d'économie d'eau (amélioration du rendement des réseaux), de partage de la ressource, de recherche de ressources complémentaires et/ ou de substitution ;
  • localement, des masses d'eau en déséquilibre qualitatif ou à risques qui réclament prioritairement un programme d'actions. Un peu moins de 10 % des mesures territorialisées du SDAGE concernent les pressions liées aux activités agricoles et de transformation agro- alimentaire. Il s'agit en particulier ;
  • des pollutions diffuses agricoles par les nutriments (notamment liées à la fréquentation des berges par les animaux (porcins et/ou bovins selon les cas) : ruisseau de Chiova, partie haute du Prunelli (Taravo), plan d'eau de Codole (Balagne) ;
  • des pollutions diffuses et ponctuelles liées à l'utilisation de pesticides : étangs de Biguglia, Diana, Urbino (et Palo à étudier) ;
  • des pollutions liées aux effluents des unités de transformation agro-alimentaire (caves, fromageries et moulins à huile) ;
  • certaines pressions pastorales portant atteinte à la conservation des habitats et des espèces d'intérêt communautaire (bas Tavignano, plateau du Cuscione).

Le suivi global de l'utilisation des pesticides, tous usagers confondus, à partir des volumes vendus dans le bassin de Corse met en évidence une multiplication des ventes par 2,7 entre 2009 et 2014. Si cette hausse concerne essentiellement des produits non classés (soufre, produits de biocontrôle...), les ventes de produits très toxiques, cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques augmentent de 15 % entre 2009 et 2014. L'augmentation des ventes des produits non classés traduit un report d'achat des usagers suite à l'interdiction des produits plus dangereux historiquement utilisés mais s'explique aussi par l'apparition de résistance des ravageurs aux substances actives communément employées (cas de la résistance du champignon oïdium contourné par l'utilisation de soufre). Le triplement des surfaces converties en agriculture biologique participe aussi à cette hausse de vente des produits non classés, ces produits étant majoritairement autorisés pour ce mode de production. Les ventes de produits dangereux pour l'environnement (comme certaines substances du cuivre) ont diminué puis sont revenues à la valeur de 2009. Parmi ces produits, les produits minéraux ont diminué au profit des produits organiques.

Les pesticides étaient classés, jusqu'en 2019, dans la Banque nationale des ventes de distributeurs en quatre catégories :

  • les produits toxiques, très toxiques, cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques présentant des risques élevés pour la santé (T, T+, CMR), comme le zirame (contre la cloque du pêcher ou sur amandiers) ;
  • les produits minéraux dangereux pour l'environnement (N minéral), comme certaines substances du cuivre ;
  • les produits organiques dangereux pour l'environnement (N organique), dont le glyphosate ;
  • les produits non classés parmi les catégories citées (autres), dont le soufre, les produits de biocontrôle (micro-organismes, phéromones, substances naturelles). Ces produits sont considérés à faible risque.

Une tendance à l’amélioration de l’impact sur l’érosion des sols

Sur terrains pentus, sur substrats fragiles et sur sols peu profonds, les passages répétés d'engins agricoles, les opérations de dessouchage, de nivellement, de gros travaux du sol, peuvent conduire au décapage du sol avec un impact important sur les pertes de matière organique et une augmentation des risques d'érosion. De la même façon, la sur-concentration animale peut localement conduire à une importante érosion des sols. Durant les périodes de forte pluie, ces sols nus sont particulièrement vulnérables. 

Cependant, depuis le début des années 2000, de nombreux essais de techniques culturales simplifiées (TCS) de type semis direct ont été mis en place dans l'île notamment par le service « pastoralisme » de l'OEC. Cette technique, qui nécessite l'utilisation d'un semoir spécialisé (semoir direct), permet d'éviter d'avoir recours au labour ce qui évite toute perturbation aux sols.

Aujourd'hui, cette technique rencontre un intérêt toujours plus croissant surtout auprès des éleveurs à qui, au-delà delà de ses avantages sur les sols, elle apporte notamment un gain de temps indéniable et permet des économies de carburant, pour une production fourragère intéressante, bien que légèrement plus faible que celle qui aurait été obtenue par la technique traditionnelle du labour.

