La filière pêche

Les professionnels sont fédérés au sein du Comité régional des pêches maritimes et élevages marins de Corse mais la filière reste peu structurée.

Les territoires de pêche sont répartis en quatre circonscriptions de pêche appelées prud’homies : Ajaccio, Bonifacio, Balagne et Bastia-Cap Corse. En Corse, la plus ancienne, Bastia - Cap Corse, a été créée en 1801, celle d’Ajaccio (qui regroupe prés de 50 % des effectifs) en 1869, et celle de Balagne et Bonifacio en 1971. Leurs contours ont été redéfinis en 1993.

Zoom sur les prud’homies de pêcheurs

En France, les premières traces de ce type de corporation remontent au Moyen Âge. C’est d’ailleurs sur le modèle des prud’homies de pêcheurs qu’ont été institués, au XIe siècle, les premiers “tribunaux des métiers” chargés de trancher les litiges entre artisans (en l’occurrence les ancêtres des conseils des prud’hommes, tels qu’ils fonctionnent encore aujourd’hui…).
Officiellement entrées dans le droit français en 1481 (sous le règne de Louis XI) puis supprimées à la Révolution, les prud’homies ont retrouvé une reconnaissance juridique au XIXe siècle avec des pouvoirs visant à réglementer l’activité de pêche. De nos jours, bien qu’elles aient perdu de leurs prérogatives, les prud’homies restent omniprésentes sur la côte française méditerranéenne : on en dénombre 36. 


Les entreprises, quant à elles, sont toutes des très petites entreprises (TPE), essentiellement constituées d’un seul salarié (deux au maximum). L’effectif global est d’environ 310 emplois directs, soit 191 patrons et une petite centaine de marins. Le chiffre d’affaires estimé de la filière est de 17 millions d’euros. La moyenne d’âge est assez élevée (50 ans) et en augmentation même si quelques jeunes se 109 tournent vers le métier.

Du point de vue de la structuration commerciale du territoire, les 24 ports insulaires et quelques abris font office de lieux de débarquement. L’ensemble de la production est vendue dans l’île en produits très frais (vente directe, restauration, mareyage).

 

Répartition des métiers de la pêche
Source : OEC, 2016

Les structures de commercialisation des produits sont également très faiblement développées. La filière souffre en particulier de l’absence de criée, de marée, de structure coopérative, de groupement ou d’organisation de producteurs. Cette situation, frein aux potentialités du marché, ne permet pas à l’offre de s’adapter aux fluctuations de la demande notamment en période estivale et pour certaines espèces. Les aménagements de nombreux ports sont inégaux en termes d’équipements professionnels destinés à faciliter la pratique ou à améliorer la qualité de conservation des prises (stations d’avitaillement, aires de carénage, chambre froide, box de rangement des filets, étal de vente) mais de nombreux efforts, financés par la CTC, l’État et l’UE, ont été réalisés ces dernières années à l’initiative des organisations socioprofessionnelles et de certains maîtres d’ouvrage ayant en charge la gestion des ports.

Les manques de la filière ont également pour conséquence de générer des prix importants pour la clientèle locale et touristique qui reste demandeuse de produits de qualité. Ces tarifs rendent le poisson frais local souvent plus cher que le poisson importé. En raison de la faiblesse de la production, des coûts liés aux transports et des insuffisances logistiques, les exportations restent faibles mais tendent à se développer.
 

Le pescatourisme et l’ittitourisme

Capture d'espadons
OEC-RNBB, Laurence Simi

Répondant à une double demande des professionnels qui souhaitent diversifier leurs activités et des habitants et touristes qui veulent mieux connaître le monde de la pêche, l’organisation de sorties en mer sur des bateaux de pêche (pesca tourisme) commence à voir le jour malgré des difficultés techniques (navires souvent peu adaptés, conditions de sécurité à respecter) et administratives (régime d’autorisation, assurances).

Une quinzaine de bateaux en Corse peuvent accueillir de deux à cinq personnes selon le nombre de membres d’équipage présent à bord.

Cette initiative mise en oeuvre dans le cadre du Fonds européen pour la pêche permet d’améliorer l’image du pêcheur dans l’opinion publique. Elle permet aussi de diversifier les revenus des pêcheurs qui valorisent leurs produits au sein de la restauration ou en vente directe.

L’ittitourisme (Le terme « ittitourisme » a été emprunté à l’Italie où cette activité est considérée depuis 2006, avec le pescatourisme, comme le corollaire de l’agritourisme pour le secteur des pêches et des élevages marins) peut être conçu comme une activité complémentaire au pescatourisme (c’est ainsi qu’il a été retenu dans le PADDUC), en permettant aux clients de celui-ci de déguster les produits de la pêche du jour, mais aussi comme une activité de diversification en tant que telle.

Cette activité correspond en France à une définition stricte : « L’ittitourisme doit être considéré comme une activité dans le prolongement et en complément de l’activité principale des professionnels, en tant qu’activité accessoire. Peuvent être utilisés uniquement les produits de la pêche et des élevages marins des professionnels ».

L’objectif principal est d’ouvrir la possibilité aux filières pêche et aquaculture de valoriser directement leurs productions et particulièrement celles qui le sont peu dans les circuits de commercialisation classiques. Il contribue à la promotion des circuits courts et à la valorisation des territoires et peut permettre de soutenir une activité de pêche et de production en dehors de la période touristique. Enfin, il peut être source de revenu pour les conjointes des pêcheurs.

Des études sont actuellement menées car comme pour l’agritourisme, demeurent les difficultés liées à la pluriactivité et au cadre fiscal applicable. (PADDUC, schéma de mise en valeur de la mer livre II)  

 

Une forte implication dans la politique environnementale

La profession a pris conscience de la valeur du patrimoine environnemental corse, de l’intérêt halieutique des mesures de protection (augmentation des prises autour des réserves de Scandola et des Bouches de Bonifacio). Elle contribue activement à la mise en place de mesures de gestion durable de la ressource en partenariat avec les pouvoirs publics et les gestionnaires ou promoteurs d’aires marines protégées : mise en place de cantonnements de pêche, de réserves intégrales, de parcs marins, d’aires marines protégées, de règles locales sur les quantités de filets, les tailles des mailles, les périodes d’interdiction et les tailles de capture, plan Langouste, etc.

Les professionnels adhèrent aujourd’hui à des actions significatives dans le domaine de la diversification, notamment dans le cadre d’un programme d’implantation de récifs artificiels à Biguglia et Ajaccio, principalement dans un objectif d’augmentation de la production halieutique.

 

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