Les ressources en eau

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Depuis 1970, les débits estivaux ont diminué de plus de 5 %. La tendance s'accentue. Les projections climatiques montrent, à l'horizon 2070, une tendance à la diminution des modules de l'ordre de -10% à -40%, avec des baisses de débits plus marquées en période printanière et automnale avec pour conséquence un allongement de la période des basses eaux démarrant plus tôt et finissant plus tard.
 
En ce qui concerne les eaux souterraines, il faut s'attendre à une diminution de la recharge des nappes, l'augmentation de l'évapotranspiration et la diminution des précipitations efficaces. Les débits des sources insulaires, souvent modestes et dépendant fortement de cette recharge, accuseront une baisse pouvant aboutir au tarissement de certaines durant les périodes d'étiage.
 

ÉTAT DES LIEUX DES RESSOURCES EN EAU DE CORSE

 
Le SDAGE de Corse a identifié un réseau de suivi de 16 points dans les cours d'eau qui permettent de mesurer leur débit et 9 dans les eaux souterraines pour le suivi du niveau des nappes alluviales.
 
Le suivi de ces stations et l'analyse des chroniques de débits disponibles, ainsi que, le cas échéant, les données recueillies sur l'ensemble des stations hydrométriques insulaires, permettent de déterminer les objectifs de quantité dans le cadre des PTGE, et les débits nécessaires aux études d'incidence ou d'impact dans le cadre des procédures loi sur l'eau.
 

Les eaux souterraines

 

L'état des lieux du Bassin de Corse 2019 indique que 13 des 15 masses d'eau souterraine sont en bon état quantitatif. Les alluvions de la plaine de la Marana-Casinca et ceux de la plaine orientale présentent en revanche un déséquilibre quantitatif. Les aquifères compartimentés et fissurés du socle granitique et métamorphique sont exploités par captation de sources ou forages. Ressource principale des communes de l'intérieur de l'île, ces aquifères représentent environ respectivement 42 % en Corse-du-Sud et 70 % en Haute-Corse des prélèvements pour l'alimentation en eau potable.. Des études sont en cours pour mieux connaître la ressource dans les formations métamorphiques et mieux appréhender les perspectives de nouvelles mobilisation à court et moyen termes. La nature géochimique des formations granitiques et métamorphiques entraîne des problèmes ponctuels de contamination naturelle (arsenic, fer, manganèse, antimoine, fluor notamment), ainsi que d'agressivité et de dureté.

Les autres aquifères de type sédimentaire concernent notamment Bonifacio et, surtout, la nappe du miocène de la plaine orientale. Encore très peu connue, cette nappe peut représenter, à terme, un potentiel important pour les collectivités utilisatrices et pour les exploitations agricoles isolées.

Cependant, les eaux souterraines constituent une ressource fragile, en raison des risques d'intrusions salines pour les nappes à proximité du littoral et d'une faible protection de surface.

 

Les eaux superficielles

 

88,4 % des masses d'eau superficielles de Corse sont en bon ou très bon état écologique. Cependant une vingtaine de cours d'eau présentent un risque de dégradation de leur état en raison d'une altération de leur hydrologie en lien avec des dérivations et/ou des prélèvements trop importants. Les pressions liées aux prélèvements sont donc importantes et concurrencent fortement les besoins des milieux aquatiques. Par ailleurs, les pressions liées aux ouvrages de production d'hydroélectricité, qui peuvent constituer un levier d'atténuation du changement climatique et de mise en œuvre de la transition énergétique, ou aux ouvrages de dérivation pour d'autres usages, modifient le régime hydrologique naturel (réduction des crues morphogènes, limitation du débit au débit réservé, impact des éclusées) avec des incidences sur les milieux.

 

LES PRINCIPAUX USAGES

 

Les prélèvements sont concentrés puisque 20 prélèvements (16 dans les eaux superficielles et 4 dans les eaux souterraines soit 6 % du nombre total des prélèvements) représentent 80 % des volumes prélevés. Globalement ce sont un peu plus de 100 millions de m³ qui sont prélevés en moyenne par an en Corse dont 52% pour l'utilisation agricole et les usages d'agrément (principalement en plaine orientale), 46% pour l'eau potable et 2% pour des usages divers (dont l'usage industriel).

Les prélèvements sont majoritairement (de l'ordre de 75 %) effectués dans les eaux superficielles. Les origines sont toutefois très variables en fonction des usages puisque si l'alimentation en eau potable prélève des volumes quasi équivalents entre les eaux souterraines et superficielles, les prélèvements agricoles s'effectuent quasi- exclusivement dans ces dernières.

 

L'eau brute agricole

 

En 2019, la superficie agricole utilisée (SAU) représente près de 180.000 Ha (soit 21 % de la superficie totale de l'île). L'agriculture reste le 1er consommateur en eau. Pour autant, la part des surfaces irriguées dans la SAU représente moins de 10% (7,4% en 2016). La majorité de ces surfaces sont desservies par les infrastructures hydrauliques gérées par l'OEHC.

 

Ces superficies ne cessent de croître ainsi que les besoins en eau à l'hectare pour tous les types de production. La tendance à l'augmentation de l'évapotranspiration (+12,7% en moyenne à l'horizon 2050) et à l'allongement des épisodes de sécheresse impacte sensiblement les besoins et la pression sur la ressource. Une autre conséquence est désormais le recours croissant à l'irrigation sur des cultures traditionnellement conduites en système sec (vignes, oliviers, etc.). Les orientations du PADDUC devraient également conduire à la hausse des superficies irriguées. Ainsi, l'amélioration de l'autonomie alimentaire des cheptels et la limitation des importations fourragères passent par la recherche de nouvelles surfaces prairiales irrigables. Le schéma d'aménagement hydraulique de la Corse « ACQUA NOSTRA 2050 » porté par l'OEHC estime ainsi à 39% l'augmentation des besoins à l'horizon 2050.

