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Les risques naturelsLa Corse est principalement concernée par les inondations à caractère torrentiel, les incendies de forêt, les mouvements de terrains, les avalanches et les risques littoraux. À ces risques s'ajoutent les risques liés à la radioactivité et à l'amiante dans le milieu naturel. Les autres risques sont moins prioritaires sur le territoire corse car plus rares bien que non négligeables, comme les séismes, ou plus ponctuels comme le risque de retrait et de gonflement des argiles et les risques liés aux cavités souterraines. L'information du citoyen est assurée via les sites internet nationaux (portail interministériel de prévention des risques majeurs, site Géorisques, site Infoterre du Bureau de recherche géologique et minière), les sites régionaux (site de l'Observatoire du développement durable de Corse, site du Réseau d'observation du littoral corse), mais également via la diffusion des DDRM par les sites Internet des préfectures de département, et par les communes. Selon l'article L. 125-2 du code de l'Environnement, c'est aux maires que revient, in fine, la responsabilité de mettre en œuvre tout une série d'actions d'information de leurs administrés sur les mesures de prévention, de protection, d'alerte et de sauvegarde répondant aux risques majeurs susceptibles d'affecter leur territoire. Ainsi les communes informent notamment leurs administrés sur les mesures de sauvegarde répondant aux risques naturels majeurs sur leur territoire via un document d'information communale sur les risques majeurs (DICRIM). Afin d'augmenter le nombre de DICRIM existants, il est nécessaire de poursuivre les efforts engagés pour inciter les communes à élaborer et diffuser ce document d'information préventive.
État d’avancement des procédures en 2020 (communes disposant d’au moins un PPR approuvé ou prescrit). Le risque inondationPrésentation du territoire, données historiques, effets du changement climatiqueDe par son climat méditerranéen et ses caractéristiques géomorphologiques, la Corse est soumise, notamment à l'occasion des fortes pluviométries du printemps et de l'automne, à des risques d'inondation notables. Ces inondations sont souvent localisées mais parfois très intenses (jusqu'à plusieurs centaines voire milliers de m³/s en crue centennale). Elles sont dues soit à des débordements de cours d'eau (crues torrentielles ou lentes de plaines), soit à un ruissellement important. Le risque d'inondation est souvent amplifié par la hausse du niveau de la mer due à une dépression, à des vents violents et à une forte mer qui empêche ou ralentit au droit des embouchures le rejet des eaux pluviales par les cours d'eaux littoraux. Plusieurs inondations marquantes ont touché la Corse au cours des dernières décennies :
Ces phénomènes sont également amplifiés par les effets du changement climatique. Ainsi, une altitude plus élevée de la limite pluie-neige lors d'un épisode de fortes intempéries a pour conséquence d'augmenter les cumuls de pluie. Dans d'autres cas, une brusque montée des températures après un épisode neigeux, associée à de fortes pluies, peut également causer des inondations importantes, comme cela s'est produit en février 2014 en Corse-du-Sud.
Le cadre global de la prévention : la directive « Inondation »La directive européenne « Inondation » (DI), transposée par la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement (« Grenelle 2 »), constitue le cadre global de l'action de prévention des risques d'inondation. Elle incite à une vision stratégique du risque, en mettant en balance l'objectif de réduction des conséquences dommageables des inondations et les mesures nécessaires pour les atteindre. La DREAL Corse, avec l'intervention des DDTM, met en œuvre cette directive européenne sur l'évaluation de la gestion des risques d'inondation. Le premier cycle de cette démarche s'est déroulé sur la période 2010-2015, le second est en cours :
Le Plan de Gestion des Risques Inondation de Corse (PGRI)Objectifs poursuivis et dispositions pour les atteindreLe PGRI donne une vision stratégique des actions prioritaires à mettre en œuvre afin de réduire les conséquences dommageables des inondations. Il s'articule avec le SDAGE au travers de dispositions communes visant à réduire les risques d'inondation en tenant compte du fonctionnement naturel des milieux aquatiques.
