La typologie simplifiée des milieux

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Les milieux aquatiques continentaux

 

La Corse possède une diversité exceptionnelle de milieux aquatiques (torrents, rivières, lacs de montagne, fleuves, zones humides, etc.) qui forment des écosystèmes fragiles, d'autant qu'ils sont de taille réduite, au fonctionnement complexe, caractérisés par l'un des plus fort taux d'espèces endémiques d'Europe.

Les cours d'eau

 

L'originalité de la faune des eaux courantes de Corse réside dans un fort taux d'endémisme : les eaux courantes comptent plus de 200 invertébrés benthiques endémiques pour la plupart localisés dans le cours supérieur des cours d'eau et dans les sources, dont environ la moitié sont endémiques stricts de Corse ; de nombreuses lacunes faunistiques : la faune piscicole renferme également peu d'espèces autochtones : la truite fario de souche corse, menacée et inscrite sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la truite fario de souche méditerranéenne, l'anguille, l'alose, la blennie fluviatile et l'épinoche. Néanmoins des pressions anthropiques fortes existent et mettent en péril certains milieux à forts enjeux environnementaux en particulier au regard de la libre circulation des espèces piscicoles et du transport sédimentaire.

 

Les organismes aquatiques, notamment les poissons, ont des besoins de déplacements ou de migrations (montaison et dévalaison) pour atteindre les habitats aquatiques indispensables à leur survie en période estivale ou à la réalisation de leur cycle biologique (reproduction, alimentation, abris). Parallèlement, la continuité écologique revêt également une composante physique liée au transport naturel des sédiments et des matériaux. Les matériaux charriés par le cours d'eau et qui se déposent, plus ou moins temporairement, déterminent ainsi la quantité et la qualité des habitats aquatiques disponibles pour les espèces. Les ouvrages transversaux, seuils et barrages, sont une des causes principales de l'altération des conditions de continuité et constituent un facteur de risque de non atteinte du bon état écologique. Enfin le réchauffement climatique en allongeant les durées d'étiage a déjà des conséquences sur les invertébrés endémiques qui abandonnent les stations de basse altitude et perturbent la truite, poisson d'eau froide. La restauration de la continuité des cours d'eau est aujourd'hui une priorité inscrite dans le SDAGE. Par ailleurs, le classement des cours d'eau au-titre de l'article L. 214-17 du Code de l'environnement a été acté par arrêté préfectoral et définit deux listes : 

  1. liste 1 : cours d'eau ou tronçons de cours d'eau qui seront préservés de tout nouvel ouvrage faisant obstacle à la continuité ;
  2. liste 2 : cours d'eau ou tronçons de cours d'eau pour lesquels les obstacles à la continuité doivent être équipés, gérés et entretenus dans un délai de cinq ans à compter de la publication des listes.
 

Les zones humides

Le terme « zone humide » est une notion assez récente puisqu'il faut attendre la loi sur l'eau de 1992 pour en avoir une première définition réglementaire : « terrains exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire; la végétation quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l'année ». Plus de cinq cents zones humides, couvrant environ 22.000 hectares (soit 1 % du territoire corse) sont recensées et cinq sites sont reconnus d'importance internationale (Ramsar). L'inventaire des zones humides de 2005, actualisé en 2010, permet de bénéficier d'une cartographie affinée, se traduisant par une augmentation des entités. La poursuite du travail sur les mares temporaires méditerranéennes ainsi que les cartographies des zones humides des bassins versants du Liamone et du Bevinco, réalisées en 2015, ont également permis de l'enrichir. Cet inventaire, non exhaustif, mérite d'être complété. Le SDAGE 2016-2021 rappelle la nécessité de disposer à court terme d'une cartographie des zones humides au 1:25.000 et propose de définir une stratégie afin d'assurer leur préservation (gestion contractuelle, protection réglementaire, acquisition, restauration, etc.). Les travaux d'élaboration de cette cartographie sont en cours.