À titre d'exemple, sur les 250 ha de cultures fourragères semées à l'automne 2016 dans la région ajaccienne, 185 ha (soit près de 75 %) l'ont été par semis direct avec sept semoirs de ce type.

Pour l'entretien des vergers, la tendance actuelle est à la pratique d'engrais vert semé entre les rangs ou au maintien d'une couverture végétale spontanée de graminées. Une érosion en nappe sur les interlignes peut s'observer y compris sous vergers relativement plats lorsque ce couvert n'est pas encore installé. Des érosions très importantes sous vieilles vignes conduites avec désherbage total peuvent être constatées. La destruction des terrasses anthropiques à la faveur de terrassements contribue à l'accélération du ruissellement et de l'érosion. La tendance actuelle est plutôt à la conservation des terrasses y compris en viticulture.

(Laie, J.Dornbusch)

(Vaches, G.Winterstein)

 

Une faible participation aux émissions de gaz à effet de serre

En Corse, l'agriculture contribue à environ 10 % des émissions globales de GES 11 avec : 

  • des émissions de CH4 et N2O liées à la fermentation entérique et aux déjections animales de 206 300 teq CO2 et un ratio par tête de bétail inférieur à la moyenne nationale ;
  • des émissions de N2O liées à l'utilisation d'engrais de seulement 45 100 teq CO2 en relation avec une quantité d'azote totale épandue de 109 kg/ ha contre 130 kg/ha au niveau national. (calculée sur la SAU hors surface toujours en herbe).

Au niveau de la capacité de stockage, l'analyse des facteurs de contrôle de la distribution des teneurs en carbone du sol montre le rôle prépondérant du climat qui induit un stockage régional important en relation avec les zones d'altitude supérieure à 500 mètres occupées en forêt, maquis et prairies et des valeurs plus faibles en zone agricole de basse altitude où la pluviométrie plus faible et les températures plus élevées contribuent à une minéralisation plus rapide. Compte tenu du climat et des types de sols, les pertes de carbone lorsque le sol est travaillé peuvent s'élever à 4 %/ha/an (pourcentage supérieur à la moyenne nationale et variable en fonction de la nature des sols). Ainsi sur certains vignobles adultes, on peut observer des teneurs moyennes voisines de seulement 1 %.

À travers certaines pratiques, l'agriculture a un potentiel d'action local positif sur le stockage additionnel du carbone :

  • les teneurs en carbone voisines de 2 % sous clémentiniers peuvent doubler si l'on pratique l'enherbement permanent des inter-rangs ;
  • le non-labour par l'utilisation de techniques culturales simplifiées (TCS, voir ci-avant « Érosion des sols ») lorsqu'il n'engendre pas de désherbages additionnels ;
  • la pratique d'engrais verts en interculture ;
  • l'élevage sur libre parcours par sa contribution au maintien de surfaces en herbe ;
  • et d'une manière plus générale toutes les pratiques respectueuses de l'environnement qui diminuent les risques d'érosion (TCS).
     

10. Source Annuaire des exploitations HVE (MAAF)
11. Bilan ADEME-OEC, 2008

 

 

Focus sur les orientations agro-environnementales du PADDUC

 Voir les chapitres « Les paysages et le patrimoine » et « Logement et urbanisation » 


En matière de développement des activités agricoles et forestières, le Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse (PADDUC) affirme des objectifs de préservation et de mobilisation effective des terres dans la perspective d'un développement durable et intégré (gestion des ressources, auto-approvisionnement en circuit court, soutenabilité sociale, etc.).

Une orientation forte sur la préservation des terres

L'objectif de préservation des terres répond à celui de doubler la production agricole et sylvicole à trente ans et de préserver le potentiel productif au vu de la rareté du foncier agricole (notamment le foncier cultivable), au vu des évolutions de l'étalement urbain, entre pression foncière et sous mobilisation. Il est décliné de la manière suivante : 

  • « Protéger et maintenir les terres cultivables et à potentialité agro pastorale, ainsi que les terres cultivables équipées d'un équipement public d'irrigation ou en projet d'équipement, au titre des espaces stratégiques, soit a minima 105 000 ha d'espaces stratégiques agricoles » ;
  • « Maintenir et favoriser la reconquête des espaces pastoraux, complémentaires du capital agricole productif, au titre des lois Montagne et Littoral » ;
  • « Protéger les espaces naturels et forestiers, au titre des lois Montagne et Littoral ».