Ces objectifs sont ensuite déclinés par les parties prenantes, notamment à l'échelle des territoires à risque important d'inondation (TRI) au travers de « stratégies locales », intégrant les outils de gestion existants (plans de prévention des risques inondations (PPRI), programmes d'actions de prévention des inondations (PAPI), schémas de gestion, etc). Cette démarche est menée en Corse-du-Sud par la communauté d'agglomération du Pays ajaccien sur le TRI d'Ajaccio (stratégie locale de gestion des risques d'inondation (SLGRI) arrêtée le 15 décembre 2017), et en Haute-Corse par la communauté d'agglomération de Bastia (SLGRI arrêtée le 28 janvier 2019) et la communauté de communes de Marana-Golo (SLGRI arrêtée le 27 décembre 2019), avec l'appui technique des services de l'État. Mieux connaitre pour agirLes dispositions de ce chapitre portent principalement sur 2 thématiques :
Ainsi, il existe, sur la Corse, un atlas des zones inondables (AZI), cartographie qui délimite les emprises des phénomènes d'inondation par débordement des principaux cours d'eau du bassin. Il ne concerne pas les autres phénomènes d'inondation tels que le ruissellement pluvial et la submersion marine. L'élaboration de l'AZI repose uniquement sur une approche hydrogéomorphologique des cours d'eau. Il n'a donc pas la précision d'une étude hydraulique, et ne comporte pas d'information caractérisant l'écoulement (hauteur d'eau, vitesse d'écoulement, cote des plus hautes eaux). Néanmoins, les secteurs identifiés par l'AZI sont susceptibles d'être impactées par un aléa d'inondation plus ou moins conséquent selon l'intensité d'une éventuelle crue. A ce titre, lors de l'élaboration des projets d'urbanisme (actes d'urbanisme, gestion des droits du sol, document d'urbanisme...) et dans un objectif de sécurité des biens et des personnes, l'urbanisation sur ces territoires doit prendre en compte cette connaissance des zones inondables, notamment en l'absence de PPRi ou d'étude hydraulique disponible. L'AZI n'est pas un document opposable, contrairement à un plan de prévention des risques naturels (servitude d'utilité publique). Cependant, par l'usage de l'article R.111-2 du Code de l'urbanisme1, des projets peuvent être interdits, ou acceptés sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales, en raison de la dangerosité estimée du site. Une doctrine d'application a ainsi été validée en janvier 2019 et transmise à l'ensemble des maires de Corse. Elle vise à harmoniser au niveau régional les principes généraux appliqués pour la prise en compte de l'AZI en matière d'urbanisme. Destinée à faciliter l'analyse des différents actes d'urbanisme par les instructeurs du droit des sols (en interne aux DDTM de la Haute-Corse et de la Corse-du-sud comme en externe pour les collectivités territoriales en charge de l'instruction des actes d'urbanisme), elle définit un premier niveau d'interprétation de l'AZI, et propose des prescriptions réglementaires appropriées à la plupart des cas rencontrés.
Prévenir et ne pas accroître le risqueLa finalité est de ne pas créer de nouveaux enjeux et d'adapter ceux existants dans les zones d'aléa fort, par la prise en compte de l'AZI et l'élaboration de plans de prévention des risques d'inondation (PPRi). Après les crues dévastatrices de 1993, dans le cadre du « programme de prévention contre les inondations liées au ruissellement pluvial urbain et aux crues torrentielles » lancé en 1994 par le Ministère de l'Environnement (Direction des Risques Majeurs), les deux départements de la Région Corse, comme 22 autres départements du sud de la France, ont fait l'objet d'une étude visant à recenser sur ces territoires les zones exposées à des inondations brutales (Etude BCEOM 1994). Ce diagnostic a été établi par bassin versant, à partir d'événements constatés ou en fonction de fortes présomptions en raison de leur configuration topographique et de la présence d'enjeux à proximité des cours d'eau. Un document de synthèse a été restitué en 1994 identifiant, sur chacun des départements, les bassins versants prioritaires devant faire l'objet de PPRI. Sur la base de ce document, une programmation pluriannuelle des Plans de Prévention des Risques inondation a été mise en œuvre en Corse au titre de la politique de prévention des inondations. Ainsi, pour maîtriser l'urbanisation dans les zones fortement exposées aux inondations et pour ne pas aggraver la vulnérabilité des enjeux face à ce risque, des PPRI ont donc été prescrits sur la quasi-totalité des bassins versants identifiés dans l'étude BCEOM de 1994 évoquée précédemment. En 2019, 118 communes sont couvertes par un PPRI approuvé sur la région, ce qui couvre la totalité des communes à risque d'inondation important. Au regard de la couverture actuelle des bassins versants à enjeux par des PPRi, il n'apparaît pas prioritaire de réaliser des PPRi sur de nouveaux territoires. Cependant, l'ancienneté de nombreux PPRi nécessite de s'interroger sur leur adéquation à la situation actuelle et donc l'efficacité de leur mise en œuvre et un certain nombre de révisions sont en cours.
