Les déplacements

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DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES TRANSPORTS

Aspects sociaux, environnementaux et économiques

La population n'a pas conscience de l'impact de sa mobilité sur son environnement et pense souvent ne « pas avoir d'autre solution pour se déplacer » que d'utiliser son véhicule individuel alors que de très nombreux trajets en voiture pourraient être faits à pied. 25% des trajets de moins d'1 km sont encore faits en voiture d'après l'EDVM 2016.

Il existe donc un besoin de sensibiliser le grand public à travers des campagnes de communication, comme celles menées à l'occasion de la Semaine européenne de la mobilité (tous les ans, du 16 au 22 septembre) par l'AUE et ses partenaires, comme les espaces Info Énergie de Corse.

Par ailleurs, les démarches de « plans de mobilité », qu'elles concernent des entreprises, des administrations ou des établissements scolaires, sont de formidables processus au cours desquels les modes de déplacements durables sont mis en avant. Une vraie prise de conscience de la population sur le sujet de l'écoconduite pourrait permettre une économie globale annuelle de 20 % des consommations de carburant liées au transport routier d'après l'ADEME.

D'après l'EDVM, le taux de remplissage moyen en Corse est de 1,35 personnes / voiture (contre 1,4 en France). Si, sur le continent, les pratiques ont fortement évolué depuis l'apparition de Blablacar, seuls 10 à 20% des covoitureurs utilisent les plateformes de mise en relation. En Corse, les pratiques demeurent davantage informelles, avec des groupes de mise en relation sur les réseaux sociaux.

D'après le rapport pour le développement du covoiturage voté en Assemblée de Corse en juillet 2017, le premier outil de communication devrait être les lieux de rencontre des covoitureurs, qui sont parfois aménagés, mais rarement labellisés (sauf en Balagne). Ainsi, la défaillance de signalétique ne concourt pas à leur identification par les usagers potentiels.

Avec deux personnes au lieu d'une par véhicule, on divise en effet par deux la pollution, la consommation d'énergie, l'émission de gaz à effet de serre, les nuisances sonores, etc.

La solution covoiturage présente donc un rapport coût / efficacité remarquable compte-tenu des investissements limités.

Vulnérabilité énergétique liée aux déplacements

En Corse, 28 % des ménages consacrent au moins un demi-mois de leur revenu annuel pour honorer leur facture de carburant, ce qui fait d'elle la première région en termes de vulnérabilité énergétique liée aux déplacements. Ces chiffres peuvent s'expliquer par les temps de parcours longs sur l'île ainsi qu'une plus grande dépendance à la voiture par manque d'alternative. Ceci est particulièrement vrai dans l'espace rural et à la périphérie des agglomérations où les ménages consacrent environ 1.600 € par an à l'achat de carburant. Pour rappel, les estimations du coût annuel moyen d'un véhicule varient entre 4 000 et 8.000 € pour son propriétaire dont plus de 1.000€ pour les seuls carburants. De nombreux ménages habitent en périphérie pour des raisons financières mais subissent la double peine du transport quotidien associant fatigue et coût important, d'où des taux de vulnérabilité énergétique inquiétants dans les périphéries ajacciennes (44 %) et surtout bastiaise (58 %).

Il est donc important de sensibiliser la population sur le coût de l'automobile et l'impact du choix du lieu d'habitation et de démystifier le rêve de la maison individuelle avec jardin, tout en développant des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle.

La part de population vulnérable croit alors que la part budgétaire du carburant est relativement stable depuis les années 1970 : la vulnérabilité n'est donc pas la conséquence directe d'une hausse des prix de l'énergie mais d'un fonctionnement urbain générant une dépendance à la voiture et des distances parcourues à la hausse.

La Corse compte aujourd'hui 20.000 ménages en situation de précarité énergétique et est surtout touchée par un important phénomène de vulnérabilité énergétique.

Afin de répondre aux difficultés de la population, des associations intervenant dans le champ de la mobilité inclusive se sont créées spontanément qu'il s'agisse d'activités de transport à la demande, de la réparation et mise à disposition de véhicules (vélo, deux-roues motorisé, voiture), etc. Elles se sont réunies au sein du réseau « Mob'In Corsica » en 2017, antenne régionale du réseau national Mob'In France, dont les principaux administrateurs sont issus du réseau FARE (créé au début des années 2000). Ce réseau couvre les principales micro-régions de Corse tout en ayant des expertises multiples dans le champ de la mobilité : diagnostic mobilité, atelier vélo, garage solidaire, auto-école sociale, vélo-école, location solidaire...

Ce réseau ainsi que d'autres acteurs a été associé par le groupe de travail de la Collectivité de Corse sur "L'Economie Sociale et Solidaire en faveur d'une mobilité plus durable et inclusive". Le plan d'actions doit être approuvé par l'Assemblée de Corse en 2021.

Perspectives de développement durable en termes de mobilité

Le désengorgement des pôles urbains est une nécessité ; il constitue un enjeu en matière d'amélioration de la qualité de l'air et de la qualité de vie.

En termes de planification (PDM)

Des actions planifiées dans le domaine de l'urbanisme et des transports (plans de circulation, développement des transports en commun et des modes actifs, création d'aménagements cyclables) commencent à émerger au niveau des communautés d'agglomérations et de communes.

 

La CAPA a validé, en mars 2019, un nouveau plan de déplacements urbains (PDU) pour la période 2019-2029. Celui-ci vient dans la lignée du PDU adopté en 2006 visant à diminuer le nombre de véhicules et à développer l'offre de transport public et les liaisons douces.

