Les risques naturels

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Les risques littoraux : la submersion marine et l’érosion littorale

Sur les mille kilomètres de côtes de la Corse, on peut différencier :

  • la côte basse orientale, quasi rectiligne entre Bastia et Solenzara ;
  • et un littoral rocheux sur le reste du pourtour de la Corse, à falaises abruptes sur certains secteurs (falaises calcaires de Bonifacio et falaises de la réserve naturelle de Scandola et du golfe de Porto), entrecoupé de plages dites de 'poche' sableuses ou à galets.

Des risques littoraux d'érosion et de submersion marine sont identifiés sur la Plaine orientale et en quelques points en fond de baie du littoral rocheux, notamment sur la façade occidentale. Ces risques font partie des thèmes abordés dans le cadre de la gestion intégrée des zones côtières (GIZC). Le principe de la GIZC est d'associer des acteurs multiples autour d'un projet commun dans le but de partager un diagnostic sur la situation d'un territoire, puis de définir de manière concertée les objectifs à atteindre et, enfin, de conduire les actions nécessaires. La gestion concertée a aussi pour objectif la réduction de l'artificialisation du littoral en lien avec les coûts d'entretien et de mise en protection.

Il semble important de rappeler que la submersion marine et l'érosion côtière sont deux phénomènes intimement liés : l'un amplifie l'autre et inversement. Cet aspect doit nécessairement être intégré dans les actions des services de l'État et des collectivités locales.

 

La submersion marine

La submersion marine désigne une inondation temporaire de la zone côtière par la mer dans des conditions météorologiques et océanographiques extrêmes. C'est un aléa d'inondation au même titre que le débordement de cours d'eau ou le ruissellement. La submersion marine est d'ailleurs traitée en tant que tel dans la directive européenne « inondation » dans le cadre de la compétence GEMAPI ou dans le PGRI.

La tempête du 27 et 28 novembre 2008 est un événement majeur qui a affecté la Plaine orientale de la Corse. Issus d'une dépression originaire du sud, des vents violents soufflent durant les deux journées et lèvent une mer importante. Les vagues sont maximales sur la partie nord de la côte orientale, et elles impactent fortement la ville et le port de Bastia où elles atteignent 8 m à 8,50 m. Les dégâts occasionnés par cette tempête sont très importants, en particulier sur les infrastructures portuaires de Bastia, mais aussi Erbalunga ou Solenzara. La capitainerie du vieux port de Bastia est envahie par 15 cm d'eau, des restaurants sont inondés et des pêcheurs sinistrés. Des installations touristiques en bordure littorale sont également touchées par les vagues déferlantes.
Par ailleurs, les conséquences dramatiques de la tempête Xynthia ont montré la nécessité d'améliorer la prévention du risque de submersion marine. Des plans de prévention des risques littoraux (PPRL) ont ainsi été prescrits sur les façades maritimes du pays afin notamment de mieux prendre ce risque dans l'aménagement du territoire.

En Corse, la prise en compte de ce risque est assez récente. Bien que les données nécessaires à une caractérisation précise de l'aléa submersion marine restent insuffisantes, avec notamment un manque de mesures houlographiques et marégraphiques, les premières actions initiées ont permis d'améliorer la connaissance de ce phénomène naturel.

Ainsi, sur le littoral de la Plaine orientale, de Bastia à Solenzara, une étude de caractérisation des impacts des tempêtes, notamment en termes de submersion marine, a été réalisée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), en partenariat avec l'OEC et l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée et Corse. Elle définit les phénomènes associés aux surcotes de tempêtes marines, et les secteurs les plus exposés à la submersion.

En partenariat avec la DDTM de Haute-Corse, cette étude a été étendue par la suite au reste du département, soit de Bastia à Galéria, en englobant ainsi les plages de poche caractéristiques de la côte rocheuse.

Un Atlas des Zones Submersibles (AZS) a également été élaboré en 2014 et permet d'identifier les zones du littoral corse soumises au risque de submersion marine du fait de leur faible cote altimétrique. Il a été conçu à l'échelle du 1/10.000ème par croisement entre des données topographiques précises, issues d'un relevé LIDAR, et des niveaux marins (ou aléas) de référence définies pour la façade méditerranéenne.

En 2015, cette cartographie régionale a fait l'objet d'un porter à connaissance à l'ensemble des maires concernés, et s'accompagne d'une doctrine de prise en compte du risque submersion marine dans les décisions d'urbanisme et d'aménagement. Cet atlas est en cours de révision par le BRGM sur plusieurs secteurs à enjeux du littoral afin d'affiner les niveaux marins de référence par secteurs homogènes du littoral. Il s'agit, dans un premier temps, d'une approche statique d'identification des zones basses potentiellement exposées aux submersions marines qui ne prend pas en compte la dynamique de propagation. Des analyses statistiques dites « de probabilité conjointes » permettent de calculer des scénarios centennaux au large. Des modèles numériques permettent ensuite de les propager au rivage et de calculer les niveaux marins résultants. La cartographie des zones basses est issue du scénario le plus défavorable (niveau marin le plus haut par tronçon homogène). En parallèle, l'exposition de certaines zones aux submersions marines par franchissement de paquets de mer est estimée par modélisation numérique. Dans un deuxième temps, les zones potentiellement exposées aux chocs mécaniques et projections liées aux vagues (phénomènes associés aux submersions marines) sont identifiées sur la base de la connaissance historique.

