La Corse est principalement concernée par les inondations à caractère torrentiel, les incendies de forêt, les mouvements de terrains, les avalanches et les risques littoraux. À ces risques s’ajoutent les risques liés à la radioactivité et à l’amiante dans le milieu naturel. Les autres risques sont moins prioritaires sur le territoire corse car plus rares bien que non négligeables, comme les séismes, ou plus ponctuels comme le risque de retrait et de gonflement des argiles et les risques liés aux cavités souterraines.

Les communes de Corse soumises aux risques naturels majeurs sont recensées au travers des Dossiers départementaux des risques naturels majeurs (DDRM). Pour la Corse-du-Sud et la Haute-Corse, ils ont été actualisés, respectivement, en 2011 et 2015.

 

État d’avancement des procédures au 30 août 2016 (communes disposant d’au moins un PPR approuvé ou prescrit).
Source : DDTM 2A et 2B (BD GASPAR)

 

L’information du citoyen est assurée via les sites internet nationaux (portail interministériel de prévention des risques majeurs, site prim.net, site Géorisques, site Infoterre du Bureau de recherche géologique et minière), les sites régionaux (site de l’Observatoire du développement durable de Corse, site du Réseau d’observation du Littoral corse, mais également via la diffusion des DDRM par les sites Internet des préfectures de département, et par les communes.

Selon l’article L. 125-2 du code de l’Environnement, c’est aux maires que revient, in fine, la responsabilité de mettre en oeuvre tout une série d’actions d’information de leurs administrés sur les mesures de prévention, de protection, d’alerte et de sauvegarde répondant aux risques majeurs susceptibles d’affecter leur territoire. Ainsi les communes informent notamment leurs administrés sur les mesures de sauvegarde répondant aux risques naturels majeurs sur leur territoire via un document d’information communale sur les risques majeurs (DICRIM). Afin d’augmenter le nombre de DICRIM existants, il est nécessaire de poursuivre les efforts engagés pour inciter les communes à élaborer et diffuser ce document d’information préventive.

Le risque d’inondation

De par son climat méditerranéen et ses caractéristiques géomorphologiques, la Corse est soumise, notamment à l’occasion des fortes pluviométries du printemps et de l’automne, à des risques d’inondation notables. Ces inondations sont souvent localisées mais parfois très intenses (jusqu’à plusieurs centaines voire milliers de m3/s en crue centennale). Elles sont dues soit à des débordements de cours d’eau (crues torrentielles ou lentes de plaines), soit à un ruissellement important. Le risque d’inondation est souvent amplifié par la hausse du niveau de la mer due à une dépression, à des vents violents et à une forte mer qui empêche ou ralentit au droit des embouchures le rejet des eaux pluviales par les cours d’eaux littoraux.

Ces phénomènes sont également amplifiés par les effets du changement climatique. Ainsi, une altitude plus élevée de la limite pluie-neige lors d’un épisode de fortes intempéries a pour conséquence d’augmenter les cumuls de pluie. Dans d’autres cas, une brusque montée des températures après un épisode neigeux, associée à de fortes pluies, peut également causer des inondations importantes, comme cela s’est produit en février 2014 en Corse-du-Sud.

Enfin, d’autres facteurs aggravants d’origine anthropique sont également à considérer, tels que l’imperméabilisation des surfaces ou le mauvais entretien des berges des cours d’eau. Les ripisylves jouent un rôle déterminant dans le maintien des berges et dans la régularisation des débits d’eau. Leur préservation et leur entretien est donc indispensable et participe à la prévention des phénomènes de crues.

Plusieurs inondations marquantes ont touché la Corse au cours des dernières décennies :

  • en octobre-novembre 1993, les cumuls de précipitations les plus importants jamais observés en Corse entraînent le débordement de l’ensemble des fleuves de la Plaine orientale. Sur l’ensemble des zones touchées, sept victimes sont à déplorer. Cent-soixante communes sont sinistrées et les dégâts occasionnés sont considérables ;
  • le 29 mai 2008, un orage violent et localisé touche la ville d’Ajaccio. Ces précipitations intenses de période de retour centennal génèrent des crues et un nombre élevé de mouvements de terrain. Dans la nuit, 179 personnes sont évacuées de deux hôtels inondés. La voirie et le réseau pluvial connaissent des dommages très importants ;
  • les 1er et 2 octobre 2015, des intempéries exceptionnelles génèrent des inondations dans une partie du département de la Haute-Corse sur deux fleuves côtiers, le Golo et le Fium’alto.  Des dommages importants sont recensés dans plusieurs endroits du département, et notamment sur les communes de Lucciana et Penta-di-Casinca ;
  • le 24 novembre 2016, de fortes intempéries s’abattent sur la Haute-Corse et entraînent le déclenchement d’une alerte rouge pluie-inondation. Des crues importantes se produisent sur plusieurs cours d’eaux du département. Les dégâts occasionnés sont considérables : routes coupées, ponts détruits, logements ou locaux commerciaux inondés…

 

Vers une meilleure connaissance du risque inondation

Par la mise en oeuvre de plans de prévention du risque inondation (PPRi).