 

Les lagunes et les étangs littoraux

Les lagunes sont des plans d'eau littoraux, séparés de la mer par un cordon littoral appelé lido et reliés à celle-ci par un grau. Le caractère temporaire ou permanent de ces échanges avec la mer confère aux eaux lagunaires un caractère saumâtre. Si les principales zones humides littorales de Corse se situent sur la côte orientale, celles de l'extrême Sud, de superficies certes plus petites, subissent des menaces de dégradation peut être toutes aussi importantes, voire plus, que les grandes lagunes car moins connues et donc plus vulnérables. Leur origine géomorphologique explique la profondeur et l'aspect actuel des différents types de lagunes. Ces zones d'échanges et de transferts de matières nutritives sont particulièrement favorables au développement et à la reproduction des organismes vivants terrestres, de véritables nurseries pour les poissons, crustacés et mollusques mais également des sites d'accueil exceptionnels pour l'avifaune. Ces milieux remplissent un ensemble de fonctions et de services essentiels : 

  • action tampon vis-à-vis des crues,
  • retardement de la propagation des flux
  • stockage des eaux et recharges des nappes
  • stockage des effluents naturels ou artificiels et épuration des eaux polluées
  • régulation des cycles hydrologiques et chimiques
  • stabilisation des sédiments, protection des rivages/tempêtes
  • zones d'alimentation et de reproduction de nombreuses espèces
  • habitats et refuges pour une grande variété d'espèces floristiques et faunistiques.

 

La qualité de ces milieux constitue une condition indispensable à l'exercice des activités de production qui s'y déroulent (pêche, conchyliculture) ainsi qu'à leur préservation. Il convient d'améliorer la connaissance sur leur fonctionnement et de développer des indicateurs de suivi. Pour ce faire, l'OEC a mis en œuvre en 2020 un programme d'action pour « la conservation des lagunes et zones périphériques ». A ce jour, 7 lagunes font l'objet d'études : Biguglia, Diana, Urbino, Palo, Arasu, Santa- Ghjulia et Balistra. Deux lagunes sont équipées de sondes (acquises par l'OEC. dans le cadre du Forum des GEstionnaires de Corse (FOGEC)) pour suivre en continue certains paramètres et disposer ainsi d'informations sur le fonctionnement hydrologique de ces dernières. 

Les mares temporaires 

Les mares temporaires dites « méditerranéennes », donc de type oligotrophe, occupent des dépressions plus ou moins fermées, de superficie et de profondeur variables (de 15 à 60 cm). Ces cuvettes au fond imperméable présentent un cycle hydrologique intimement lié aux fluctuations du climat méditerranéen : inondées de la fin de l'automne à la fin du printemps par les précipitations, elles s'assèchent dès le mois de mai du fait de l'évaporation. Cette alternance ainsi que le caractère oligotrophe des eaux ont favorisé l'établissement de peuplements floristiques originaux et diversifiés. Les mares temporaires, qui constituent des milieux remarquables encore méconnus, sont parmi les zones humides les plus vulnérables de Méditerranée. Très présentes dans le sud de l'île, elles se situent pour la plupart à des altitudes inférieures à 300 m. Le programme régional, piloté par l'OEC, dédié à leur conservation a permis de compléter l'inventaire (fin 2020, on recense 109 mares temporaires réparties sur 68 sites qui représentent une surface d'environ 42 ha), d'améliorer les connaissances par le biais d'étude spécifiques (flore et végétation, amphibiens, branchiopodes et fonctionnement hydrologique), de réaliser un état des lieux et de définir des orientations de gestion pour la majorité des sites, de poursuivre les suivis floristiques, hydrologiques et physico-chimiques mais également d'informer et de sensibiliser les scolaires et le grand public.

Deux chantiers de restauration ont pu être réalisés sur les communes de Porto-Vecchio et de Santo Pietro di Tenda (mise en place d'aménagements, plantations de cicatrisation et intervention sur des espèces végétales exotiques envahissantes).
 

