L'urbanisation

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Une densité humaine très variable géographiquement

 

La densité moyenne de la Corse est de 37,5 habitants/km², soit approximativement le tiers de la densité moyenne française, qui est de plus de 100 habitants/km², mais dépasse celle de départements montagneux comme l'Ariège (31 hbt/km²) ou les Hautes-Alpes (25 hbt/km²). Avec une moyenne de 900 habitants par commune, la Corse se singularise aussi par des communes de taille moitié moindre de la moyenne des communes françaises (1.800 habitants/commune). Mais ce qui caractérise encore plus l'île, c'est la très faible densité sur une large partie de son territoire : les communes de moins de 200 habitants ont une densité moyenne de 6 habitants au km². Si l'on regroupe les communes corses de population de moins de 360 habitants, on obtient une surface de plus de la moitié de la Corse, pour une densité de moins de 7 habitants au km² pour cet ensemble. Inversement, comme symbole du développement urbain des deux principales agglomérations, on notera que les 3 intercommunalités de la CAB de la CAPA et du Marana-Golo comptent en 2017 170.400 habitants soit 51% de la population, pour 5,7% de la surface du territoire, et une densité de 338 habitants/km².

 

Le tableau qui décrit par EPCI la densité, la croissance et le pourcentage de la population corse, résume les chapitres précédents.

Territoire Part de la population corse en 2017 en % Densité Croissance de la population de 2007 à 2017 en %
CC de Marana-Golo 7,11 143 28,37
CC de la Costa Verde 3,14 57 19,92
CC Celavu-Prunelli 2,60 23 19,91
CC de la Pieve de l’Ornano et du Taravo 3,72 19 16,31
CC Nebbiu - Conca d’Oro 2,19 19 15,03
CC du Sud Corse 6,32 36 13,73
CC de Fium’Orbu Castellu 3,87 20 13,62
CA du Pays Ajaccien 26,07 325 12,69
CC de la Castagniccia-Casinca 3,72 53 11,92
CC de l’Alta Rocca 2,52 12 11,49
CC du Sartenais Valinco Taravo 3,45 22 10,92
CC de l’Ile-Rousse - Balagne 3,11 27 10,31
CC de Calvi Balagne 3,61 22 8,64
CC du Cap Corse 2,03 22 7,99
CC du Centre Corse 2,92 27 7,63
CA de Bastia 17,70 870 6,38
CC de l’Oriente 1,81 13 4,84
CC Spelunca-Liamone 2,28 8 4,09
CC Pasquale Paoli 1,84 7 0,46
 Tableau 22 : Population corse par inter-communalité au 1er janvier 2017 (Source : INSEE, Recensement Principal de la population)

 

 

LA CONSOMMATION DE L'ESPACE ET L'IMPACT DE L'URBANISATION

 Un étalement urbain conséquent

Plusieurs outils peuvent être utilisés pour mesurer ce phénomène.

 

Selon une étude de l'Observatoire du développement durable parue en 2015, la surface urbanisée (i.e. la surface retirée de son état naturel, bâtie ou non) aurait été multipliée par trois en l'espace de trente ans en Corse entre 1970 et 2010.

 

La base Corine Land Cover qui permet de déterminer les surfaces artificialisées, par photo-interprétation des images aériennes, indique les valeurs suivantes 2 :

Année 2000 2006 2012 2018
surface artificialisée en Corse (ha) 16.426 16.758 18.472 22.712
Part de la surface artificialisée 1,9 % 2,0 % 2,1 % 2,6 %
 Tableau 23 : Artificialisation des sols selon Corine Land Cover (Copernicus)
 

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
D'autres travaux effectués dans le cadre de l'élaboration du PADDUC ont permis de construire, à partir des cartographies du bâti existant, une tache urbaine qui permet d'avoir une représentation relativement fidèle de l'artificialisation des sols et avec une maille de traitement plus fine que celle issue de la méthode Corine Land Cover. Cette modélisation a été fait l'objet d'une analyse entre deux années espacées de presque 40 ans, alors que les données de Corine Land Cover sont directement exploitables entre deux millésimes (6 ans). La tache urbaine pour l'année 1980 représentait 7.336 ha, celle de 2019 19.610 ha. Elle a donc été multipliée par 2,7 en 40 ans, quand la population régionale n'a augmenté que d'un facteur 1,4 sur la même période.
 
Enfin, selon les données de l'observatoire national de l'artificialisation des sols géré par le CEREMA (analyse des fichiers fonciers), plus de 2 400 hectares ont été artificialisés en Corse entre 2009 et 2018, dont 78 % à des fins d'habitat. Les surfaces artificialisées augmentent donc régulièrement mais restent très faibles sur l'ensemble de la Corse (méthode CEREMA-Nord Pas de Calais). En France Métropolitaine, de 2009 à 2018, elles correspondaient à 2.557 km², soit 0,4% de la surface métropolitaine, en Corse cette surface artificialisée était de 24,1 km², soit 0,27% de la surface corse sur la même période.
 
