L'urbanisation

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L'exode rural a caractérisé la Corse jusqu'à la fin des années 1960, dépeuplant les zones rurales et les villages de montagne pour regrouper les populations dans des zones urbaines. Il semble toutefois que ce processus soit arrivé à son terme : avec près de 335.000 habitants en 2017, la Corse a vu sa population progresser de 40 % depuis 1982 tandis que son parc de logements (résidences principales + résidences secondaires + logements vacants) a augmenté de 86 % au cours de la même période 1. De plus entre 2009 et 2018, plus de 2.400 hectares ont été urbanisés en Corse selon les données de l'observatoire national de l'urbanisation des sols.

Ce phénomène a bouleversé la géographie humaine corse en raison de son ampleur, de l'importance de l'étalement urbain et du manque de règles cohérentes à l'échelle des territoires. En l'absence de grands complexes industriels et d'importantes infrastructures de transport, l'urbanisation est, parmi les activités humaines, celle dont l'impact environnemental est le plus marquant et le plus difficilement réversible. En l'espace d'une génération, le patrimoine bâti non traditionnel de la Corse a augmenté de façon massive. Cette évolution est souvent ressentie négativement dans une île dont le patrimoine environnemental est reconnu comme de grande valeur et en grande partie préservé. L'impact paysager et environnemental des constructions, trop souvent précédées d'importants travaux de terrassement, est accentué par la vigueur du relief qui les rend visibles de très loin, et par la fragilité des espaces naturels. Le patrimoine naturel étant une des richesses principales de la Corse, l'urbanisation des trois dernières décennies et la spéculation qui l'a accompagnée, sont donc surtout perçues de façon négative.

Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. Jusqu'au XIXe siècle, les constructions participaient positivement à l'environnement grâce à une implantation respectueuse du relief et des terres cultivables, des dimensions limitées et des matériaux issus de carrières proches, des murs de soutènement qui structuraient les jardins empêchaient l'érosion et favorisaient la végétation. La cohérence de ce type d'habitat était assurée par un réseau de chemins et de passages qui mettaient l'espace et les lieux publics à la disposition de tous.

L'objectif à poursuivre en matière de logements et d'urbanisation sera de concilier la nécessité absolue d'offrir à la population un logement décent et celle de préserver le patrimoine naturel. Bien que ces deux objectifs aient pu apparaître comme antinomiques dans un passé récent, ils devraient à présent pouvoir converger. C'est-à-dire que les travaux effectués par les hommes pour aménager leur cadre de vie, pourraient concourir, in fine, à la valorisation du patrimoine environnemental dont ils font eux-mêmes partie.

Lors de sa visite en Corse d'avril 2019, le Président de la République et plusieurs élus ont eu à Cozzano des échanges au sujet de l'empilement législatif et réglementaire à l'origine de leurs difficultés en matière d'urbanisme. Les différentes lois et règles relatives au littoral, à la montagne, à l'environnement ou à l'agriculture viennent en effet s'additionner dans de nombreuses communes corses. Ces échanges ont donné lieu à des visites techniques sur le terrain en avril-mai 2019, et à la présentation de pistes de solutions aux élus le 3 juillet à Ponte Leccia, en présence du Premier Ministre. Il appartient aujourd'hui aux services de l'État, à la Collectivité de Corse et aux associations de maires de travailler à la déclinaison de ces pistes de solutions, dans un cadre partenarial, et avec le concours du Ministère de la Transition écologique. 

 

LOGEMENT ET ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE

 

Une démographie qui évolue de façon contrastée géographiquement, avec une croissance globale de population rapide actuellement

La population de l'île croit depuis le milieu du XXe siècle, après un minima de population en dessous de 200.000 habitants entre 1900 et 1950, avec néanmoins depuis plusieurs décennies des différences d'évolution démographiques importantes en fonction de la géographie : les deux principales agglomérations (Ajaccio, Bastia) se développent rapidement, notamment en périphérie, le littoral s'urbanise et se développe avec le développement du tourisme de masse et en même temps la plupart des villages de l'intérieur voient au mieux leur population stagner. Ainsi l'agglomération de Bastia (CAB) a vu sa population croître de 30.800 habitants en 1954 à 59.300 en 2017, celle d'Ajaccio de 31.100 à 87.300 sur la même période, mais en même temps Furiani a vu sa population passer de 200 à 5.600 habitants (x 28) et Alata de 300 à 3.200 (x10). Entre 1954 et 2017, Porto-Vecchio a quadruplé sa population, mais Bocognano a vu sa population diminuer de 40%, et Soccia de plus de 50% alors que Lumio a vu sa population plus que tripler sur la même période.

 

Au 1er janvier 2017, 334.938 habitants résident en Corse. Avec 35.700 personnes en plus depuis 2007, la population de l'île croît de 11,9 % sur dix ans, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 1,1 %, deux fois supérieure à celle de la France métropolitaine (sur la même période 4,6 % soit une évolution annuelle moyenne de 0,45 %). Ce sont les migrations qui expliquent cette augmentation de population. En effet, alors que la croissance française est tirée par le solde naturel (0,4 % par an), l'île enregistre autant de décès que de naissances entre 2007 et 2017. La périurbanisation et la stagnation démographique rurale se poursuivent actuellement puisque les deux principales agglomérations de l'île (Ajaccio/Bastia) ont une croissance démographique supérieure à la moyenne nationale mais en deçà de la moyenne régionale sur la période 2007-2017. Enfin les 143 communes rurales de moins de 250 habitants hors influence des aires urbaines perdent 400 résidents entre 2007 et 2017.

 

Cette baisse est totalement imputable au solde naturel. En effet, au cours des dix dernières années, ces territoires enregistrent plus de décès que de naissances. Le solde migratoire bien que positif ne compense pas ce déficit naturel.

 

Sur la période 1982-2017 la population a augmenté de 14 % dans la communauté d'agglomération de Bastia (CAB), de 47 % dans la communauté d'agglomération du Pays Ajaccien (CAPA), de 59% dans les communes littorales (hors deux communautés d'agglomération) et de 23% dans les communes de l'intérieur. La croissance du nombre de résidences principales est liée à celle de la population et au phénomène de desserrement des ménages dont la taille diminue, en moyenne. Ainsi, entre 1982 et 2017, le nombre de résidences principales s'est accru de 60 % dans la CAB, de 77 % dans la CAPA, de 90 % sur le littoral et de 63 % dans l'intérieur. Ces écarts sont amplifiés par rapport à l'évolution de la population du fait de la forte décroissance de la taille des ménages dans les communes littorales et dans les agglomérations, alors que cette taille était déjà faible dans l'intérieur et qu'elle a assez peu évolué depuis. Entre 2007 et 2017, les 19 intercommunalités corses enregistrent une augmentation de population, mais comme l'indique le tableau 23, cette croissance est très variable, de près de 30% à une quasi-stagnation.

 

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