Brice Guyon

Contrairement à d’autres régions les pressions les plus importantes sont limitées à quelques mois de l’année et en particulier à la saison estivale. Quant aux infrastructures qui permettent le développement de ces activités (infrastructures de transport, pistes d’accès, installations portuaires, etc.), elles exercent également une pression sur les milieux naturels et nécessitent une meilleure structuration des acteurs, des espaces et des activités. Pour un développement économique durable, il sera nécessaire de maîtriser les conditions d’exercice des diverses activités économiques et le développement des infrastructures associées pour lesquelles une labellisation doit être envisagée.

Les pouvoirs publics et gestionnaires cherchent par la concertation à accompagner les pratiques tant existantes qu’en développement, au-delà du simple cadre des espaces protégés cela afin d’aboutir à l’élaboration d’outils efficaces comme les conventions d’usage ou les chartes.

Les professionnels diplômés qui organisent les activités ont dans l’ensemble pris conscience de la nécessité de préserver l’environnement et sont associés aux acteurs publics dès la phase de création de leur activité. Ils bénéficient de formations souvent locales et font découvrir l’environnement aux usagers. Tous sont dans l’attente d’informations environnementales et réglementaires.

Le développement des sports de pleine nature doit être maîtrisé, afin de respecter, notamment, le droit relatif à la propriété des Espaces, sites et itinéraires (ESI), d’être compatible avec les objectifs de préservation de l’environnement et les autres usages. Afin de concilier ces différents enjeux, le législateur a confié cette compétence particulière aux conseils départementaux. Dans cet objectif, ils ont la charge d’élaborer un plan départemental des espaces, sites et itinéraires relatif aux sports de nature : le Plan départemental des espaces, sites et itinéraire (PDESI, art. L. 311-3 du Code du sport) qui inclut le Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR, art. L. 361-1 du Code de l’environnement).

Ce PDESI est élaboré sur la base d’une proposition de la Commission départementale des espaces, sites et itinéraires relatifs aux sports de nature (CDESI, art. 50-2 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984) dont les modalités de fonctionnement et la composition sont fixées par l’assemblée départementale. La CDESI a été installée en 2015 en Haute-Corse et en novembre 2013 en Corse-du-Sud. Les schémas départementaux des activités de nature recensant toutes les activités sont en cours d’élaboration.

L’organisation de manifestations sportives (raids nature, trails, courses VTT, courses hors stade, raids équestres, etc.) est soumise à évaluation des incidences sur les zones Natura 2000 et à autorisation sur les terrains du Conservatoire du littoral. Elles font l’objet d’un état des lieux contradictoires avant et après l’opération avec les organisateurs et prévoient la remise en état du site si des dégradations sont constatées. En 2009, suite à une grande démarche de concertation, le Département de la Haute-Corse et le Conservatoire du littoral ont élaboré, et signé avec une trentaine d’usagers organisés, une « Charte des bons usages dans l’Agriate » destinée à valoriser les acteurs respectueux du site et présentant des gages de qualités. Le document est en cours de renouvellement.  

La randonnée et les épreuves sportives pédestres

 DRJSCS, Thierry Olive

L’aménagement des sentiers de randonnée (sentier du littoral, « mare a mare », « mare a monte », GR 20) constitue un atout majeur et structurant pour le développement de cette activité.

Le Plan départemental d’itinéraires de promenade et de pandonnée, compétence départementale (loi du 22 juillet 1983), a pour objectif de créer un réseau de sentiers de randonnée accessible à tous les types de pratiques tout en permettant la sauvegarde des chemins ruraux.

La réhabilitation et l’ouverture de sentiers, au-delà des grands sentiers d’itinérance, a permis de structurer l’offre et de permettre une mieux répartir la circulation des randonneurs sur l’ensemble du territoire départemental.

Fin 2016, le PDIPR de Corse-du-Sud, finalisé en 2013, compte près de 2 000 km de sentier de randonnée avec différents types de pratiques : familiale, promenade, itinérance, sportive, etc. Le Département de la Corse-du-Sud s’est engagé dans une politique de développement maîtrisé des activités de pleine nature d’une part par l’entretien et la gestion de plus 1 500 km de sentiers de randonnée par des agents départementaux (agents de protection de l’environnement) et d’autre part par la mise en oeuvre de programmes d’aménagements de sentiers, des travaux de sécurisation (mise en place de passerelles et de signalétique directionnelle) ainsi que des opérations de valorisation (signalétique patrimoniale). Les sentiers inscrits au PDIPR bénéficient de ces aménagements ainsi que d’un balisage homogène sur l’ensemble du territoire.

La randonnée connaît un développement croissant qui, lorsqu’elle est pratiquée dans les secteurs abritant des espèces faunistiques ou floristiques vulnérables, peut nuire à la préservation des équilibres biologiques si des mesures protectrices ne sont mises en oeuvre. Par ailleurs, la réouverture des sentiers permet d’une part de restaurer des corridors biologiques disparus et d’autre part de garder le milieu naturel ouvert par un entretien maîtrisé.