Quelles que soient les méthodes de mesure et les références, la conclusion reste identique : l'artificialisation des sols augmente de façon plus importante que la population, l'étalement urbain est conséquent. La définition officielle de l'étalement urbain correspond en effet à une croissance de la surface urbanisée plus rapide que celle de la population.
 

Mais non homogène

Pour l'ensemble de la région (à l'exception du secteur de Corte), la période comprise entre 1975 et 1989 connaît les taux de croissance de la tache urbaine les plus importants. L'analyse spatiale réalisée en 2015 par l'Observatoire du développement durable a montré que l'utilisation des parcelles et la création de surfaces artificialisées ont suivi des tendances comparables sur les deux départements, avec un pic dans la période 1980-1984, un creux dans la période 1995-1999 (le rythme de croissance de la tache urbaine a diminué en se rapprochant de celui de la population.) et une remontée dans les années récentes. Plus localement, on constate des disparités :

En matière d'évolution de surface urbanisée, le secteur de Porto-Vecchio occupe la première place fin 2009, devant celui d'Ajaccio qui compte pourtant un nombre beaucoup plus important de parcelles utilisées laissant supposer une plus grande densification.

Les communes moyennes situées dans la couronne des grandes aires urbaines (Alata, Borgo) ou les communes principales des aires urbaines secondaires (Porto-Vecchio, Calvi) présentent une augmentation plus rapide des parcelles utilisées en nombre et en surface de 1970 à 2009.

Ainsi, près du quart des parcelles utilisées en Corse entre 1970 et la fin de l'année 2009 ont été consommées par neuf communes (Porto-Vecchio, Ajaccio, Borgo, Zonza, Biguglia, Furiani, Bonifacio, Lucciana et Alata) qui représentaient 35 % de la population de l'île en 2010. 

Selon les données de l'observatoire national de l'artificialisation des sols (CEREMA, fichiers fonciers), les dix communes corses dans lesquelles l'artificialisation a été la plus marquée en valeur brute entre 2009 et 2018 sont les suivantes, par ordre décroissant : Porto-Vecchio (300 hectares artificialisés), Bonifacio (147 ha), Zonza (126 ha), Figari (72 ha), Ajaccio (65 ha), Lecci (59 ha), Sarrola- Carcopino (57 ha), Prunelli-di-Fiumorbo (56 ha), Borgo (45 ha) et Bastia (44 ha). Ce sont soit des communes au développement essentiellement lié au tourisme, soit des communes des agglomérations d'Ajaccio ou de Bastia.

 

Une littoralisation de l'urbanisation

Évoluant en parallèle à la répartition humaine sur le territoire, l'urbanisation se concentre actuellement à proximité du littoral, contrairement aux modes traditionnels de l'occupation du territoire en Corse, en altitude moyenne et à l'intérieur de l'île. Cette urbanisation du littoral résulte de la conjonction de quatre phénomènes :

 

  • la désertification de l'intérieur, correspondant à l'exode rural en Corse, au profit du littoral et de la France continentale tout au long du XXe siècle et notamment après la Première Guerre mondiale,
  • les flux migratoires exogènes quasi-exclusivement dirigés vers le littoral : sur les 75.000 habitants qu'a gagné la région Corse entre 1999 et 2017, 80% ont été accueillis sur le littoral,
  • l'attractivité touristique de l'île très fortement liée au littoral, qui concentre la quasi-totalité des équipements touristiques marchands et une forte capacité d'accueil,
  • la présence historique moderne des principales villes sur le littoral, en lien avec le développement portuaire puis aéroportuaire, l'implantation des centres politiques et des services administratifs et le développement du tissu économique (emploi) et des services à proximité de celles-ci. 

 

 

Evolution de l'urbanisation sur la commune de Borgo de 2016 à 2019 (OEC, J. Salvini)

 

A noter en particulier l'importance du nombre de résidences secondaires en Corse, et leur fort développement récent, en particulier près du littoral : en 2017, la Corse compte 72.000 résidences secondaires soit 28,8 % de l'ensemble des logements. La Corse est donc la région française où la part de résidences secondaires est la plus importante, loin devant la région PACA (14,5 %) et la moyenne de France de Province (9,7 %). Ainsi la Corse, région touristique, représente 2,5 % de l'ensemble des résidences secondaires de France de province pour moins de 0,5% de la population nationale. Un tiers de ces résidences secondaires, pour la plupart construites dans la période récente, sont à moins de 500 m du littoral. Dans les deux intercommunalités les plus touristiques, Sud Corse et Calvi Balagne, le taux de résidences secondaires atteint 41,4 % et représente une résidence secondaire corse sur cinq. Ce taux atteint les 47 % dans la zone littorale de moins de 500 mètres.

 

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