Les espèces

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Les espèces terrestres et aquatiques continentales

 La flore de Corse présente un taux important d'espèces endémiques (propres à la Corse ou aux régions proches) mais également par la présence sur le territoire d'espèces en limite d'aire de répartition. On y trouve aussi un nombre d'espèces rares hors du commun (800 taxons en moins de dix localités). La présence de nombreuses espèces endémiques accroît de manière considérable la richesse patrimoniale mais nécessite aussi une grande vigilance du fait de l'extrême localisation de certains éléments botaniques ou faunistiques. Quelques indicateurs traduisent la richesse et la fragilité de la Corse malgré sa taille réduite :

  • 2 744 taxons floristiques sont présents en Corse dont 560 taxons exogènes ;
  • Parmi les 560 taxons exogènes, 330 sont des néophytes ;
  • 65 espèces végétales exotiques envahissantes et 264 potentiellement envahissantes recensées en Corse ;
  • 302 taxons endémiques dont 132 taxons strictement endémiques à la Corse ;
  • 188 espèces végétales des listes nationales et régionales des espèces protégées sont présentes en Corse ;
  • 55 espèces végétales disparues, 31 en danger critique d'extinction, 44 en danger d'extinction, 81 vulnérables et 169 quasi menacées ;
  • 28 espèces d'oiseaux mentionnées à l'annexe I de la directive 79/409/CEE et 17 espèces végétales mentionnées à l'annexe II de la directive 92/43/ CEE (plus forte concentration de France pour la flore) ;
  • plusieurs espèces considérées dans un état critique de survie au niveau mondial dont un mollusque et trois plantes ;
  • pour les oiseaux, au moins trois espèces nicheuses ont disparues au XXe siècle (érismature à tête blanche, sterne caspienne et pygargue à queue blanche) ; la liste rouge des oiseaux nicheurs de Corse finalisée identifie près de trente espèces menacées (CR, EN, VU) ;
  • parmi les cinq espèces de mammifères classées menacées (VU et CR) de la liste rouge française UICN, quatre sont présentes en Corse (mouflon, minioptère de Schreibers, murin de Capaccini et murin du Maghreb) dont deux ne sont présentes qu'en Corse (mouflon et murin du Maghreb)
La liste des espèces de flore protégées (arrêté national de la liste nationale et arrêté national de la liste régionale) fait l'objet d'une révision en cours qui permettra de mieux prendre en compte la flore insulaire en tenant compte des acquis sur la connaissance des taxons. Ce programme est piloté en Corse par le Conservatoire botanique national Corse (CBNC) pour le compte du Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer (MEEM). Concernant les insectes, qui représentent plus des deux tiers de la biodiversité animale, beaucoup reste à faire, notamment en termes de protection. Seules dix espèces protégées sont citées en Corse, dont deux papillons endémiques Papilio hospiton et Fabriciana elisa. Des actions d'amélioration des connaissances (atlas et catalogues d'espèces, études génétiques, etc.) mais aussi de suivi et de conservation sont mises en œuvre par l'OEC, via son Observatoire-conservatoire des invertébrés de Corse, avec le soutien des services de l'État de 2011 à 2020.
 
Les listes rouges corses des odonates et papillons diurnes et zygène menacés ont été validées par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) et le CSRPN (Conseils Scientifiques Régionaux du Patrimoine Naturel) de Corse en 2017. Elles dénombrent deux espèces de libellules en danger critique d'extinction (CR), quatre de papillons et deux de libellules en danger d'extinction (EN) dont la très rare zygène de Corse, deux espèces de libellules vulnérables (VU), une espèce de papillon et quatre de libellules quasi-menacées (NT), sur 64 espèces de papillons et 45 de libellules évaluées.
 
Les politiques de conservation de la biodiversité issues du « Grenelle » poursuivent leur mise en œuvre :
  • La Trame verte et bleue, élément cartographique du Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), a été réalisée par la CDC/OEC dans le cadre du PADDUC approuvé. Elle a été intégrée à la carte des enjeux environnementaux et un document annexe lui est dédié. Le SRCE reste à finaliser ; il vise à maintenir (et restaurer) des réservoirs et des corridors écologiques pour maintenir des surfaces d'habitats suffisant à la conservation des espèces ;
  • La Stratégie de création des aires protégées terrestres (SCAP), pilotée par la DREAL en concertation étroite avec l'OEC : quarante- deux sites de projets potentiellement éligibles (en protection réglementaire de type réserve naturelle de Corse, arrêté de protection de biotope ou réserve biologique ou géotopes qui concernent plus d'une centaine d'espèces ont été proposés et validés par le Conseil national de protection de la nature (CNPN) en mars 2012. Ils constituent la feuille de route à l'horizon 2019. La démarche SCAP prend en compte aussi la géologie, la paléontologie et la minéralogie (sites remarquables) ;
  • La mise en œuvre des plans nationaux d'action (PNA) avec, pour la Corse, quatre espèces « Grenelle » pour un total de 17 plans sur 72 existants au niveau national. Dans ce cadre, et pour parvenir au rétablissement des taxons concernés, des opérations de conservation in situ (translocation, gestion de milieu, lutte contre les EEE) sont réalisées.
 
La Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages du 21 juillet 2016 renforce certains principes, avec entre autres :
  • dans le cadre des dérogations liées aux espèces protégées, touchées par des aménagements, la mise en place d'opérateurs de compensation, sites naturels de compensation, garanties financières auprès des porteurs de projets et création d'un registre géo-référencé de la totalité des mesures compensatoires ;
  • la lutte contre la consommation d'espaces donc la perte d'espèces, et valorisation des terrains de l'État écologiquement riches (mobilisation des CEN) ;
  • la lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE) ;
  • la lutte contre le changement climatique.
 
Au plan régional, la réalisation d'atlas et des listes rouges d'espèces associée à la mise en place d'actions de sensibilisation à l'environnement (sciences participatives dont Vigie Nature, Atlas de la biodiversité des communes, action de communication des acteurs institutionnels lors des manifestations locales) favorisent l'appropriation par les collectivités et les particuliers des inventaires du patrimoine de la flore et de la faune. A contrario de la connaissance en constant progrès, les moyens alloués à la surveillance et la gestion des espèces fragiles (mouflon...) et des espaces restent notablement insuffisants ou, s'ils existent virtuellement, peu opérationnels. Les plans de contrôles départementaux mis en place dans le cadre de chaque Mission inter-service de l'eau et de la nature (MISEN) ont permis d'améliorer notablement la coordination et la synergie, mais il reste beaucoup de chemin à parcourir.
 
Grand paon de nuit (G. Winterstein)

 

 

 

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