Le risque de mouvements de terrain

Les mouvements de terrain se manifestent par un déplacement plus ou moins brutal du sol ou du sous-sol. Ils résultent d’une susceptibilité géologique, fréquemment aggravée par l’action de l’eau et de l’homme. Le risque de mouvements de terrain englobe les mouvements rapides (éboulements rocheux, coulées boueuses et glissements de terrain), présentant généralement des dangers pour les personnes, et les mouvements dits lents (retrait-gonflement des argiles).

Éboulements rocheux et ravinements

La Corse, région très montagneuse, a une géomorphologie très favorable aux mouvements de terrain, ce qui est aggravé par l’action de l’eau.
Des événements récents, tels que l’éboulement de falaise en zone urbaine sur la commune de Ville di Pietrabugno en octobre 2015 ou les conséquences dramatiques des chutes de pierres survenues sur le cirque de la Solitude (GR20) en juin 2015, illustrent l’importance de connaître et de comprendre les phénomènes de mouvement de terrain afin d’améliorer la gestion des risques associés.

Autre illustration du risque de mouvements de terrain, les falaises côtières de Bonifacio sont concernés par un aléa de chute de blocs, mais également par des éboulements de grande masse.
En 2014, un important effondrement de falaise s’est produit sur la côte sud-est dans un secteur non bâti, mais sur lequel un projet de création d’un sentier littoral était en cours.

En termes de connaissance et à des fins de prévention des risques de mouvements de terrain, plusieurs types d’information sont disponibles.

Au niveau régional

Les données régionales sur les mouvements de terrain sont intégrées dans une banque nationale dont la gestion a été confiée au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) en partenariat avec le Laboratoire central des ponts et chaussées et les services de Restauration des terrains en montagne. Cette base recense les événements connus et/ou observés et fournit une description du type d’événement (chutes de blocs, ampleur, etc.) et des dommages matériels et humains éventuellement engendrés. Les bases de données « Mouvements de terrain » (BD MVT) de Haute-Corse et de Corse-du-Sud ont été réalisées en 1997. Une première mise à jour a été réalisée en 2008 ; une nouvelle mise à jour et un enrichissement de cette base sont envisagées en 2017-2018.

Au niveau départemental

Les dossiers départementaux des risques majeurs présentent le niveau d’aléa synthétique par commune. La cartographie au 1 : 100 000 de l’aléa « mouvement de terrain » a été réalisée sur les deux départements dans le cadre d’un partenariat entre l’OEC et le BRGM. Cette cartographie caractérise la prédisposition des terrains à l’apparition des trois principaux types d’instabilité que l’on retrouve en Corse : les chutes de blocs, les glissements et les coulées. Les coulées (charriage torrentiel et ravinement), bien que peu fréquentes en Corse, peuvent en revanche être dévastatrices. Les nombreux ouvrages de rétention réalisés au franchissement de talwegs témoignent de la réalité de ce type de phénomène et de son impact sur les aménagements.

En outre, le recensement réalisé en 2008 par les DDTM des bassins versants prioritaires de risques de mouvement de terrain (et risques hydrauliques) permet de cibler, à partir de la cartographie au 1 : 100 000, les secteurs sensibles. Il aide à la décision pour l’établissement de programmes de cartographie préventive ou réglementaire (zonage PPR).
Ainsi, une étude du CEREMA sur les zones à risques dans la région bastiaise est en cours de réalisation.

Au niveau communal

Une cartographie a été réalisée à l’échelle communale (1 : 5 000 à 1 : 10 000), notamment au fur et à mesure de l’élaboration des documents d’urbanisme, sur les secteurs jugés prioritaires. En effet, les données issues d’études d’aléa à petite échelle permettent d’identifier les secteurs les plus sensibles et de réaliser par la suite des cartographies préventives et réglementaires plus fines. L’estimation qualitative, et si possible quantitative, des enjeux (humains, structurels et économiques) permet alors de préciser la vulnérabilité des sites et de hiérarchiser le niveau de risque associé. Cette évaluation garantit à terme l’optimisation des investissements publics en matière de prévention et de protection contre ces risques et fournit des éléments objectifs pour la prise en compte de ceux-ci dans l’aménagement. La connaissance du risque mouvements de terrain et l’élaboration éventuelle de Plans de prévention des risques de mouvements de terrain (PPRMT) se poursuit selon cette méthodologie.

En l’état des connaissances et des informations disponibles pour l’évaluation du risque mouvement de terrain en Corse, le constat suivant peut être fait :

  • les données sur les événements doivent être mises à jour (base de données nationale Mouvements de terrain);
  • la cartographie de synthèse réalisée par l’État permet d’identifier et de hiérarchiser les bassins prioritaires de risque pour la programmation des études d’aléas et de PPRMT en fonction des enjeux d’urbanisation. La connaissance du risque de mouvement de terrain (chutes de blocs et ravinements) a été améliorée grâce à la réalisation d’études d’aléas sur plusieurs communes de Corse. Sa prise en compte est d’ores et déjà assurée lors de l’élaboration des documents d’urbanisme. Pour les communes les plus à risques (Ajaccio, Bonifacio, et Afa-Apietto), des PPRMT ont été prescrits

En dehors des zones urbaines, et néanmoins soumises à des enjeux (sites touristiques, infrastructures de transport par exemple), la caractérisation des aléas à grande échelle est relativement
peu développée (cas des falaises côtières).

Retraits et gonflement des argiles

La Corse est peu soumise au risque particulier de retrait et gonflement des argiles, aussi appelé risque « sécheresse ». Seulement 5 % du territoire est en effet soumis à un aléa moyen (dont 4,8 % pour la Haute-Corse). Le BRGM a réalisé une cartographie des zones sensibles à l’échelle 1 : 10 000 afin de permettre sa prise en compte pour l’urbanisation.
Cette cartographie pourrait le cas échéant être valorisée pour des PPR associés à ce risque dans les zones les plus soumises. Ces PPR comprendraient notamment la prescription ou la recommandation de dispositions constructives adaptées.

 

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