 

Du côté de la CAB, plusieurs planifications sont en cours ou à l'étude :

  • Révision de l'Agenda d'Accessibilité Programmé (ADAP) des transports
  • (2019)
  • Schéma Communautaire des liaisons douces (2020)
  • Révision et approbation d'un Plan Global des Déplacements (prévu pour Avril 2021)
  • Projet de Plan de Mobilité d'Administration (2022)
  • Mise en place du comité des partenaires, notamment pour suivi des plans de mobilité des entreprises

 

La communauté de communes Sud Corse (CCSC) doit délibérer fin mars 2021 sur sa volonté à prendre la compétence mobilité. À ce stade, la CCSC doit fédérer les acteurs publics et privés qui contribueront à la mise en œuvre d'actions de mobilité sur le territoire de l'AOM. Cette stratégie est en phase de construction et de diagnostic. Elle dispose d'un Plan de mobilité simplifié permettant de tracer une feuille de route pour la période 2020-2025 tout en incluant les prestations déjà effectives sur le territoire Sud Corse et répondant à la demande globale de Mobilité. Pour ce faire différents axes ont été identifiés :

  • Rendre visible et accessibles les offres de mobilités sur et en relation avec le territoire.
  • Faire du transport en commun un mode durable et attractif à la voiture particulière sur le territoire.
  • Faire des modes actifs une solution de mobilité alternative crédible pour tous les publics.
  • Favoriser les déplacements des publics Jeunes et des publics captifs.
  • Promouvoir les pratiques altermodales (électromobilité, covoiturage, tiers-lieux,...)

La politique de la CCSC est de dérouler l'ensemble des stratégies définies. Elle va réaliser un diagnostic sur les transports existants sur le territoire et envisager les pistes de réflexion permettant d'optimiser les services aux usagers.

 

 

Figure 55 : Réseau Mob'in Corsica

En termes d'infrastructures

Une liaison maritime interne au golfe d'Ajaccio (Porticcio - centre ville d'Ajaccio) a été mise en place en 2015. Elle permet de relier les deux rives du golfe selon deux tarifications : 20 euros par mois pour les abonnés et 8 euros l'aller retour pour les passagers occasionnels. Une tarification inter-modale est à l'étude et devrait voir le jour en septembre 2022. Ce service de la CAPA transporte environ 120.000 voyageurs par an.

 

A Ajaccio, les transports en commun prennent de la hauteur, avec le projet de liaison par câble Saint- Joseph - Mezzavia, nommé "Angelo". C'est un mode de transport collectif dans lequel les passagers voyagent dans des cabines suspendues à des câbles aériens. Très efficace, lorsqu'il s'agit de franchir des obstacles, il connaît en zone urbaine un essor depuis quelques années et serait la première installation de ce type en Corse. Ainsi, la CAPA prévoit-elle de relier les deux principales entrées de la ville d'Ajaccio (Mezzavia et St Joseph) et de desservir la zone du Stiletto qui accueillera en 2021 le nouvel hôpital et accueille un nouveau collège depuis 2019.

 

En matière de transport ferroviaire, les perspectives d'amélioration sont les suivantes :

  • levée des ralentissements grâce aux travaux de modernisation de l'infrastructure (ouvrages d'art, passages à niveaux, sécurisation des parois rocheuses) ;
  • déploiement de la commande centralisée sur tout le réseau, première phase de Bastia à Ajaccio, deuxième phase le tronçon de Ponte Leccia à Calvi ;
  • création de points de croisements supplémentaires entre autre sur Bastia (Bassanese) et Ajaccio (Caldaniccia) ;
  • création de nouvelles haltes dans les périurbains (Les Cannes, Fornaccina) ;
  • modernisation de l'ensemble des gares et haltes du réseau avec une priorité sur l'axe Bastia- Casamozza ;
  • mise en conformité des gares principales pour l'accessibilité des personnes à mobilité réduite.

En termes d'information des voyageurs et billettiques

Des données concernant les horaires des transports ferroviaires et autocars sont disponibles à partir de l'open data de la Collectivité de Corse.

La CAPA a équipé ses autobus d'un système d'aide à l'exploitation et d'information voyageur (SAEIV) qui permet le suivi en temps réel des véhicules pour le gestionnaire mais aussi pour les usagers. Les usagers ont accès à cette information par plusieurs moyens : bornes d'Informations Voyageurs aux arrêts (50 BIV solaires), site internet dédié, application mobilité "CAPA MOVE". Les données temps réelles seront disponibles en Open Data en 2021 dans le format GTFS-RT.

Une billettique sans contact sera installée en 2021 dans le cadre d'une action coordonnée avec la CDC. Pour autant, la CAPA met déjà en œuvre les moyens d'acquisition de titres de transport dématérialisés (tickets SMS, achat de titre unitaire ou multiple et abonnement via une application et internet.

En termes de nouvelles alimentations énergétiques

La Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) co-élaborée par la CDC et l'État prévoyait le développement d'infrastructures de recharge électrique estimé à 700 points de charge d'ici 2023. Le développement de la mobilité électrique doit être encadrée du fait de la spécificité insulaire de la Corse : en effet, une croissance incontrôlée pourrait mener à un bilan environnemental moins bon qu'en ayant recours à des véhicules thermiques récents. Par ailleurs, la PPE envisage le déploiement de sept stations de recharge à hydrogène d'ici 2020.

 

 

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