Pour ce faire, le PADDUC introduit une typologie des espaces de production avec des règles qui leur sont attachées ;

  • les espaces stratégiques agricoles à forte potentialité (ESA), constitués des espaces cultivables et mécanisables à potentialité agronomique, des espaces pastoraux à forte potentialité et des espaces équipés ou en projet d'un équipement structurant d'irrigation. Des objectifs quantitatifs de maintien de ces espaces sont fixés à l'échelle communale ;
  • les espaces « ressources » pour le pastoralisme et l'arboriculture traditionnelle (ERPAT), centrés sur les espaces à vocation pastorale reconnus d'intérêt général comme activités de base de la vie montagnarde et comme gestionnaires centraux de l'espace montagnard ;
  • les espaces naturels, sylvicoles et pastoraux (ENSP), centrés sur les espaces naturels, forestiers, arborés, agro-pastoraux ou en friche.

Les collectivités locales ont la charge de traduire et mettre en œuvre ces éléments prescriptifs dans leurs documents d'urbanisme. 

Un objectif de mobilisation effective des terres agricoles

Le PADDUC intègre la proposition formulée dans les Orientations stratégiques « Agriculture, développement rural et forêt » visant à ce que l'objectif de préservation des terres agricoles soit assorti d'un objectif de mobilisation effective du foncier. Le retour d'expérience issu d'exemples dans l'Europe entière montre en effet que les zonages et les processus de compensations ou les commissions prévues à cet effet n'ont pas été en mesure d'enrayer à eux seuls l'urbanisation excessive des espaces agricoles.

Pour ce faire, les orientations réglementaires du PADDUC (Livret IV) précisent que « le principe de compatibilité du PADDUC avec les documents d'urbanisme d'échelon inférieur s'appréciera en contrepartie de la réalisation d'une démarche pour l'agriculture au travers de la réalisation d'initiatives prévues par un document d'objectif agricole et sylvicole (DOCOBAS) prioritairement de dimension intercommunale ou micro-régionale [...] ». 

Des objectifs au service d’une valorisation durable des ressources agricoles et forestières

S'agissant des stratégies d'intervention visant à développer les productions, le PADDUC intègre la plupart des propositions issues des Orientations stratégiques « Agriculture, développement rural et forêt » telles que : 

  • un objectif d'installation et de formation ;
  • un objectif île « zéro OGM » (principe éthique de l'action préventive), la Corse faisant partie du Réseau européen des régions européennes depuis 2006 ;
  • un objectif île « zéro pesticides » dans les pratiques des collectivités territoriales, ainsi que dans l'agriculture ;
  • préserver la ressource en eau en favorisant l'augmentation des réserves de stockage décentralisées (augmentation de capacité des réservoirs par des retenues d'eau hors lit de rivière, stockages d'eau dans des retenues collinaires dans chaque micro territoire pour la consommation humaine et l'agriculture);
  • valoriser l'agriculture et les forêts corses en tant qu'éléments constitutifs du patrimoine ;
  • développer la filière bois pour augmenter les activités notamment sur les territoires ruraux ;
  • considérer l'agriculture, non seulement comme une activité de production, mais aussi comme un élément essentiel d'attractivité et de stimulation des activités touristiques et de loisirs.

 

 Chèvre dans une oliveraie

Pour un territoire régional équilibré

La protection du foncier agricole 

Différents outils réglementaires sont mis en œuvre pour préserver le foncier agricole :

  • la Loi d'orientation agricole de 1999 permet le classement en zones agricoles protégées (ZAP) des surfaces agricoles dont la préservation présente un intérêt général en raison soit de la qualité de leur production, soit de leur situation géographique ;
  • la procédure de classement de site, utilisée par exemple pour la Conca d'Oru et le vignoble de Patrimonio ;
  • la Loi sur le développement des territoires ruraux du 23 février 2005 a permis aux départements de délimiter des périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains ;
  • la Loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt (LAAAF) du 13 octobre 2014 élargit le champ d'intervention des Commissions départementales de consommation des espaces agricoles (CDCEA) aux espaces forestiers et naturels. Pour la Corse, elle crée une commission territoriale unique, commune aux deux départements (CTPENAF) et présidée conjointement par le Préfet de Corse et le Président du conseil exécutif de Corse.
 

