Le changement climatique

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Synthèse des principaux impacts attendus sur les milieux et les activités humaines

La thématique de l'eau ayant été traitée par ailleurs, de manière exhaustive, dans le cadre du plan de bassin d'adaptation au changement climatique, le lecteur est invité à consulter le dit document.

Les milieux terrestres

De manière globale, l'augmentation des températures et des périodes de sécheresse et la diminution de l'humidité des sols favoriseront :

  • la migration altitudinale des étages de végétation / des organismes d'eau douce en tête de rivière.
  • le stress hydrique et l'assèchement de la végétation vont concourir à la diminution de la croissance végétale.
  • La modification des types d'habitats et des espèces présentes et en particulier l'extension du maquis et le développement préférentiel des espèces xérophiles (organismes vivants dans des milieux très pauvres en eau).
  • L'augmentation de la vulnérabilité des espèces notamment endémiques et de certains milieux (zones humides et forêts).

Des espaces à enjeux seront probablement fortement impactés comme par exemple l'assèchement de certains milieux humides remarquables dont les tourbières d'altitude (pozzines). La salinisation des zones humides littorales favorisées par l'élévation du niveau de la mer et la baisse du niveau des cours d'eau et nappes, en période estivale, modifieront ces écosystèmes.

La sylviculture sera impactée par un ralentissement de la croissance des arbres, un changement de composition des stations forestières, une augmentation de vulnérabilité des peuplements (stress hydrique, moindre résistance aux ravageurs, ...).

Dès à présent, une forte mortalité des arbres a été constatée lors des sécheresses ainsi qu'une augmentation du déficit foliaire depuis 1989.

L'agriculture verra une diminution des rendements sur certaines productions : fourrage, miel, châtaignes, olives, vignes (effets déjà constatés lors de l'été 2017), assortie d'une baisse de la qualité pour certaines productions comme les amandes et plus généralement un avancement du calendrier des récoltes.

Les milieux marins

Les effets directs liés à l'augmentation de la température de l'eau de mer et du niveau marin et au phénomène d'acidification des océans, sont déjà visibles :

  • Augmentation de la mortalité des herbiers de Posidonie et régression de leur limite inférieure (2,5 cm / an en moyenne).
  • Anomalies d'abondance et variation de composition du phytoplancton + Augmentation des espèces thermophiles (invasives ou non) parmi les populations piscicoles
  • Augmentation de la mortalité des Formations bioconstruites / organismes calcaires (Litho-phyllum, corail)

Les conséquences sur les activités humaines concerneront surtout la filière de la pêche et de l'aquaculture.

Pour la pêche, la diminution des frayères et des nurseries pour de nombreuses espèces piscicoles, la diminution de la nourriture disponible (phytoplancton), l'évolution des caracté-ristiques physico-chimiques du milieu, la compétition avec de nouvelles espèces entraîneront une diminution de certains stocks et par voie de conséquence une baisse des prises pour les marins-pêcheurs à effort constant (baisse de l'indice Capture par Unité d'Effort).

Pour l'aquaculture, la dégradation des conditions sanitaires des lagunes littorales pourra impacter des productions conchylicoles à forte notoriété. Le réchauffement de l'eau provoque l'augmentation de virus affectant les espèces aquacoles et favorise l'émergence d'espèces de phytoplancton potentiellement toxiques.

Le risque incendie et hydrologique

Pour les incendies de forêt, il n'y a pas d'observation à l'heure actuelle d'une augmentation des surfaces incendiées sur le temps long, mais il est constaté que les conditions deviennent plus favorables aux départs et à la propagation des feux (végétation plus sèche) y compris hors saison estivale. Les diverses simulations sur les climats futurs indiquent une augmentation du risque.

Pour l'hydrologie, les bassins versants très compartimentés induisent une forte variabilité des réponses aux pluies. Les écarts de régimes hydrologiques des cours d'eau sont difficiles à anticiper.

En période hivernale, le changement climatique affectera à la hausse la limite altimétrique pluie-neige limitant les réserves d'eau sous forme de manteau neigeux et favorisant les inondations.

En période estivale, il est déjà observé une diminution des débits d'étiage ou des étiages plus longs (Golo, Tavignano)

Les conséquences sur les activités humaines sont susceptibles d'affecter de nombreuses thématiques :

  • Risque accru de détérioration ou d'interruption de service des infrastructures de transport (transports / mobilité),
  • Risque de forts incendies dans les zones touristiques pouvant entraîner une baisse d'attractivité, au moins au niveau local, pendant plusieurs années (tourisme),
  • Diminution de la période de production d'hydroélectricité dans l'année et des volumes turbinés (énergie).

Les risques submersion marine et érosion côtière

Pour la submersion marine :

  • Augmentation de la fréquence des submersions permanentes et temporaires. -Changement du régime des tempêtes (intensité et fréquence).
  • Augmentation de la hauteur des vagues.
  • Valuation de l'aléa sur le littoral de Zonza à Bonifacio (2016) : l'hypothèse d'augmentation du niveau marin de 60 cm à l'horizon 2100, apparaissant désormais optimiste

Tempête Adrian 29/10/2018, Ajaccio (B. Recorbet)

 

Pour l'érosion côtière :

  • Aléa plus important sur les côtes sableuses et à falaises calcaires.
  • Secteurs localisés sur les plages de la plaine orientale et sur le littoral ajaccien et de Balagne.
  • Une remontée du niveau marin de 30 cm pourrait faire perdre 10 à 20 % de largeur de plage d'ici 2050 pour les cas de Porto et Palombaggia. L'impact de l'élévation du niveau marin sur l'érosion des plages est toutefois à modérer compte tenu de la capacité de recul du trait de côte sur beaucoup d'entre elles.

L'évolution de ces risques aura un impact localisé sur les infrastructures très proches du rivage qu'il s'agisse d'infrastructures de transports tant terrestres que portuaires ou d'équipements touristiques.

La santé des populations

Elle sera affectée par des évènements de plus en plus courants :

  • L'augmentation de la fréquence, durée et intensité des canicules impactant l'ensemble de la population et fortement préjudiciable aux personnes âgées et aux plus vulnérables.
  • La pollution de l'air avec une augmentation des pics d'ozone, des particules fines et des concentrations en pollens.
  • Des maladies émergentes sont susceptibles de se développer. Par exemple, depuis 2018, le moustique tigre, vecteur potentiel de la dengue, du chikungunya et du zika, est implanté sur l'ensemble de l'île. Si le réchauffement climatique n'est pas favorable à une augmentation de sa population en période estivale, il est noté, des à présent, que sa période de reproduction s'est allongée hors des mois d'été.
  • La diminution des débits d'étiage en rivière favorisant des pollutions localisées.

Moustique tigre (James Gathany)

 

En termes d'aménagement, les impacts du changement climatique concerneront l'inconfort dans les villes, transports et bâtiments. La disponibilité en eau et surtout son partage entre les activités sera un enjeu majeur.

De la même manière, le secteur du tourisme pourra être impacté par une baisse d'attractivité liée aux fortes chaleurs tant diurnes que nocturnes ou à des restrictions de certaines activités comme la baignade en eau douce.

L'augmentation des températures pourrait aussi accentuer le pic de consommation électrique estival.

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