L'AZS repose sur la prise en compte de deux côtes altimétriques (ou niveaux marins statiques au rivage) :

  • une côte altimétrique correspondant à un événement centennal pouvant se produire actuellement. Ce « niveau marin de référence » intègre : une élévation du niveau de la mer de 20 cm pour une prise en compte de l'impact du changement climatique à court terme ;
  • une côte altimétrique correspondant à un événement centennal à l'horizon 2100. Ce « niveau marin 2100 » intègre une élévation de 40 cm supplémentaires (soit une marge de 60 cm au total 2) pour la prise en compte du changement climatique à plus long terme. Ce nouvel atlas devrait être terminé fin 2021 sur l'ensemble du littoral Corse. Sa diffusion s'accompagnera d'une doctrine d'application spécifique.

L’érosion littorale

Plage de Tenutella, Olmeto

Le littoral corse est sujet à des phénomènes d'érosion marine et un aléa recul du trait de côte dépendant du contexte géomorphologique, géologique et de l'exposition aux conditions hydrodynamiques : 

  • aléa potentiellement plus important sur les côtes sableuses et sur les côtes à falaises calcaires détritiques et/ou fortement fracturées ;
  • aléa potentiellement moins important sur les côtes à falaises granitiques.

La houle est un facteur déterminant dans l'évolution morphologique du littoral. Son action résulte dans la combinaison de plusieurs processus entraînant la mise en suspension et le déplacement des sédiments sur la plage émergée active, mais également sur la partie sous-marine située dans la zone d'action des vagues.
La connaissance de l'aléa érosion sur les côtes sableuses a fait l'objet d'études historiques menées par le BRGM afin de déterminer des tendances à l'échelle de plusieurs décennies. Elle est complétée par :

  • des projections de ces tendances dans le futur (2040 et 2100 par ex. pour l'étude en cours sur la Plaine orientale pour la DDTM 2B) ;
  • la prise en compte du recul du trait de côte induit par l'élévation du niveau de la mer sous l'effet du changement climatique ;
  • la prise en compte du recul maximal lié à l'impact d'un événement de tempête majeur.

La connaissance de cet aléa est aussi affinée à l'échelle annuelle grâce à la mise en œuvre par le BRGM, en partenariat avec l'OEC, et la Communauté d'agglomération du pays ajaccien (CAPA), d'un Réseau d'observation du littoral (ROL) de Corse. Mis en place depuis 2002, ce réseau permet le suivi de l'évolution morphologique des plages et de la position du trait de côte sur plusieurs sites répartis sur le pourtour littoral de la Corse (cf. site internet : www.littoral-corse.fr).

Cet observatoire s'étend à des sites « régionaux » (sites représentatifs de la géomorphologie littorale régionale) et des sites « sensibles » (sites en érosion chronique, sur lesquels des enjeux sont régulièrement exposés). Le réseau comprend dix-huit sites, dont 16 sites pour l'OEC et deux sites sur la côte ajaccienne, intégrés en 2012 dans le réseau qui répondent à une priorité spécifique de la CAPA. Chaque année, ces sites font l'objet de levés topo-bathymétriques du sommet de la dune jusqu'à 20 m de profondeur ainsi qu'un levé du trait de côte. Depuis 2014, toutes ces informations sont accessibles sur Internet.

Les évolutions inter-annuelles de la position du trait de côte dans le cadre du ROL montrent bien le caractère variable spatialement et temporellement du phénomène d'érosion marine, ainsi que l'importance du suivi régulier du trait de côte. La problématique vient notamment du fait de la présence d'enjeux fixes sur cette interface mobile. Au-delà des constats et des observations scientifiques, il est urgent et primordial d'envisager aujourd'hui une gouvernance dans ce domaine afin de prendre des décisions qui engageront les porteurs de projets sur le moyen et le long terme.

C'est pour répondre à cet objectif que la CDC a demandé à l'OEC de proposer les grandes orientations et une méthode afin de :

  1. Mettre en place une stratégie territoriale
  2. Décliner cette stratégie à l'échelle locale
  3. Mettre en place une ingénierie technique et financière

 

La première étape de cette démarche a consisté en la rédaction d'un document qui définit les grandes orientations et la méthodologie pour l'élaboration d'une stratégie territoriale Corse de gestion intégrée du trait de côte. Ce document a été validé par l'Assemblée de Corse en décembre 2019.

Actuellement l'OEC identifie sur tout le littoral de la Corse les typologies d'espaces littoraux ainsi que les classes « prioritaires qui les définissent ». Dans le cadre du partenariat entre l'OEC et le BRGM, un diagnostic géomorphologique des côtes meubles et rocheuses (côtes basses sables à galets, zones lagunaires, plages de poches et baies, falaises côtières) ainsi que de la caractérisation de la sensibilité à l'érosion côtière est en cours de réalisation à l'échelle de la Corse.

 

2. Circulaire du 27 juillet 2011 relative à la prise en compte du risque de submersion marine dans les plans de prévention des risques littoraux

 

 

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