Le développement des courses « hors-stade » nécessite une concertation préalable impliquant l’ensemble des acteurs concernés. En effet, ces événements induisent un nombre important de personnes sur des sites naturels et des procédures doivent être formalisées afin de prévenir des éventuels effets néfastes.

En Corse-du-Sud, un guide des bonnes pratiques est en cours d’élaboration. Il s’agit d’un vade-mecum de consignes et obligations à respecter en vue de maintenir la préservation des espaces naturels traversés. Il s’imposera de fait aux associations faisant appel à un soutien financier auprès du Département et sera transmis à l’ensemble des organisateurs de manifestations sportives se déroulant sur les sentiers du PDIPR.

Au-delà du PDIPR en cours de réactualisation et des travaux engagés par la CDESI, le Département de la Haute-Corse dans le cadre d’une convention avec le Conservatoire du littoral ouvre et entretien des sentiers de promenade et de randonnée pédestre ouverts aux publics. Sont ainsi concernés des parcours dans l’Agriate, en Balagne, dans le Cap et en Plaine orientale. Le même type de convention existe en Corse-du-Sud. L’ensemble des sentiers de randonnée situés sur les terrains du Conservatoire du littoral sera à terme inscrit au PDIPR.

La présence des gardes départementaux du littoral (une vingtaine en Haute-Corse et 27 en Corse-du-Sud) permet d’assurer une surveillance des sites, d’informer le public et de faire respecter les réglementations. Ces gardes ont également un rôle important en matière de sécurité (surveillance incendie, pouvoir de police au travers de leur assermentation notamment).

Sur certains sites sensibles ont été mises en place des zones d’interdiction temporaires ou permanentes d’accès aux randonneurs (pozzines de Melo et de Creno, zones de mise bas des mouflons de Tassinetta, zones de nidification des gypaètes). Dans le cadre de la mise en oeuvre de la Stratégie de création des aires protégées, l’extension de zones de préservation est envisagée.

La randonnée naturaliste, activité bien développée ou en plein essor dans des régions riches en biodiversité, représente en Corse un pôle d’activité non négligeable grâce à sa faune et sa flore endémique (sittelle corse, orchidées, plantes de montagne, papillons, etc.) doublée d’une variété de paysages importante. Souvent pratiquée individuellement ou en petits groupes spécialisés, elle a tendance à se développer et présente un intérêt certain car pratiquée souvent hors saison estivale. Dans certains cas un minimum d’encadrement spécialisé serait nécessaire pour limiter les impacts potentiels.
 

La randonnée équestre

Il existe en Corse 48 centres équestres assez également répartis sur le territoire et huit courses hors centre équestre 71. Les impacts négatifs générés par cette activité sont négligeables à l’exception du passage sur des sols fragiles, comme les dunes. Un recensement des itinéraires est en cours ; il sera intégré dans les PDIPR et affiché dans l’application Géosport1 (DRJSCS) sur la base des informations transmises par le CRE. Les randonnées équestres sur les plages nécessitent une concertation du fait de leur développement.

 

DREAL Corse

La randonnée motorisée

Les principaux sites d’activités physiques de pleine nature

DRJSCS 2016

 

La circulation terrestre à moteur dans les espaces naturels est sauf exception interdite par la Loi 72. Sur certains sites protégés (terrains du Conservatoire du littoral, communes du PNRC, chemins de randonnée composant les PDIPR, forêts bénéficiant du régime forestier, espaces naturels des départements, etc.), cette réglementation est renforcée.

Sur les terrains du Conservatoire du littoral, des aménagements destinés à protéger les milieux les plus fragiles et à limiter les conflits d’usages ont été réalisés (ganivelles, dispositif anti-intrusion, etc.). Des pistes ont été cicatrisées et les plans de circulations redéfinis.

L’activité de découverte de la Corse par les circuits 4 × 4, quad et moto répond à une demande sociale forte. Elle est organisée par une douzaine d’entrepreneurs insulaires diplômés, dont les itinéraires et leur fréquentation ont été évalués. Toutefois, d’autres opérateurs non locaux échappent à la plupart des statistiques compte tenu de la clandestinité de leur présence. On constate sur internet notamment la diffusion d’image faisant la promotion de pratiques interdites en milieu naturel. Une cellule de veille est assurée par la DRJSCS pour enrayer cette fréquentation migrante, en partie due à des régimes de protection plus draconiens dans leurs régions d’origine.

La pratique sportive concerne une vingtaine de clubs, évoluant pour la plupart sur des terrains ou circuits privés. Une minorité de licenciés pratique la discipline d’enduro et s’entraîne sur des chemins. Très peu de manifestations sont organisées en Corse. Les pratiques individuelles de loisirs (liées à la randonnée, à la chasse ou à la pêche) sont par contre particulièrement anarchiques et sont difficiles à maîtriser.

La circulation des véhicules à moteur dans les espaces naturels peut générer dérangement de la faune, destruction de plantes rares ou endémiques, braconnage, dégradation des plages, pollution, bruit et conflits d’usage.  Sur certains itinéraires, les comportements inadaptés induisent une dégradation des sites du fait des ravinements. Une structuration des professionnels est nécessaire. À ce titre, la DRJSCS organise, en lien avec les partenaires régionaux, une concertation avec l’ensemble des professionnels en vue de finaliser une charte de bonnes pratiques. Cette charte, qui pourrait prévoir la communication des tracés et des dates d’usage pour l’ensemble des activités de randonnée motorisée, constituerait un label de reconnaissance des signataires.