La mobilisation du foncier agricole

Les associations foncières constituent en Corse un outil d'aménagement pertinent pour faciliter l'accès à la ressource foncière. Elles apportent des éléments de réponse à la problématique du foncier rural en permettant de mobiliser du foncier morcelé et indivis sans transfert de propriété. D'autres éléments vont également dans ce sens : l'activité du GIRTEC (Groupement d'intérêt public pour la reconstitution des titres de propriété en Corse) et le fonds foncier agricole confié à la SAFER. Le PDRC 2014-2020 soutient la réalisation de plans de développement liés à la valorisation du foncier agricole et forestier (mesure 7.1.1) pour la mise en place d'associations foncières ainsi que pour la réalisation de DOCOBAS. Cette dernière action consiste, pour une commune ou une intercommunalité, à élaborer un plan de développement agricole et sylvicole sur son territoire. Il s'agit d'une démarche participative, visant à : 

  • inventorier les ressources et les potentialités du territoire ;
  • localiser les zones présentant des enjeux pour le développement de ces activités ;
  • proposer un plan d'action concourant à la mise en œuvre des interventions foncières et des aménagements dans ces secteurs ;

La réalisation d'un DOCOBAS est encadrée par une méthodologie stricte validée par le Conseil exécutif de Corse qui prévoit la mobilisation des acteurs et la recherche de candidats pour développer des activités agricoles et sylvicoles, la réalisation d'un diagnostic, la proposition d'un projet (l'élaboration d'une stratégie qui répond aux attentes du territoire, la définition de périmètres de projet et d'un plan d'action).

Les mesures agro-environnementales (mesure 10 du PDRC)

Pour mieux prendre en compte et diminuer les effets négatifs de l'agriculture sur l'environnement et le climat, l'Europe, à travers sa Politique agricole commune (PAC) a, dès le milieu des années 1980, commencé à soutenir financièrement des actions en faveur d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement. Le poids relatif de ces mesures va croître avec la montée des préoccupations environnementales dans toute l'Europe. 

Aujourd'hui, dans le cadre du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) 2014-2020, ces mesures, intitulées « Mesures agro-environnement et climat » (MAEC), ont pour priorités de :

  • restaurer, préserver et renforcer la biodiversité, les zones agricoles à haute valeur naturelle ainsi que les paysages européens ;
  • améliorer la gestion de l'eau, y compris la gestion des engrais et des pesticides ;
  • prévenir l'érosion des sols et en améliorer la gestion ;

Les MAEC ont pour objectifs de :

  • maintenir les pratiques agricoles favorables à l'environnement et au climat ;
  • encourager les changements de pratiques nécessaires à la réduction des pressions sur l'environnement.

Pour la Corse, ces mesures sont déclinées dans le PDRC 2014-2020 (mesure 10). Elles ont été élaborées localement et comprennent 39 « opérations » dont 20 dédiées au pastoralisme :

 

MAEC du PDRC Corse 2014-2020

Nombre

Opérations concernent les problématiques liées à l’élevage

24

Opérations concernent les problématiques liées aux productions végétales et à la préservation de la qualité des eaux et des sols

13

Opération pour la protection des races menacées

1

Opération pour l’amélioration du potentiel pollinisateur des abeilles

1

Tableau 12 : Nombre d’opérations au titre des MAEC du PDRC Corse 2014-2020 (OEC)

 

 

MAEC du PDRC Corse
2014-2020
unité enjeux élevage enjeux eau Total
Nombre de bénéficiaires nombre 201   276
Surfaces engagées hectares 7743 1905 9648
Linéaires engagés mètres linéaires 99395   99395
Montant engagé millions d'euros 9,8 3,8 13,6

Tableau 13 : Bilan des opérations au titre des MAEC du PDRC Corse 2014-2020 (OEC)

 

 

 
L'élevage en plaine parfois confronté aux inondations (G. Winterstein) 

Le plan Écophyto

Le plan Écophyto II+ répond à une obligation européenne fixée par la directive 2009/128/CE. Il matérialise les engagements pris par le Gouvernement et apporte une nouvelle impulsion pour atteindre l'objectif de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50% d'ici 2025 et de sortir du glyphosate pour l'ensemble des usages au plus tard d'ici 2022. Ce plan a pour objectifs : 