Les tourbières

 

Les tourbières constituent un habitat exceptionnel unique en Méditerranée, qui en Corse n'est présent que sur quatre sites : Crena et Livru (commune d'Orto) en altitude et Valdo et Baglietto en plaine (commune de Moltifao). Le site de Valdo, en forêt communale de Moltifao, correspond à la plus vaste tourbière à sphaignes connue en Corse et sans équivalent en milieu méditerranéen. Elle a été reconnue au titre de la convention de Ramsar. Ces deux dernières tourbières sont situées dans l'horizon inférieur de l'étage mésoméditerranéen. Elles forment des paysages tout à fait insolites en Corse et renferment des espèces rarissimes.

 

Les forêts alluviales

 

Qu'elles soient nommées ripisylves, forêts alluviales, forêts d'inondation, etc. toutes désignent un ensemble de formations végétales (strate herbacée, arbustive, arborescente, où domine l'arbre), riveraines et en relation avec un cours d'eau, une zone humide, un marais...

Leur composition floristique et leur morphologie sont liées aux inondations plus ou moins fréquentes et / ou à la présence de nappes peu profondes. En bordure de cours d'eau, la forêt alluviale ou forêt de lit majeur se distingue du boisement de berge, situé à proximité du lit mineur. La ripisylve et le bois mort présent dans les rivières jouent des rôles essentiels dans le fonctionnement naturel de ces hydrosystèmes pour lesquels il conviendrait de mettre en œuvre des démarches de gestion effective. Leur rôle de refuge de biodiversité est très important (forte richesse et productivité biologique), cela justifie d'autant plus les actions en faveur de leur restauration.

En Corse, on les trouve sur des franges assez fines en amont des grands cours d'eau, et en aval à l'état résiduaire en fond de certaines vallées alluviales (la grande majorité des ripisylves de plaines ayant disparu au bénéfice des terres cultivées).

 

Les lacs et pozzines de montagne

 
 
Lac de Bastani, Renoso (B. Recorbet)
 

Si la Corse est connue pour son littoral exceptionnel, elle ne l'est pas moins pour la beauté des paysages qu'offrent les lacs de ses montagnes. En fonction de la définition choisie, on compte d'une quinzaine à une quarantaine de lacs sur les divers massifs de l'île. Ils présentent une grande variété en termes d'altitude, de profondeur ou de surface. Tous les lacs d'altitude de Corse sont d'origine glaciaire. On peut opposer les lacs situés dans les vallées en auge typiquement glaciaires, comme la vallée de la Restonica, aux lacs de cirque (la grande majorité des lacs corses). Les pozzines correspondent au stade de comblement avancé d'un lac de montagne. La fréquentation mal canalisée jouerait un rôle néfaste dans le maintien de ces écosystèmes. Il y a une vingtaine d'années, un état des lieux des principaux lacs de montagne corses a été réalisé. Depuis, certains ont fait l'objet d'études ou de suivis ponctuels, en particulier par le Parc naturel régional de la Corse.

Depuis 2006, l'Office de l'Environnement, avec le soutien financier de l'Agence de l'Eau RMC, et de nombreux partenaires, tels que la DREAL de Corse, le Parc Naturel Régional de Corse, la Fédération de pêche, le service d'incendie et de secours de la Haute-Corse (SIS 2B), l'Agence Française pour la Biodiversité, est engagé dans un programme « Pour la gestion durable des lacs de montagne de Corse ». Ce suivi de la qualité de ces écosystèmes permet de surveiller la dégradation de ces milieux, en particulier suite à la forte fréquentation touristique mais également dans le cadre du changement climatique. 6 lacs sont suivis annuellement. Les compartiments étudiés sont les suivants : 

  • Paramètres physico-chimiques
  • Populations algales
  • Peuplements Invertébrés Benthiques
  • Populations piscicoles.
Des sites sont équipés de sondes afin de suivre en continu certains paramètres.
 
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