Des surfaces cultivées qui évoluent


Les surfaces cultivées (terres arables et cultures permanentes) ont diminuées de 10 % en dix ans (sont en particulier concernées les surfaces en kiwi, vigne, amandiers, pruniers et agrumes).

Traditionnellement prédominantes en Castagniccia, les châtaigneraies font exception et se maintiennent autour de 1 000 ha. La châtaigne, dont la culture est généralement conduite de façon très extensive, est valorisée quasi-intégralement sous forme de farine. On estime également que le châtaignier est présent sur près de 6 000 ha de parcours destinés aux animaux, en particulier les porcins.

Les superficies en pêcher et en olivier progressent. L’oliveraie traditionnelle extensive est plutôt localisée sur le territoire balanin, alors que les nouveaux vergers, plus denses et irrigués, se développent un peu partout sur le littoral.

Une plus value identitaire et environnementale à construire et à faire valoir

Troupeau de bovidés et zone humide de l'embouchure

Prunelli-Gravona

Le terroir naturel, par son climat et son relief, oriente l’agriculture vers des productions qui ne sont pas des productions en volume. En Corse, c’est le terroir plus que le marché qui crée l’opportunité agricole. Ainsi, le modèle prédominant est inscrit dans une démarche qualité de valorisation des ressources locales. Il s’appuie sur la reconnaissance de variétés domestiques locales (cépages corses, variétés d’olives et de châtaignes, clémentine, races animales, abeille de Corse) adaptées aux terroirs naturels et sur les savoir-faire traditionnels de transformation. Caractérisée par de petits volumes, des coûts de production et de transports élevés et affectée par des modes de consommation plus tournés vers une offre générique que vers une offre de produits de terroirs, l’agriculture corse reste compétitivement fragile.

Les efforts portés sur la qualité et la traçabilité doivent permettre de la consolider et de résorber la part d’agriculture informelle qui subsiste encore aujourd’hui (abattage clandestin, importations de lait, etc.).

L’organisation des producteurs a permis d’aboutir à la certification de tout un ensemble de produits. On dénombre neufs territoires d’appellation d’origine pour le vignoble et sept obtentions AOC-IGP sur les autres productions : IGP clémentine, AOC huile d’olive, AOC farine de châtaigne, IGP noisette de Cervioni, IGP pomelo; pour le fromage AOC Brocciu ; pour la charcuterie AOC Prizuttu, Lonzu, Coppa di Corsica.

Par ailleurs, depuis 2007, une réelle dynamique de conversion vers l’agriculture biologique est observée, en particulier dans les filières fruits secs (châtaigne, amande, noisette) mais aussi en viticulture et en élevage bovin. En 2010, on dénombre 222 exploitations agricoles certifiées « bio » ou en conversion, mettant en valeur 8 132 hectares sur l’ensemble de la région, soit 5 % de la SAU Corse.

En 2007 comme en 2012, on compte seulement trois exploitations qualifiées au titre de l’agriculture raisonnée, toutes les trois en productions végétales.

D’une manière plus générale, la certification environnementale au sens large (diagnostic environnementaux, adoption de cahiers des charges, engagement carbone, etc.) constitue une réelle opportunité pour la production corse et une thématique de recherche et développement à conforter.

La question foncière

Un enjeu majeur du secteur agricole est l’installation. Elle est fortement pénalisée par un accès au foncier de plus en plus difficile :

  • conflits d’intérêts et spéculation foncière en zone péri-urbaine;
  • morcellement, déficit de titres de propriétés et indivision en zone rurale profonde;
  • étalement urbain qui réduit les espaces cultivables, déjà peu représentés en Corse, et les fragmente accélérant ainsi la déprise.

La pression d’urbanisation s’exerce en Corse sur les rares terres profondes et peu pentues dans les zones péri-urbaines, dans les plaines et les vallées. Les effets indirects de l’urbanisation sur l’agriculture sont nombreux et ont un impact probablement bien plus fort que la seule consommation des espaces agricoles (pression spéculative, refus d’octroi des baux agricoles, droits d’exploiter tacites sous réserve de ne pas déclarer à la PAC, etc.). Les zones périphériques d’Ajaccio et de Bastia, les zones littorales sont particulièrement touchées par le phénomène. Les cultures pérennes (vignes, oliveraies,vergers) y sont un peu moins sensibles que les prairies.

À l’inverse de ce qui se passe sur le littoral ou en périphérie des villes, voire des villages, un accès juridiquement sûr aux terrains agricoles de l’intérieur est rendu difficile par leur trop faible valeur. En effet, compte-tenu des moyens qu’il faut mettre en œuvre pour résoudre les indivisions, les héritages, les difficultés de mutation propres aux biens non délimités, le « désordre » foncier perdure et les exploitants sont contraints d’exercer leur activité sans droit juridiquement établi sur les terrains qu’ils exploitent.
L’achat du minimum de terrain nécessaire à l’édification d’un bâtiment d’élevage permettant une capitalisation minimale est souvent difficile dans ces conditions. L’absence d’investissement même réduit sur les terrains (clôtures, points d’eau, etc.) maintient les valeurs agricoles et par là leur prix à des niveaux trop faibles pour inciter les propriétaires à la reconstitution des titres de propriété.