  • d'accélérer le retrait des substances les plus préoccupantes et d'accompagner la sortie du glyphosate ;
  • de promouvoir la reconnaissance et la diffusion des produits de biocontrôle et des préparations naturelles peu préoccupantes ;
  • de renforcer la prévention de l'exposition de la population aux pesticides ainsi que de leurs impacts sur l'environnement et la biodiversité, notamment par l'information, la communication et le dialogue entre les différents acteurs, et par la mise en place, le cas échéant, de mesures de protection complémentaires ;
  • de soutenir la recherche et l'innovation ;
  • d'accompagner les agriculteurs dans la transition ;
  • de mobiliser et responsabiliser l'ensemble des acteurs, depuis les agriculteurs jusqu'à la grande distribution.

En Corse, ce plan est décliné via une feuille de route dont le pilotage est assuré par la DRAAF en coordination avec la chambre régionale d'agriculture. Il repose sur plusieurs leviers :

  • un réseau de surveillance biologique du territoire. Le but de ce réseau est de sensibiliser les acteurs aux solutions alternatives et aux traitements précoces afin de prévenir les éventuels risques pour la santé et l'environnement.
  • un réseau DEPHY « Fermes clémentines » mis en place depuis 2013. Ce réseau local développe, mutualise et diffuse leurs expériences en termes de changement de pratiques et de mise en place de système de culture réduisant l'utilisation des produits phytopharmaceutiques.
  • des appels à projet dans le cadre des « groupes 30 000 ». Ces derniers sont des collectifs d'agriculteurs reconnus par l'État suite à un appel à projets régional, qui mettent en œuvre des changements de pratiques dans une logique globale agro-écologique, dans une démarche centrée sur la réduction des usages des produits phytopharmaceutiques.
  • des actions de communication pour diffuser les outils et les actions mises en place localement dans le cadre du plan Ecophyto.

Les résultats obtenus feront l'objet d'une capitalisation et d'une diffusion auprès d'autres exploitations pour les aider dans leur transition vers l'agro-écologie à bas niveau de produits phytopharmaceutiques. 

Les GIEE, outils de la transition agro-écologique

Dispositif issu de la Loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt (LAAAF) du 13 octobre 2014, le GIEE (groupement d'intérêt économique et environnemental) est également intégré dans le projet agro-écologique du MAA lancé en 2012. Ce projet vise à concilier les performances économiques, environnementales et sociales des exploitations agricoles. Il a pour objectif de produire plus et mieux en : 

  • repensant les systèmes de production par une utilisation optimale des ressources et des mécanismes naturels ;
  • préservant les ressources (sol, eau, énergie, biodiversité...) sur lesquelles s'appuie la production agricole ;
  • engageant l'agriculture vers de nouveaux modèles de croissance en s'appuyant sur des projets développés à l'échelon local.

Les GIEE sont des collectifs d'agriculteurs reconnus par l'État, qui s'engagent dans un projet de modification ou de consolidation de leurs pratiques à l'échelle d'un territoire. Ces actions doivent relever de l'agro-écologie et contribuer à améliorer la compétitivité des exploitations agricoles de façon pérenne, tout en utilisant et préservant les écosystèmes. Un volet social doit également être intégré au projet, avec comme objectif d'améliorer les conditions de travail des membres du groupement et de ses salariés, de favoriser l'emploi, de lutter contre l'isolement rural.

Quatre GIEE ont été labellisés en Corse par arrêté préfectoral de septembre 2015 suites au premier appel à projet lancé par la DRAAF :

