La radioactivité naturelle

La Corse exposée au risque radon


 

Comme toutes les régions granitiques, la Corse est exposée au risque radon et plus particulièrement la Corse-du Sud qui est le département dont l’activité en radon est la plus importante de France. Ce gaz inodore et incolore dont la densité est sept fois plus importante que l’air constitue la principale source de radioactivité naturelle en Corse.

Dans les espaces clos où l’air est confiné (caves, pièces d’habitation), le radon peut se concentrer plusieurs dizaines de fois plus qu’à l’air libre. Les concentrations varient également en fonction des caractéristiques de construction, de la ventilation et du mode de vie des habitants.

Grâce à un co-financement OEC et ARS, une cartographie géologique prédictive du risque radon en région a été réalisée par le BRGM. Elle repose sur l’interprétation croisée des données géologiques sur les différents faciès de granites et des cartes de fracturation. Ces travaux, corrélés aux résultats de campagnes de mesures, ont permis d’élaborer une carte de risque à l’exposition au radon. Une plaquette d’information et de sensibilisation intitulée « Le radon en Corse » a été éditée et des campagnes de mesures ont été effectuées dans neuf établissementsscolaires de la Corse-du-Sud. La gestion du risque radon reste une priorité au niveau national. En témoignent les nombreux plans dans lesquels la problématique a été inscrite : plan national Santé-environnement, plan Cancer et plan Santé-travail. Cette gestion s’appuie également sur des initiatives régionales prises notamment dans le cadre de l’élaboration de plans régionaux Santé-environnement (PRSE).

Les risques pour la santé

L’Organisation mondiale de la santé reconnaît le radon comme un agent cancérogène pulmonaire. Une exposition régulière, durant de nombreuses années, à des concentrations excessives de radon accroît le risque de développer un cancer du poumon. Il est admis que cet accroissement est proportionnel à la concentration de radon dans l’air inhalé et au cumul des expositions.

La Cellule interrégionale d’épidémiologie Sud (CIrE) et l’Institut national de veille sanitaire (INVS) ont étudié, à la demande de la Direction de la solidarité et de la santé de Corse, l’exposition au radon de la population insulaire. L’objectif de cette étude, dont les résultats ont été publiés en février 2006, était d’estimer le nombre de décès par cancer du poumon attribuables au radon en Corse. La caractérisation de l’exposition est basée sur une campagne de mesures, dans l’habitat, réalisée en 1995-1996. Le modèle de risque retenu a permis d’établir un risque relatif moyenné sur la vie entière pour l’ensemble de la population. La moyenne des mesures retenues est de 197 Bq/m3, le niveau moyen observé en France étant de 91 Bq/m3.

Après redressement sur la géologie, la saison de mesure et le type d’habitat, la moyenne est de 134 Bq/m3. L’évaluation de risque fait ressortir que 21,5 à 28,0 % des décès par cancer du poumon seraient attribuables au radon sur l’ensemble de la population (entre 33 et 44 décès par an). La part attribuable aux concentrations supérieures à 400 Bq/m3 serait comprise entre 30 % et 48 %.

La réglementation

L’arrêté du 22 juillet 2004 relatif aux « modalités de gestion du risque lié au radon dans les lieux ouverts au public » impose dans les trente-et-un départements français classés en zone prioritaire, dont la Haute-Corse et la Corse-du-Sud, de faire procéder à des mesures de radon dans les établissements d’enseignement (y compris les bâtiments d’internat), les établissements sanitaires et sociaux disposant d’une capacité d’hébergement, les établissements thermaux et les établissements pénitentiaires. Les propriétaires de ces établissements doivent renouveler tous les dix ans des mesures de l’activité volumique du radon et, le cas échéant, mettre en oeuvre les mesures nécessaires pour diminuer l’exposition.

La mise en oeuvre de travaux correctifs s’impose lorsque le niveau de l’activité volumique du radon excède 400 Bq/m3. Il s’agit du « niveau d’action » réglementaire. Des actions simples sont à mettre en oeuvre telles que la mise en place de joints d’étanchéité ou au colmatage de fissures. L’efficacité des travaux doit ensuite être vérifiée par une nouvelle mesure de l’activité volumique du radon.

Si les concentrations de radon sont supérieures à 1 000 Bq/m3, les premières actions correctives peuvent souvent s’avérer insuffisantes. Des investigations complémentaires et une expertise technique pourront alors mettre en évidence la nécessité d’effectuer des travaux correctifs.L’habitat privé n’est pas, en l’état actuel de la réglementation, concerné par un dépistage radon. Cependant, dans les zones à risque, tous les propriétaires de bâtiments recevant du public de façon répétée et durable sont invités à procéder à des mesures de la concentration en radon. Il est également conseillé au public, habitant dans l’une des zones réputées à risque, de procéder à une mesure de la concentration en radon dans l’une des pièces habitables situées au-dessus du vide sanitaire ou de la cave grâce à la pose de dosimètres.

 

L’amiante dans le milieu naturel

Fibres amiantifères
BRGM  Corse

L’amiante peut être présent dans le milieu naturel dans les serpentinites (roche ultra-basique qui tire son nom de son aspect semblable à celui d’écailles et d’une sensation particulière au toucher) qui constituent des roches ultrabasiques formant le manteau supérieur de la Terre. Soumises à l’érosion naturelle et aux activités humaines, ces serpentinites sont susceptibles de se désagréger et de libérer dans l’air les fibres d’amiante qu’elles renferment. La question du risque sanitaire lié à la potentielle mobilisation de fibres d’amiante dans l’air est alors posée.