Dans ces espaces, les associations foncières pastorales permettent de sécuriser, dans un cadre collectif, le lien juridique entre les exploitants et les terrains qu’ils exploitent malgré l’absence de titre de propriété et les indivisions non résolues.

Une nécessaire adaptation au changement climatique et aux crises sanitaire

D’une part le changement climatique a une incidence directe sur la production en Corse (fourrages et vergers pénalisés par la pluviométrie insuffisante et irrégulière par exemple) et d’autre part, la mondialisation des échanges expose notre région à l’introduction de pathogènes divers (fièvre catarrhale ovine, peste porcine dans le monde animal; charançon rouge du palmier, cynips du châtaignier dans le monde végétal).

La conjonction de ces deux paramètres favorise l’implantation durable des pathogènes introduits et l’émergence possible de crises sanitaires importantes.

En cas de sécheresses et/ou d’épisodes venteux (plus fréquents, plus intenses ou d’une durée plus importante) le risque d’incendie pourrait être démultiplié. Les incendies peuvent entraîner une forte dégradation des sols, dans certains cas, leur stérilisation et une importante érosion dans les pentes. Dans tous les cas c’est aussi le potentiel productif des agriculteurs qui est sévèrement endommagé, parfois de manière durable.

Voir les chapitres "Les risques naturels" et "Les risques industriels et technologiques".

 

 

Plaines et collines exploitées en Balagne

 

L’empreinte environnementale de l’agriculture

L’analyse des interactions entre agriculture et environnement permet d’établir un état des lieux de l’empreinte environnementale de l’agriculture sur l’environnement.

Sur l’équilibre territorial

L’agriculture représente moins de 3 % du PIB mais constitue la principale activité utilisatrice d’espace en milieu rural. Elle permet de développer de l’emploi disséminé dans l’espace rural et favorise la valorisation des ressources locales et les débouchés de proximité. Ainsi, le maintien et l’augmentation de l’activité agricole constituent une priorité régionale dans sa stratégie de développement durable. Pour la Corse, le Plan régional d’agriculture durable fait partie intégrante du Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse (PADDUC) en cours de réalisation. La délibération du 26 juillet 2012 de l’Assemblée de Corse, qui en fixe les orientations stratégiques, précise en particulier que le PADDUC formulera des préconisations et définira des cartographies sur des espaces considérés comme stratégiques. Il proposera des dispositifs normatifs pour la protection des espaces à potentialités agricoles et forestières afin de favoriser la production agricole dans son ensemble, et notamment l’auto-approvisionnement, ainsi que le soutien aux produits à forte typicité; ces protections pourront être couplées à des mécanismes d’aménagement foncier concourant à la mobilisation effective du foncier agricole, ou donner lieu à des mécanismes de compensation.

Sur la biodiversité et les paysages

Élevage et porcs

Les différents types de production participent largement au maintien d’espaces ouverts, à la protection contre les incendies, à la régulation des nappes et favorisent la biodiversité et l’attractivité des paysages.
L’agriculture valorise les races et variétés domestiques locales et constitue une réelle opportunité de poursuivre et développer leur conservation, leur sélection et leur diffusion au bénéfice de la biodiversité.
Les incendies d’origine pastorale ont fortement diminués.

Voir les chapitres "Les risques naturels" et "Les risques industriels et technologiques".

La divagation animale constitue un mode d’utilisation non maîtrisée de l’espace et des ressources souvent incompatible avec la gestion spécifique des espaces naturels et forestiers. Elle provoque des conflits d’usages et est source potentielle de risques sanitaires.

Sur les pollutions

Au niveau des bassins versants, on n’observe pas significativement de pollutions diffuses liées aux activités agricoles. L’état environnemental des cours d’eau est satisfaisant.

Voir le chapitre "La qualité des eaux".

Les pollutions ponctuelles (pesticides, notamment herbicides, et rejets des unités artisanales agro-alimentaires) ont peu d’influence sur l’état chimique des masses d’eau superficielles et souterraines mais peuvent nuire à la qualité des productions et favoriser des pollutions locales en bas de pente ou pour les cultures suivantes. Selon la note de suivi du plan Écophyto 2008-2009, les quantités de substances actives (QSA) vendues ont diminué de façon sensible (– 19,5 %) en Corse, mais le nombre de doses utilisées (NODU, indicateur pondérant les volumes bruts vendus par une dose de référence ou dose-unité propre à chaque substance active) a, lui, légèrement augmenté sur la même période (+ 1,02 %).

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