  • « Cuma di Piaghja » : création d'une coopérative d'utilisation de matériel agricole (CUMA) par quatre agriculteurs pour pérenniser une agriculture rémunératrice et durable pourvoyeuse de productions de proximité et de qualité : atelier de transformation pour alimentation animale produite sur place (céréales et oléoprotéagineux), élaboration de farines et d'huile pour la consommation humaine (restauration) ;
  • « Biopruvenda » : relocalisation pour l'autonomie de l'approvisionnement en céréales, protéagineux et fourrages biologiques des éleveurs certifiés en AB membres de l'association (sept éleveurs bovins et porcins bio) ; accompagnement par InterBioCorse ;
  • « i Campagnoli di San Lurenzu » : cinq éleveurs porcins et bovins pour la gestion collective des déchets et des moyens d'élevage et de transformation carnée (stockage réfrigéré avant traitement par l'abattoir de Ponte-Leccia) et entretien des surfaces pastorales difficile d'accès ;
  • « Association régionale pour le développement de projets agro-écologiques en Corse » (Ardaec) : projet porté par onze agriculteurs pour la création d'un atelier de finition des veaux et valorisation environnementale des déchets agricoles par la méthanisation avec production d'électricité et de chaleur. Ces groupements développent des thématiques autour de l'autonomie alimentaire des troupeaux, la mutualisation des outils de production mais aussi sur la reconquête foncière, la gestion des déchets organiques issus de l'agriculture, la production d'énergie verte, la conservation des sols, ou la mise en place de circuits courts.

Depuis 3 autres GIEE ont été labellisés :

  • Association Carne Niulinca : Valorisation de l'agriculture de montagne », 14 éleveurs du Niolo dont les objectifs sont de Relocaliser l'approvisionnement en céréales, protéagineux et fourrages biologiques, de mutualiser les moyens nécessaires à la transformation et à la commercialisation des produits issus des exploitations agricoles des membres de l'association, de valoriser la race bovine corse, les estives et les parcours utilisés par les membres de l'association et contribuer à l'amélioration de l'attrait touristique du Niolu, et de sensibiliser les pouvoirs publics et les collectivités aux enjeux du développement de l'autonomie alimentaire et de la structuration des exploitations d'élevages ;
  • « Association pour l'utilisation, la promotion et le développement du semis direct dans les exploitations d'élevage » : 5 éleveurs dont l'objectif est d'obtenir des références pratiques et les diffuser aux autres utilisateurs pour développer la technique au niveau régional ;
  • L'union des viticulteurs de l'île de Beauté (Coopérative UVIB) pour une démarche visant la certification HVE à terme.

 

 

Pour améliorer, mutualiser et partager la connaissance

Un référentiel pédologique et agronomique

Pour minimiser l'impact environnemental en optimisant les choix culturaux, la conduite et l'irrigation, la région s'est doté d'un référentiel pédologique 1 : 25 000 dans les principales plaines cultivées (le Référentiel pédologique approfondi) et a développé un outil interactif d'aide à la décision sur les potentialités agricoles.

Voir l'outil sur le site de l'ODARC : GEODARC

Le réseau Agro Météo

En complément des bulletins de santé du végétal, la Chambre d'agriculture développe en partenariat avec la Collectivité de Corse (CDC) un outil d'aide pour permettre l'irrigation dans des conditions compatibles avec la préservation des ressources. Ce projet initié en 2010 est en phase de test.

Le Plan d’action pastoral et le Réseau expérimental des fermes de référence

Ces deux dispositifs mis en œuvre par la Chambre d'agriculture en partenariat avec la Collectivité de Corse visent à acquérir des références techniques sur les systèmes d'élevages, afin d'améliorer les pratiques et promouvoir des itinéraires agronomiques durables.

Deux pôles de compétence agronomiques

La CDC soutient la constitution de deux plateformes de recherche et de développement regroupant chercheurs et professionnels agricoles (Corsic'Agropôle pour les filières végétales et le Pôle agronomique d'Altiani pour les filières animales). Les projets portés par ces deux pôles de compétences contribuent à renforcer la compétitivité, la qualité, l'identité et l'excellence environnementale de l'agriculture. Ils jouent un rôle régional important dans l'incubation et le transfert de bonnes pratiques.

Le programme Protect'Agrumes

L'Association de Recherche et d'Expérimentation sur Fruits et Légumes en Corse (AREFLEC), l'Association interprofessionnelle de la filière biologique (INTERBIO), l'Institut national de la recherche agronomique (INRAE) et l'Université de Corse mènent depuis 2019, le programme Protect'Agrumes qui soutient l'innovation dans les domaines de la protection et de la défense des cultures à partir de solutions naturelles s'appuyant sur les ressources locales (extraits végétaux, auxilliaires...). Les problématiques étudiées et les résultats s'étendent désormais à d'autres productions (maraîchage, oliviers, fruits d'été).