Sur l’île, seul le département de la Haute-Corse est touché par ce risque : il compte sur son territoire de nombreux affleurements de serpentinites ou de gabbros (roche plutonique magmatique, à texture grenue) se trouvant au contact de serpentinites. La probabilité de rencontrer de l’amiante dans les zones d’affleurement de ces roches est maximale dans les secteurs fracturés.

Plusieurs travaux et recherches sont effectués depuis 1997, avec pour objectif la prévention du risque sanitaire lié à l’amiante dans le milieu naturel par deux moyens :

  • améliorer les connaissances en matière d’aléa, de risque et de conséquences sanitaires ;
  • inciter à la gestion du risque par une information régulièrement renouvelée à chaque avancée des connaissances.

Ces actions se poursuivent dans le cadre d’un plan interministériel initié en 2010-2012 relatif à l’amiante naturel en Corse. Ce plan résulte d’un travail collectif entre les ministères chargés de la santé, de l’environnement et du travail à l’échelon local sous l’égide de la préfecture de Haute-Corse avec la participation de l’Office de l’environnement de la Corse.

L’atlas de l’aléa amiante

En 1997, une cartographie des affleurements de serpentinite présentant une forte probabilité de présence d’amiante avait été réalisée dans le cadre du partenariat OEC – BRGM et OEC – DSS et largement diffusée, notamment via le site internet régional du ministère de la santé.

En 2006, on commence à compléter cette carte pour l’ensemble des minéraux asbestiformes (ayant la forme d’amiante. Asbeste est un synonyme d’amiante). Avec le financement du ministère du développement durable, le BRGM complète cette cartographie sur les zones à probabilité moins élevée de présence de roches amiantifères (zones d’éboulis, zones de mélange lithologique). Cette cartographie (1 : 50 000) s’appuie sur des analyses en laboratoires d’échantillons représentatifs des faciès potentiellement amiantifères (150 analyses). Sur les 236 communes de Haute-Corse, 139 possèdent sur leur territoire au moins une zone d’affleurement de serpentinite.

Afin de caractériser l’exposition de la population aux fibres d’amiante dans le milieu naturel, les services de santé de Corse (DDASS, puis ARS) ont effectué de 2001 à 2010 des mesures de la concentration en fibres d’amiante dans l’air, avec une évolution sensible de la méthodologie entre 2005 et 2009. Ainsi, 21 communes, dans lesquelles la probabilité de la présence d’amiante dans l’air semblait devoir être la plus forte, ont fait l’objet de mesures dans différents lieux de vie (extérieur, domiciles et établissements recevant du public).

Ces mesures sont complétées par une campagne de plus grande ampleur de 2010 à 2014. Ces nouvelles mesures ont porté sur un échantillon d’une trentaine d’agglomérations, dont plusieurs à risque moindre et deux communes en tant que communes témoins, de façon à obtenir une bonne représentativité de l’exposition de la population départementale. Une information des populations concernées a été réalisée et des dispositions préventives ont été prises ou sont en train de l’être dans certaines communes.

Le plan interministériel d’action amiante en Haute-Corse.

Le plan interministériel d’action amiante intègre les recommandations émises par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans son rapport du 2 novembre 2010 sur les « Affleurements naturels d’amiante ». Celui-ci dresse l’état des connaissances sur les expositions, les risques sanitaires et les pratiques de gestion en France et à l’étranger.

L’élaboration du plan d’action Haute-Corse répond à l’action 41 du deuxième plan national santé environnement (PNSE 2) « Gérer les expositions à l’amiante environnemental » qui vise à « poursuivre et renforcer les mesures prises par le comité de pilotage présidé par le préfet de Haute-Corse, pour une gestion spécifique des affleurements naturels ».

Parmi les mesures importantes on peut citer celles qui ont contribué à mettre en place une méthodologie d’identification des zones à risque d’exposition potentielle ou avérée. Les premières études réalisées ont porté sur les communes de Murato, Bustanico et Corte. Il s’agit dans un premier temps de réaliser une cartographie au 1 : 10 000 des zones naturelles amiantifères (en identifiant en particulier les roches à nu) ainsi que des dépôts de terres et cailloux amiantifères de nature anthropique sur ces communes, d’étudier la faisabilité d’un recouvrement, d’analyser les types d’aménagement possibles, leur coût et leur efficacité .

Dans un second temps, une cartographie au 1 : 5 000 de l’aléa amiante sur les principaux secteurs de Haute-Corse concernés par la présence d’amiante dans le milieu naturel a été lancée sous pilotage de l’OEC et de la DREAL. Le secteur de Bastia et des communes avoisinantes a été réalisé par le BRGM en 2013. Celui du Nebbiu sera achevé en 2016. Les prochains secteurs étudiés seront ceux de la région de Ponte-Leccia et du centre du Cap Corse.

Des actions pour assurer la prévention du risque

La prévention du risque sanitaire lié à l’amiante dans le milieu naturel est l’un des objectifs des pouvoirs publics en Corse.
Les mesures attendues par les collectivités se situent sur trois plans :

  • des dispositions réglementaires pour clarifier l’application des dispositions existantes et, si besoin, les faire évoluer de façon à renforcer les moyens de prévention à visées environnementale et sanitaire déjà existants ;
  • l’acquisition des connaissances permettant aux élus de définir des actions de gestion du risque proportionnées et ciblées ;
  • l’attribution d’aides au financement des actions le cas échéant.

 

Pages du document :
6
  • Retour
  • Format imprimable

Espace privé

La Lettre