 

Outre l'usage en irrigation de l'eau brute, celle-ci est également utilisée pour l'abreuvement des différents cheptels (ovin-caprin, bovin, porcin). Si les ordres de grandeur des besoins ne sont pas les mêmes que pour les apports aux cultures, ils n'en sont pas pour autant négligeables, l'orientation technico-économique des exploitations restant majoritairement l'élevage (plus de 49% des exploitations).

 

A l'exception des effectifs bovins, ceux des autres cheptels tendent à croître en vue de l'augmentation des productions laitières et carnées. La tendance est particulièrement accentuée pour les effectifs porcins (+ 12% entre 2015 et 2019).

 

En dehors des réseaux gérés par l'OEHC, l'approvisionnement en eau est réalisé à partir de forages ou de simples captages dans les cours d'eau. Le risque lié aux pollutions diffuses n'est donc pas à écarter en lien avec l'augmentation des effectifs même s'il est encore restreint.

 

Barrage de Figari (E. Volto pour DREAL Corse)

 

Voir le chapitre « L'agriculture en Corse »

L'eau potable

 
La Corse compte environ 330.000 habitants principalement localisés dans les agglomérations ajaccienne et bastiaise et à proximité du littoral. La fréquentation touristique conduit à doubler la population de l'île pendant une dizaine de jours au pic de la saison (août) et multiplie la population de certaines micro-régions par dix pendant la saison estivale.
 
La Corse se caractérise aussi par un grand nombre de captages eu égard à la population de l'île. Fin 2019, sur les 1.196 captages publics d'eau destinée à la consommation humaine actifs, seuls 73 % bénéficient d'une déclaration d'utilité publique. Cela correspond toutefois à près de 95 % des débits prélevés pour cet usage.
 
Le rendement des réseaux d'eau potable a progressé ces dix dernières années même s'il reste encore insuffisant (rendement moyen pondéré par le volume alimentant le réseau de 74 % en 2017). 44 % du nombre total de réseaux d'eau potable ont un rendement qui dépasse le rendement cible réglementaire. Les volumes d'eau qui alimentent ces réseaux représentent 55 % du volume total d'eau mis en distribution dans l'ensemble des réseaux d'eau potable. La remise à niveau d'ouvrages vétustes et le renouvellement des réseaux d'eau potable, pour notamment améliorer leur rendement suite à un diagnostic identifiant les fuites et pertes d'eau, continuent à être mis en œuvre et l'économie visée par les projets engagés en Corse sur la durée du 10ème programme de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée Corse (2013-2018) est estimée à environ 3 millions de m³ (l'équivalent des prélèvements d'une commune de 30.000 habitants), soit en moyenne 500 000 m³/an. En matière de qualité sanitaire de l'eau potable, compte tenu de la faible pression anthropique, il n'est pas constaté de problèmes significatifs liés à la présence de nitrates, phosphates ou pesticides. A contrario, les efforts se concentrent sur l'amélioration de la qualité bactériologique de l'eau. En 2018, 85 % de la population bénéficie d'une eau de bonne qualité après traitement, mais il sera difficile pour les petites collectivités restantes de répondre aux exigences sanitaires. Ponctuellement, la présence de métaux lourds - Nickel et Chrome notamment - dans certaines zones géologiques de Haute-Corse contamine certaines ressources en eau et les rendent impropres à la consommation par les collectivités.
 

VERS UN PARTAGE ET DES ÉCONOMIES DE L'EAU

 

Usine de traitement de l'eau au barrage de Codole

Adopté par le comité de bassin en septembre 2018, le Plan de bassin d'adaptation au changement climatique (PBACC) de Corse caractérise la vulnérabilité des territoires pour 5 enjeux majeurs : disponibilité en eau, assèchement des sols, biodiversité, niveau trophique et risques naturels. Document stratégique doté d'un plan d'actions à l'échelle de l'île, il comporte un ensemble de 57 mesures concrètes pour réduire cette vulnérabilité. Pour chacun des 13 territoires hydrologiquement cohérents définis, des zooms territoriaux proposent une feuille de route pour l'adaptation locale. Le PBACC a vocation à constituer une référence dans les démarches de planification ou pour les décideurs qui doivent intégrer cet enjeu dans leurs projets d'aménagement et constitue une première réponse d'ampleur au défi environnemental dans le combat sociétal qu'est devenu l'eau.
 
Les modalités de mise en œuvre de projets de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) permettant de décliner localement les mesures préconisées par le PBACC ont été fixées par la délibération de l'Assemblée de Corse du 25 octobre 2019. Ces projets reposent sur une approche globale et partagée de la ressource en eau à l'échelle de territoires cohérents avec, pour objectif, l'atteinte d'un équilibre entre les ressources disponibles et les besoins aussi bien des usages (eau potable, agriculture, sports d'eau vive, baignade) que des milieux aquatiques, en vue d'une gestion durable de l'eau. Les PTGE doivent être mis en œuvre sur l'ensemble du bassin mais la dynamique sera prioritairement lancée sur les territoires identifiés dans le PBACC et le SDAGE comme les plus vulnérables au changement climatique : Capicorsu Nebbiu, Balagna Agriate, Bastia Bivincu, Baracci, Meziornu.
 
Outil de partage des enjeux et de partenariat, les PTGE doivent permettre de définir des objectifs quantitatifs et à atteindre et un programme d'actions pour y parvenir.

 

 

 

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