L’éco-construction : une nécessité pour s’adapter aux changements climatiques

Diviser par quatre les émissions françaises de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 est un objectif ambitieux et volontariste engagé par la France, mêlant un ensemble de considérations sociétales, techniques, technologiques et économiques avec en toile de fond des enjeux majeurs pour les pouvoirs publics. En Corse, le secteur du bâtiment représente 42 % des émissions de gaz à effet de serre et 41 % de la consommation énergétique. L’objectif d’autonomie énergétique de la Corse à l’horizon 2050 fixé dans le SRCAE nécessite un travail important sur la réduction de la consommation énergétique de des bâtiments. Afin de parvenir à cet objectif, il sera nécessaire d’atteindre une cadence de 3 000 rénovations énergétiques globales de logements par an dés 2020 et de la maintenir pendant trente ans. Les pouvoirs publics aussi bien locaux que nationaux font converger les moyens vers cet objectif à travers le projet ORELI (Outil pour la rénovation énergétique du logement individuel) de la CTC et le renforcement des moyens financiers de l’ANAH (Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat).

Une estimation du coût des travaux de rénovation énergétique du parc

Une étude de la Fédération française du bâtiment (FFB) et du COSTIC a défini les différentes interventions à mener sur les logements et a permis de recenser les travaux à réaliser pour chaque type de logement, que ce soit pour la structure du bâtiment ou les systèmes énergétiques. Le montant cumulé des travaux possibles est légèrement supérieur à deux milliards d’euros. Les travaux de rénovation dans les résidences secondaires représentent un potentiel de 0,86 milliard d’euros contre 1,1 milliard dans les résidences principales. Toutefois, il peut sembler légitime de penser que les résidences secondaires seront moins prioritaires ou sujettes à rénovation car moins utilisées ou seulement en été. 

Pour autant, ce secteur n’a pas encore connu la hausse d’activité que devrait générer la rénovation énergétique des logements en dépit des aides financières qui l’accompagnent (crédit d’impôts, éco-PTZ, ANAH, dispositif Agir plus).

Le secteur de l’entretien-rénovation de logements représente, en 2014, 36 % de l’activité du bâtiment en Corse. Il se démarque par sa forte stabilité sur la période 2008-2014, où il a été très peu sensible aux variations économiques à la différence de la construction neuve.

Les dispositifs d’aides obligent à avoir recours pour les travaux à des entreprises labellisées RGE (« reconnue garante de l’environnement ») dont le nombre en Corse reste faible : 86 en 2014, 151 en 2015, 172 en mai 2016 (source ADEME, mai 2016).

Néanmoins, les politiques publiques s’organisent avec pour but une montée en puissance permettant d’atteindre les objectifs du SRCAE (3 000 logements rénovés par an) et de la loi Transition énergétique pour la croissance verte. Ainsi, si l’éco-PTZ ne rencontre toujours pas le succès que l’on aurait pu imaginer en 2009 à la mise en place de ce dispositif au point de ne générer aucun prêt en 2015, le crédit d’impôts « Développement durable », devenu crédit d’impôts « Transition énergétique » fonctionne plutôt bien en Corse.

Ainsi en 2015, ce sont près de 2 700 actions de rénovation énergétique qui ont été entreprises pour plus de 12,4 millions d’euros de travaux [tableau ci-dessous]. Ces actions portent principalement sur l’isolation thermique (isolation des parois vitrées pour 35 %) et l’installation d’équipements de production d’énergie utilisant unesource d’énergie renouvelable (appareils de chauffage ou de production d’eau chaude, etc.). Le montant moyen de crédit d’impôts par foyer en Corse (1 377 euros ) est légèrement supérieur à la moyenne française (1 350 euros).


 Tableau 2 : Crédit d’impôts « Développement durable » - Année 2015 (revenus 2014); source : CEREC, 2015

  Corse du Sud Haute-Corse Corse
Nombre d’actions réalisées 1.406  1.276  2.682
Montant total de travaux déclarés par les ménages (en euros) 6.625.229   5.800.358  12.425.587

 

Les politiques publiques s’organisent pour que les objectifs du SRCAE et de la loi Transition énergétique pour la croissance verte puissent êtres atteints. Le Plan de rénovation énergétique de l’habitat en 2013 symbolisé par la mise en place des « Point rénovation info service » et le projet ORELI débutant en 2016 sont des applications concrètes de ces politiques.

Le projet ORELI consiste à rénover 200 logements pilotes constituant l’ensemble du panel des logements individuels en Corse afin d’en tirer les enseignements nécessaires à la mise en place d’outils permettant d’atteindre les 3.000 rénovations par an en 2020. Ces rénovations, qui viseront un niveau BBC-rénovation, bénéficieront d’aides financières de la Région en sus des aides déjà existantes et surtout d’une ingénierie, d’un suivi des travaux et des consommations énergétiques post-travaux renforcées.

Accompagnement et formation

Une étude de la Cellule économique régionale Corse pour le BTP réalisée en 2011 pour les deux maisons de l’emploi d’Ajaccio - Pays ajaccien et Sud-Corse fait apparaître que le dispositif d’offre de formation est globalement complet et adapté aux exigences du Grenelle tant au niveau de la formation initiale que continue.

La priorité actuelle en matière de formation sur la thématique de la transition énergétique en Corse concerne l’obtention du label RGE par un nombre suffisant d’entreprises.
Les entreprises de bâtiment connaissent de réelles difficultés à former leurs salariés en raison de leur faible taille et d’un turn-over important.
Le nombre minimal exigé de participants aux formations trop élevé (de 8 à 10), ainsi que le regroupement des formations proposées dans des centres régionaux ne favorisent également pas la participation des entreprises aux actions de formation.

Les éco-matériaux

La réduction de la consommation énergétique du parc de logements en Corse, suite aux renforcements des législations en matière énergétique dans le logement neuf (RT 2012) et aux politiques visant à promouvoir la rénovation énergétique, pose aussi la question de l’accessibilité aux éco-matériaux. En effet, l’énergie grise (énergie consommée pour produire, poser, déconstruire et recycler les matériaux d’une construction) constitue une part non négligeable de l’impact écologique des bâtiments ainsi l’usage de matériaux bio-sourcés permet de réduire considérablement cet impact.

Cette rénovation écologique peut être coordonnée au niveau local dans le cadre de programmes concertés de type OPAH Énergie ou Agendas 21. Le potentiel de la filière bois locale a été remis très récemment au coeur de la problématique environnementale, et notamment en vertu de la loi Transition énergétique pour la croissance verte qui favorise l’emploi du bois comme matériau ou combustible. Des projets pilotés par l’État et la CTC visent à promouvoir l’utilisation de ces matériaux en Corse, notamment le plan de relance de la filière bois qui devrait être approuvé en 2016.

On constate également, d’après plusieurs études micro-régionales menées par l’OEC et le BRGM, une disparition des carrières d’extraction des matériaux locaux et le recours de plus en plus fréquents à des matériaux exogènes. Cette situation a conduit le ministère de la Culture à envisager de nouvelles possibilités d’extraction prévoyant les prélèvements temporaires dans le cas de restauration de bâtiments anciens dont l’intérêt patrimonial ou architectural justifie que celle-ci soit effectuée avec leurs matériaux d’origine prélevé dans la carrière d’origine ou une carrière proposant un matériau analogue.

 

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