Les micro-polluants

La pollution par ces substances dangereuses reste faible et localisée dans le bassin de Corse. Elle influe peu sur l’état chimique des masses d’eau. Ce constat mérite d’être conforté par une amélioration de la connaissance sur la qualification et la quantification des substances dangereuses émises.  En 2015, une surveillance pérenne des substances dangereuses (RSDE) dans les rejets aqueux est effectuée pour cinq installations classées pour la protection de l’environnement (hors agroalimentaire) et huit stations de traitement des eaux usées de capacité supérieure à 10 000 EH. Les substances surveillées sont essentiellement le cuivre et le zinc.

Les pollutions d’origine agricole et agro-alimentaire

Les rejets des établissements industriels sont nombreux, en particulier les unités artisanales du secteur agroalimentaire (caves viticoles, ateliers de transformation charcutiers, fromageries, abattoirs). Ces dernières années, des progrès ont été accomplis pour identifier les sources de pollution et les établissements importants se sont dotés de système de traitement des effluents et/ou ont signé, avec les collectivités, des conventions spéciales de déversement de leurs eaux usées dans le réseau public d’assainissement collectif.

Concernant les pollutions diffuses agricoles issues des élevages, la profession agricole et certaines collectivités se sont engagées, dans une démarche concertée, à diagnostiquer les sources de pollutions et à rechercher des solutions viables et efficaces.

Les pollutions diffuses des eaux semblent peu influer sur l’état chimique des masses d’eau.

Dans le cadre du plan Ecophyto I dont l’objectif était de réduire de 50 % l’utilisation des produits phytopharmaceutiques dans un délai de dix ans, un plan d’action sur la région corse a été élaboré et validé en décembre 2013. Ce plan d’action est structuré autour de huit axes dont notamment la mise en avant de la formation ainsi que de la professionnalisation, la réduction et la sécurisation de l’usage de produits phytopharmaceutiques en zones non agricoles, le suivi biologique et le développement des bonnes pratiques. Pour ce dernier axe, un groupe de Suivi de la pollution des eaux par les produits phytosanitaires (SPEPP) a été créé afin de suivre les actions spécifiquement liées à la pollution potentielle ou réelle des eaux. Un premier état des lieux a été réalisé en 2011 sur la base des données acquises de 2007 à 2010 pour les lagunes de la façade orientale et de celles acquises en 2011 pour douze cours d’eau.
Sur la période 2007-2011, 39 molécules ont été recensées, dont 15 interdites à la vente telles que l’atrazine, le diuron et la simazine.

Le Programme de développement rural de la Corse (PDRC), outil de la politique agricole commune soutient la mise en oeuvre de mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) visant notamment à protéger la ressource en eau. Les actions s’attachent à limiter les intrants dans les cours d’eau, contribuant ainsi à la réduction des pollutions d’origine agricole. Les MAEC comprenant un engagement relatif aux intrants couvrent fin 2015 environ 1 645 ha, correspondant à 115 contrats.

Les pressions dues aux activités de loisirs

Face au développement des activités sportives et de loisirs sur les cours d’eau et le littoral, l’évaluation des pressions générées par ces activités reste encore très sommaire. Il est donc nécessaire de pouvoir mieux observer et mesurer les impacts écologiques de celles-ci à l’avenir. L’observatoire Medobs a pour objectif d’assurer une veille de la qualité du milieu marin à travers l’observation d’événements ponctuels (pollutions, biodiversité, conflit d’usage) et le suivi d’un indice paysager.

Le développement des cyanobactéries

Les excès de nutriments apportés par le bassin versant ont provoqué entre 2010 et 2015 plusieurs épisodes de développement des cyanobactéries dans les plans d’eau artificiels sans toutefois conduire à des concentrations préoccupantes en toxines. Le risque prépondérant concerne l’eau destinée à la consommation humaine.

En Haute-Corse, un Schéma départemental de prévention, de surveillance et de gestion des épisodes de prolifération de cyanobactéries dans les plans d’eau artificiels définit des niveaux d’alerte. Le tableau ci-après rassemble les paramètres qui déterminent ces niveaux :

Dans le plan d’eau de Codole, on note, globalement, une augmentation de la fréquence des alertes de niveau 3. Les atteintes de ces niveaux d’alerte pour la baignade et l’irrigation depuis 2010 sont recensés dans le graphe ci-dessous.

Le plan d’eau de Codole est interconnecté à d’autres ressources (aquifères de la Figarella et Regino, prise gravitaire de la Figarella) pour la desserte en eau potable de l’ensemble des communes de Balagne. En ce qui concerne l’alimentation en eau potable des territoires du Regino et du littoral de Lozari à Algajola, les niveaux de microcystines n’ont jamais été atteints en sortie de station de traitement grâce à un traitement au charbon actif approprié. En ce qui concerne l’alimentation en eau potable de Calvi, Calenzana, Moncale et Lumio, l’absence de traitement approprié a induit l’utilisation d’une autre ressource en eau durant toute la période estivale en 2014 et 2015.

 

Nombre d’atteintes d’un niveau d’alerte par an sur le plan d’eau de Codole
Source : OEHC

 


Le plan d’eau de Figari, desservant une grande partie de l’extrême-sud, n’a jamais atteint le niveau 3 d’alerte durant les années 2012 et 2013 (cinq alertes de niveau 2 ou inférieur en 2012, une alerte de niveau 1 en 2013). Depuis 2013, la présence de cyanobactéries est faible et ne génère plus de blooms.

Le Plan régional santé environnement (PRSE) prévoit de définir et de mettre en oeuvre un plan régional de prévention, de surveillance et de gestion des épisodes de prolifération des cyanobactéries dans les plans d’eau artificiels.

 

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