En 1994, une trentaine de bassins versants avaient été identifiés comme prioritaires vis-à-vis du risque inondation du fait de leur taille importante et de la présence d’enjeux significatifs. Par la suite, des PPRi ont été approuvés sur la quasi-totalité de ces bassins et couvrent une centaine de communes mi-mai 2016.

Par la mise en place d’une cellule de veille hydrométéorologique.

En Corse, les phénomènes liés aux inondations sont particulièrement rapides, laissant peu de marge à la prévision ou au déclenchement préalable de procédures de sauvegarde des personnes et des biens. Ces crues soudaines ne peuvent pas être couvertes par la procédure nationale de Vigilance Crues. Le seul dispositif sur l’île pouvant apporter des éléments quant à l’anticipation des phénomènes d’inondation est la vigilance météo assurée par Météo-France.

La solution la mieux appropriée pour le bassin de Corse est donc d’améliorer la connaissance de la pluviométrie et de l’hydrométrie en densifiant les réseaux de mesure, et de créer des systèmes d’alerte locaux (SDAL) et/ou d’anticipation des crues soudaines.
L’amélioration de la prévision des précipitations en Corse repose notamment sur la future implantation d’un radar météorologique à Ajaccio, qui permettra de compléter la zone de couverture du radar d’Aléria. Une cellule de veille hydrométéorologique reposant sur des SDAL sera opérationnelle à l’horizon 2020.

Un outil au service des territoires : le PAPI

Les programmes d’actions de prévention contre les inondations (PAPI), lancés en 2002, ont pour objet de promouvoir une gestion intégrée des risques d’inondation en vue de réduire leurs conséquences dommageables sur la santé humaine, les biens, les activités économiques et l’environnement. Outil de contractualisation entre l’État et les collectivités, le dispositif PAPI permet la mise en oeuvre d’une politique globale, pensée à l’échelle du bassin de risque.

La commission mixte « Inondation » a labellisé en octobre 2012 le premier programme d’action de prévention des inondations en Corse qui concerne la ville d’Ajaccio. Des actions sont prévues dans le cadre de ce PAPI jusqu’en 2018 et portent sur différents axes de travail : amélioration de la connaissance du risque, prévision des inondations, ralentissement des écoulements, ouvrages de protection hydraulique…

 

Le cadre global de la prévention : la directive « Inondation »

Inondations urbaine à Ajaccio en avril 2008
DDTM 2A, Daniel Chargros et Monique Cendres 

La directive européenne « Inondation » (DI), transposée par la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement (« Grenelle II »), constitue le cadre global de l’action de prévention des risques d’inondation.Elle incite à une vision stratégique du risque, en mettant en balance l’objectif de réduction des conséquences dommageables des inondations et les mesures nécessaires pour les atteindre.

La DREAL Corse, avec l’intervention des DDTM, met en oeuvre cette directive européenne sur l’évaluation de la gestion des risques d’inondation. Le premier cycle de cette démarche s’est déroulé sur la période 2010-2015 en plusieurs étapes :

  • 2011 Évaluation préliminaire des risques d’inondations (EPRI) sur l’ensemble de la Corse.
  • 2012 Sélection de trois territoires à risques d’inondations important (TRI) en concertation avec les acteurs locaux ; Ajaccio, Grand Bastia (Bastia, Furiani et Ville-di-Pietrabugno) et la Marana (Biguglia, Borgo et Lucciana).
  • 2013-2014 Élaboration d’une cartographie des surfaces inondables et des risques d’inondations sur ces territoires.
  • Déc. 2015 Approbation du plan de gestion du risque inondation (PGRI) à l’échelle du bassin corse pour la période 2016-2021, à l’issue de laquelle sa mise à jour sera effectuée.

Le PGRI donne ainsi une vision stratégique des actions prioritaires à mettre en oeuvre afin de réduire les conséquences dommageables des inondations. Il s’articule avec le SDAGE au travers de dispositions communes visant à réduire les risques d’inondation en tenant compte du fonctionnement naturel des milieux aquatiques.

Les objectifs du PGRI seront déclinés par les parties prenantes à l’échelle des territoires à risque important d’inondation (TRI) au travers de « stratégies locales », intégrant les outils de gestion existants : PPRI, PAPI, schémas de gestion, etc. Cette démarche est initiée en Corse-du-Sud par la communauté d’agglomération du Pays ajaccien sur le TRI d’Ajaccio, et en Haute-Corse par la communauté d’agglomération de Bastia et la communauté de communes de Marana-Golo, avec l’appui technique des services de l’État.

À l’échelle de chaque district hydrographique, une gouvernance technique de bassin a été instaurée afin de contribuer à la mise en oeuvre des différentes composantes de la directive « Inondation » sur le bassin.

Pour le bassin de Corse, un comité technique inondation de bassin (CTIB), copilotée par l’État et la CTC, a été créé en réunissant les services techniques de différents collèges : l’État (y compris ses organismes et établissements publics), la Collectivité territoriale de Corse et ses offices (OEC et OEHC), et les collectivités territoriales et leurs groupements compétents en matière d’urbanisme et d’aménagement de l’espace.

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