Réduire la vulnérabilitéCette réduction de la vulnérabilité concerne principalement deux thématiques :
Voir le chapitre « Les sports et loisirs liés à la nature »
Préparer la gestion de crisePour ce faire, 3 objectifs sont poursuivis : 1. développer les démarches d'accompagnement des élus pour les préparer à la gestion de crise, notamment en mettant en place des outils facilitant la rédaction des Plans Communaux de Sauvegarde ; En effet, en Corse, les phénomènes liés aux inondations sont particulièrement rapides, laissant peu de marge à la prévision ou au déclenchement préalable de procédures de sauvegarde des personnes et des biens. L'une des premières priorités a donc été d'améliorer la connaissance de la pluviométrie et de l'hydrométrie en densifiant les réseaux de mesure, et de créer des systèmes d'alerte locaux (SDAL) et/ou d'anticipation des crues soudaines. L'amélioration de la prévision des précipitations en Corse repose notamment sur la récente implantation d'un radar météorologique à Ajaccio, qui permet de compléter la zone de couverture du radar d'Aléria. En parallèle, le service de prévision des crues Méditerranée Est (SPC ME) assure une veille hydrologique sur un certain nombre de cours d'eau, dont la Gravona, le Rizzanese, le Golo et le Tavignano, de façon prioritaire. Cette veille hydrologique s'appuie sur une méthode d'analyse qui prend en compte les pluies prévues dans les 48h et l'humidité du sol et une carte de sensibilité hydrologique permettant d'estimer l'atteinte de seuils hydrologiques (débits de période de retour 2 ans, 5 ans...) en fonction des cumuls pluviométriques attendus. Par ailleurs, à partir du lancement de Vigicrues en Corse en septembre 2020, la procédure de vigilance crues sera active 7j/7, 24h/24 sur les tronçons Golo amont, Golo aval et Tavignano aval et reposera sur la mise à disposition d'infos au grand public sur le site Vigicrues, comme pour les autres territoires métropolitains.
Réduire les risques d'inondation à l'échelle du bassin versant en tenant compte du fonctionnement naturel des milieux aquatiquesCette orientation est commune avec le SDAGE. La lutte contre les effets parfois dévastateurs des crues suppose l'application du principe de prévention et la mise en œuvre du principe de solidarité amont-aval s'appuyant sur le respect du fonctionnement naturel des milieux aquatiques : dans ce cadre, une articulation avec les objectifs environnementaux de la DCE et donc du SDAGE doit être recherchée. La préservation des zones d'expansion de crues, ou de l'espace de mobilité des cours d'eau, constitue en effet des dispositions dont les bénéfices multiples profitent à l'atteinte des objectifs environnementaux mais également à la réduction de l'aléa. Il apparaît alors important que les bénéfices environnementaux soient optimisés dans les différents scenarii de prévention des inondations. Depuis le 1er janvier 2018, l'exercice de la compétence «Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations» (GEMAPI) par les intercommunalités permet de rechercher la protection des populations exposées et la réduction de l'aléa en poursuivant les objectifs suivants :
En effet, les actions entreprises par les intercommunalités dans le cadre de la GEMAPI sont définies ainsi par l'article L.211-7 du code de l'environnement :
Le volet « prévention des inondations » de la GEMAPI est plus particulièrement constitué par les actions de type « aménagement de bassins versants » et bien sûr « défense contre les inondations et contre la mer », sans qu'il soit interdit de recourir aux autres actions. Ainsi, le bon entretien des cours d'eau contribue à ce que les conséquences d'une crue ne soient pas aggravées par la présence d'embâcles. Cependant, comme c'était le cas jusqu'ici, l'entretien régulier des cours d'eau non domaniaux (ce qui est le cas de tous les cours d'eau en Corse) reste en premier lieu du ressort des propriétaires riverains. La collectivité n'a vocation à intervenir qu'en cas de défaillance du propriétaire, ou pour des opérations d'intérêt général ou d'urgence. Un outil au service des territoires : le PAPILes programmes d'actions de prévention contre les inondations (PAPI), lancés en 2002, ont pour objet de promouvoir une gestion intégrée des risques d'inondation en vue de réduire leurs conséquences dommageables sur la santé humaine, les biens, les activités économiques et l'environnement. Outil de contractualisation entre l'État et les collectivités, le dispositif PAPI permet la mise en œuvre d'une politique globale, pensée à l'échelle du bassin de risque. La commission mixte « Inondation » a labellisé en octobre 2012 le premier programme d'action de prévention des inondations en Corse qui concerne la ville d'Ajaccio. Des actions sont prévues dans le cadre de ce PAPI jusqu'en 2023 et portent sur différents axes de travail : amélioration de la connaissance du risque, prévision des inondations, ralentissement des écoulements, ouvrages de protection hydraulique... Un PAPI d'intention est également en cours de validation sur le grand Bastia. Enfin, sur le TRI Marana-Golo, la stratégie locale de gestion du risque inondation a également vocation à être déclinée opérationnellement via un PAPI.
1. « Le projet peut être refusé ou n’être accepté que sous réserve de l’observation de prescriptions spéciales s’il est de nature à porter atteinte à la salubrité ou à la sécurité publique du fait de sa situation, de ses caractéristiques, de son importance ou de son implantation à proximité d’autres installations. »
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