Pour une meilleure prise en compte des équilibres dans les dispositifs d’aide à l’agriculture

L'enveloppe du premier pilier allouée à la Corse a été considérablement augmentée pour assurer aux agriculteurs une aide PAC réévaluée. Cette enveloppe passe ainsi de 13,9 ME en 2014 à plus de 36 M€/an en début de programmation 2014-2020 et permet notamment une dotation des droits de paiement de base (DPB) sur la base de la moyenne nationale pour tous les agriculteurs de Corse, dès 2015. La moyenne à l'hectare des aides découplées DPB 2015 était ainsi de 143 €/ha (134 €/ha au niveau national). L'ensemble des aides découplées est donc passé de 90 à plus de 240 €/ha éligible. La valeur du DPB s'établit en 2018 à 108 €/ha éligibles (115 €/ha au niveau national).

Pour le second pilier, le montant des indemnités compensatoires de handicap naturel (ICHN) représente douze millions d'euros à lui seul. Le nouveau zonage entré en vigueur en 2019 couvre toute la Corse et concerne donc l'ensemble des agriculteurs du territoire. Les aides pour lesquelles la gouvernance est exercée localement en région, constituent un levier dont la pertinence mérite d'être ré-examinée au travers du prisme environnemental.

 

Troupeau de bovins et zone humide de l’embouchure Prunelli-Gravona
(DREAL-SBEP Bernard Recorbet)

 

 

 

Tableau de synthèse

  • Caractéristiques principales
  •  Diversité de l’agriculture (potentialités et ressources diverses : plaines irriguées, terroirs, parcours)
  •   Caractère non intensif de l’agriculture (taille des parcelles, densité, conduite) n'impactant pas la qualité des eaux superficielles et souterraines
  •  Contribution forte à la production d'aménités, à l'équilibre territorial, aux paysages et à la biodiversité
  •   Biodiversité remarquable au niveau des semences et espèces domestiques locales, adaptées aux conditions d'exploitation et à leur milieu et sources de valeur ajoutée
  •  Valorisation de la qualité et de la typicité (structuration de filières, appellation d’origine, productions typiques) sur une offre de produits diversifiés
  •   Importance de la part de la SAU en landes et parcours : conservation des sols et stockage du carbone
  •   Faible nombre d'acteurs ruraux et agricoles
  •   Difficultés d'accès aux ressources foncières : maîtrise (indivis) et pression urbaine (spéculation)
  •   Offre de produits agricoles inférieure à la demande
  •   Dépendance au continent (fourrages, intrants, compléments alimentaires), des coûts de transports élevés
  •   Existence de marges de progrès en matière de formation
  •   Sensibilisation et formation insuffisante aux questions environnementales (érosion entre autre)
  •   Divagation animale : utilisation non maîtrisée des ressources et conflits d'usage
  • Tendances évolutives
  •   Structuration des filières de production, organisation des producteurs et démarches de certification de la qualité
  •   Existence d’un marché porteur pour les produits corses
  •   Essor de l'agriculture biologique et raisonnée
  •   Diminution des mises à feux d'origine pastorale
  •   Mise en place de la Commission territoriale de la préservation des espaces naturels agricoles et forestiers (CTPENAF)
  •   Mise en œuvre du PADDUC valant Plan régional de l’agriculture durable
  •   Potentialités productives importantes mobilisables
  •   Diminution des acteurs ruraux et agricoles : fermeture du milieu (risques d’incendies, perte de biodiversité, etc.)
  •   Étalement urbain, spéculation foncière, consommation des espaces à fortes potentialités par des usages immobiliers d’agrément, d’habitation ou de production
  •   Désaffection pour la production de certaines productions demandées au niveau du marché local (maraîchage)
  •   Risques sanitaires et espèces invasives (cynips par exemple) demandant contrôles et anticipation

 

  Point positif ou évolution favorable  Point négatif ou évolution défavorable

 

Pour aller plus loin :

 

Titre Organisme Année
Chiffres clés de l’agriculture corse DRAAF, ODARC, Chambre d’agriculture Corse 2020
Mémento 2019 AGRESTE 2020
La ferme corse (infographie) AGRESTE 2018

 

Cet article provient du site de Observatoire du Développement Durable de Corse
http://www.oddc.fr