La maîtrise de l’énergie et le développement des énergies renouvelables

Barrage de l’Alesani

La Corse dispose d’un important potentiel de développement des énergies renouvelables (ENR), qu’elles soient hydroélectriques, éoliennes, solaires ou végétales et leur contribution constitue un axe déterminant pour le dessin des ressources énergétiques de la Corse de demain.La demande électrique corse est particulièrement sensible à l’aléa climatique. On estime que 37 % de la consommation est dépendante du climat (température, nébulosité, etc.) au travers du chauffage (24 %) et de la climatisation (13 %). Plus des deux tiers de cette consommation est réalisé par les particuliers et le secteur du « petit tertiaire » tandis que le reste relève du « gros tertiaire » et à l’industrie. Il y a ainsi un gisement d’économies d’énergie très important dans ces différents secteurs. Une nouvelle réglementation thermique pour les constructions neuves entre en vigueur afin de consacrer les efforts dans l’existant. Des campagnes promotionnelles d’équipements performants auprès du grand public, des dispositifs d’aides complémentaires au crédit d’impôt et des moyens importants pour les collectivités et professionnels ont été engagés ces dernières années par la CTC, l’Ademe et EDF afin de mieux consommer et de développer les énergies renouvelables de production de chaleur comme d’électricité.

L’énergie hydroélectrique constitue un enjeu fort qui nécessite des compromis difficiles. Les aménagements doivent rester cohérents avec les objectifs de la directive cadre sur l’eau. La gestion et l’exploitation de ces ouvrages devra intégrer les enjeux environnementaux, tels que la préservation des différents habitats de la faune aquatique et du cycle thermique des cours d’eau, le respect des équilibres et des relations entre les milieux, et le transit des matériaux solides. Le développement de la micro-hydraulique nécessite une approche globale, à travers la démarche concertée de classification des cours d’eau.

L’énergie solaire est en fort développement depuis 2010 en Corse, à travers le dispositif élaboré en 2009 par la CTC pour une répartition harmonieuse des installations sur le territoire, tenant compte de la limite d’intégration de ce type de production électrique sur le réseau.
La stabilité du réseau électrique dépend de l’adéquation à chaque instant de la puissance totale appelée par les clients et de la puissance injectée dans le réseau. En cas de chute brutale de la production (nuages, vent faiblissant) la perte de cette puissance fournie par les installations solaires ou éoliennes doit pouvoir être compensée rapidement par d’autres moyens de production sous peine de risquer une chute du réseau (délestage) en cascade.

Cette problématique concerne particulièrement la Corse, qui dispose d’un réseau faiblement interconnecté avec le continent, via les câbles SACOI et SARCO. Afin de limiter les risques liés aux variations soudaines de la puissance électrique fournie par ces énergies à caractère fatal et aléatoire, la règlementation impose de limiter leur injection sur le réseau à 30% maximum de la puissance active totale transitant sur le réseau. Ce seuil atteint, à un instant donné, une partie des installations raccordées est alors déconnectée temporairement du réseau pour garantir sa stabilité.

Parc photovoltaïque à Corte

Les premières déconnexions d’installations éoliennes ou photovoltaïques ont été appliquées en 2012. Les nouvelles installations solaires devront intégrer un dispositif de stockage de l’énergie, à l’instar du projet expérimental Myrte (pile à hydrogène) ou par la technologie du solaire thermodynamique, pour s’affranchir des risques de déconnexion qui conditionnent la rentabilité des projets.

La production éolienne est actuellement assurée par trois parcs en activité, deux autres parcs étant en projet (Meria et Marsolino). Le développement de l’éolien doit être réalisé dans une logique d’intégration paysagère optimisée. À cet effet, un schéma régional éolien a été élaboré par la CTC en 2007. Pour ce qui concerne l’éolien en mer, les premières études menées à ce jour révèlent des possibilités restreintes d’implantation en Corse. Néanmoins, le seuil d’intégration des énergies intermittentes étant atteint, le développement de cette filière dépend des innovations en termes de stockage.

La production de chaleur à partir du bois- énergie est majoritairement générée par les installations de chauffage individuelles des ménages (75 à 100 GWh/an). Il faut y ajouter une dizaine de chaufferies collectives (environ 28 GWh/an), dont celle alimentant le réseau de chaleur de Corte. Cependant la Corse dispose d’un potentiel important de développement de cette source énergétique (avec un potentiel de multiplication par quatre de la capacité estimé à l’horizon 2050), passant par une meilleure mobilisation de la ressource en bois des forêts par une structuration de filière.

Un appel à candidatures a été engagé en 2012 par la Collectivité territoriale de Corse, l’Ademe et EDF pour l’installation de 25 nouvelles chaufferies à bois sur les trois prochaines années. L’extension du réseau de chaleur de Corte, avec un projet de co-génération, est également à l’étude.

Le développement des énergies renouvelables fait l’objet d’une réflexion concertée approfondie dans le cadre de l’élaboration du Schéma régional climat air énergie.

Parc éolien et ancien moulin du Cap Corse

 

 

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