Les Plans départementaux des itinéraires de randonnées motorisées, à l’image de ce qui se passe dans les autres régions, sont difficiles à réaliser. Une commission thématique a été mise en place dans le cadre des travaux de la CDESI en Corse-du-Sud afin de mener une réflexion commune avec l’ensemble des acteurs sur les moyens à mettre en oeuvre pour préserver et concilier les usages en randonnée motorisée.

La pratique des taxis 4 × 4 se développe en Haute-Corse (Agriates par exemple) et doit être accompagnée.

  • Voir aussi ci-après le paragraphe sur la plaisance

 

Les voies vertes, le cyclotourisme et le vélo tout terrain

 

Il n’existe que très peu de linéaire de pistes cyclables et presque uniquement en site urbain.

Trois projets de voies vertes sont à l’étude :

  • le plus avancé concerne la ville de Bastia (traverse nord-sud en bord de mer entre Port Toga et la Marana, 4 km). Ce projet devrait être étendu pour permettre la liaison Bastia-Bonifacio dans le cadre de l’itinéraire EuroVélo n° 8 ;
  • le deuxième, porté par la CAPA et le Conseil départemental, consisterait en un itinéraire entre la Gravona et le site de la Parata par Saint-Antoine ;
  • un dernier projet doit permettre de relier l’agglomération de Porticcio au site de la Parata par le bord de mer.

Le cyclotourisme est limité à des usagers avertis du fait de la topographie (fortes pentes). Le nombre de pratiquants et les manifestations sportives augmentent néanmoins fortement.

Concernant le développement de l’offre « cyclotourisme », on peut noter les intiatives suivantes :

Compte tenu des évolutions techniques rapides des vélos à assistance électrique, la pratique de ces activités dans les années futures va sans doute progresser.

Pour le vélo tout terrain (VTT), on observe tout comme pour les loisirs motorisés, un manque de parcours organisés. Sur certains itinéraires, à dire d’experts, la situation se dégrade du fait des ravinements observés sur les sentiers. Un plan régional de développement des activités a cependant été proposé par le Comité régional de cyclisme.

À noter que les EPCI souhaitent développer cette offre et que de nombreux professionnels sollicitent des aides pour s’équiper en VTT. Le Syndicat mixte du PNRC a mis en place le premier site VTT labellisé Fédération française de cyclisme, « Site VTT-FFC Castagniccia Mare e Monti n° 216 », en 2013. Parallèlement, depuis 2014, ont été mis en place un « Espace Cyclo sport » qui a été labellisé FFC et, à titre d’expérimentation, deux « stations VTT » en milieu rural.

 

Les sports d’eau vive

 DRJSCS, Thierry Olive

Le réseau hydrographique corse a pour caractéristique de grandes variations de niveau qui limitent la majorité des activités au printemps. La pratique de l’hydro-speed et du raft est très faible, celle du kayak se limite à des pratiquants de bon niveau, souvent étrangers, évoluant principalement sur des rivières d’altitude. Pour ces activités, on n’assiste pas à un tourisme de masse comme cela peut se pratiquer dans d’autres régions.

La pratique du canyonisme attire en revanche de plus en plus d’adeptes. On estime le nombre de pratiquants à 50 000 durant la saison estivale.
Si les impacts environnementaux sont peu connus, une étude réalisée par l’université de Corse en 2013 indique qu’ils seraient limités (Étude de l’université de Corse, laboratoire d’hydrobiologie, 2013, financée par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse).

Le phénomène est néanmoins géographiquement contenu : seuls neuf ou dix canyons sur les 73 identifiés sur l’île font l’objet d’une commercialisation et d’un suivi via des études comportant des comptages (Étude fréquentation DRJSCS).

La gestion de la fréquentation est réalisée, sur terrains publics, par certaines communes en limitant le nombre de professionnels autorisés à exploiter le site. Une ou deux communes ont pris des arrêtés d’interdiction pour des motifs de sécurité publique. Pour les terrains privés, il n’existe pas de dispositif de régulation de la pratique (Pulischellu par exemple). Il n’y a pas de réglementation locale d’usage des canyons, mais des chartes de bonne conduite ont été élaborées par les professionnels.

L’augmentation des usagers liée au développement de la randonnée aquatique (sur le Vecchio ou le Tavignano par exemple) et du « ravinisme » (remontée de cours d’eau) pourraient avoir des impacts importants sur les poissons.

Des cartes des rivières autorisées à la pratique du kayak (mentionnant notamment les accès) sont en cours d’élaboration. Ces cartes, qui sont appelées à être relayées par les offices du tourisme, pourraient être généralisées à l’ensemble des activités de sport d’eau vive.

Au rang des activités de loisirs, la baignade estivale en eau douce impacte les milieux aquatiques par le piétinement des fonds et la mise en suspension des sédiments à une période où les milieux sont fragilisés.

 

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