La typologie simplifiée des milieux

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Figure 7 : Les étages de la végétation de Corse (La végétation de Corse, Gamisans, Edisud 2003)

 

Les « milieux naturels » de Corse se caractérisent par leur grande diversité. La grande variabilité de sol, d'altitude, d'exposition, de degré d'humidité crée une mosaïque de milieux, plus ou moins enchevêtrés, superposés, variant en fonction de l'historique des terrains et des contraintes liées aux conditions géographiques et altitudinales. L'action de l'homme contribue également de façon importante à cette diversité. En effet, il est encore possible d'apercevoir des reliques des activités agricoles et pastorales exercées depuis les vingt derniers siècles. Les aménagements en terrasse, par exemple, ont un impact direct sur les milieux et les espèces qui y poussent car ils réduisent la pente et retiennent une grande quantité de terre et donc d'eau et modifient ainsi les trajectoires dynamiques de la végétation.

Voir les chapitres « L'agriculture en Corse » et « Paysages et patrimoine ».

Les habitats se répartissent en fonction des espèces qui les constituent selon un gradient altitudinal allant du littoral à l'étage alpin. Le graphique ci-dessous (figure 8) illustre les principales tendances d'évolution des milieux naturels en prenant en compte la typologie de référence retenue dans le cadre du programme européen Corine Land Cover d'analyse spatiale de l'occupation des sols à partir d'images satellitaires. Les milieux représentent des ensembles plus vastes que les habitats, ils en constituent en quelque sorte le niveau générique. Formant des ensembles homogènes, ils se distinguent facilement dans le paysage et permettent une description synthétique de l'espace mettant en évidence les interactions anthropiques.

 

Le milieu montagnard

 

Le milieu montagnard de la région présente une très grande diversité d'habitats naturels : forêts de feuillus, forêts de conifères, landes oro- méditerranéennes et pelouses, pozzines, lacs, torrents et milieux associés, zones rocheuses. Les paysages montagnards ont depuis longtemps été façonnés par les pratiques culturales et pastorales. La régression de ces pratiques laisse à penser que les surfaces boisées (forêts ou maquis hauts) continueront de progresser au cours des prochaines décennies, essentiellement par dynamique naturelle. Compte tenu des pentes et des caractéristiques des zones concernées, la fermeture des paysages ne semble pas représenter un risque de même nature que dans certaines régions de France; elle peut même dans certains cas constituer un atout pour limiter l'érosion et les crues. Mais cette tendance peut néanmoins se révéler localement préoccupante à différents points de vue : 

  • sur le plan économique : accélération de la désertification, perte de potentialité touristique ;

  • sur le plan écologique : régression de certaines espèces liées aux milieux ouverts, au pastoralisme (gypaète, plantes alticoles des milieux ouverts, etc.) ;

  • sur le plan des risques naturels : augmentation de la sensibilité au feu, biomasse inflammable et disparition des discontinuités ;

  • sur le plan social : la disparition du tissu social de proximité (disparition de la société pastorale et agraire) entraîne la dégradation et la fermeture paysagère avec une diminution de l'accessibilité et de l'appropriation par le grand public.

Dans ces conditions, et pour certains espaces sensibles qui correspondent le plus souvent à d'anciens terrains agricoles (châtaigneraies, pâturages, estives, etc.) l'intérêt d'une politique volontariste de reconquête ou d'entretien apparaît évident, même si elle ne peut pas s'envisager que sur de simples critères écologiques.

Néanmoins la présence d'un couvert forestier constitue un atout majeur en Méditerranée. Elle permet de protéger les ressources en eau et de lutter contre l'érosion. Atout par ailleurs incontestable pour tamponner les effets des températures extrêmes face aux changements globaux. De plus, ces milieux forestiers constituent des biotopes à part entière et donc liés à un équilibre Flore/Faune en particulier lorsque ces milieux sont anciens et évolués (ex : vieilles forêts matures). Les jeunes boisements sont généralement plus pauvres en biodiversité. Il est à noter que la Corse est l'île la plus boisée de Méditerranée.

 

La forêt et le maquis

 

Figure 8 : Occupation des sols selon Corine Land Cover en 2018
(Agence européenne de l'environnement - Copernicus)

La forêt

Typiquement méditerranéennes en bordure de mer et à basse altitude, avec une prédominance des essences feuillues sempervirentes et sclérophylles, en particulier le chêne vert, les forêts acquièrent un caractère montagnard au-dessus de 1.000 m, domaine du pin laricio et du hêtre puis à l'étage sub- alpin des aulnes nains. La conjonction de l'insularité, du climat, du relief et de la géologie leur confère une grande diversité biologique et écologique (sittelle corse, bec croisé des sapins, plusieurs espèces de chauves-souris, insectes saproxyliques...). On y rencontre un gradient important d'écosystèmes avec des cortèges floristiques allant des espèces thermo-méditerranéennes aux espèces alpines et qui se traduit dans la variété des types de formations végétales: futaies résineuses d'altitude à pin laricio, forêts feuillues de montagne (hêtraies, châtaigneraies), forêts résineuses de plaine ou de basse colline à pin maritime, yeuseraies de plaine et de moyenne montagne souvent établies sur d'anciens terrains agricoles, suberaies, ripisylves, continues en amont et discontinues car dégradées dans les basses vallées alluviales, etc. Le réchauffement climatique selon les scenarii plus ou moins pessimistes aura de toute façon des conséquences à tous les étages de végétation en fragilisant les stations (hêtres, sapins, pins laricios, chênes verts et lièges). 

Le maquis

Le terme générique de « maquis » désigne des formations végétales arbustives plus ou moins élevées, à feuilles dures et persistantes, caractéristiques des régions à climat méditerranéen dont la hauteur peut varier de 0,5 à 7 m selon le stade de dégradation (ou d'aggradation).

En Corse, les maquis couvrent des surfaces importantes aux étages thermo et mésoméditerranéen, plus réduites à l'étage supraméditerranéen.

On distingue cinq types de maquis en fonction de la composition floristique et de la taille de la végétation. Les maquis correspondent aux stades de succession, c'est-à-dire de reconstitution de la végétation, après divers impacts (incendies, coupes de bois, abandon de surfaces cultivées, etc.). Ils sont animés de dynamiques progressives (en général lors du recul de la présence humaine, des maquis vers les milieux forestiers) ou régressives (des forêts vers des formations plus basses, souvent sous l'action de l'homme : mise en culture, incendies, sur-pâturage). Dans sa forme la plus dégradée, le maquis est composé d'étendues quasi mono-spécifiques à ciste de Montpellier. À un stade âgé, le maquis forestier s'apparente à de la forêt où l'arbousier, la bruyère arborescente et le chêne vert dominent en beaux peuplements. Le stade ultérieur de forêt de chênes verts denses est beaucoup moins inflammable.

Les surfaces de ces différents maquis évoluent positivement avec le recul de l'élevage mais également la modification des pratiques depuis une centaine d'années. Le constat fait pour le milieu montagnard vaut pour le maquis, en particulier pour la protection des sols, l'écoulement des eaux et également pour les risques décuplés d'incendies du fait de l'augmentation spectaculaire de la biomasse très inflammable.

 

Voir le chapitre « Risques naturels »

 

Un des bénéfices attendus est l'augmentation notable des volumes de bois exploitables pour le bois de chauffage, très recherché.

La biodiversité sans être affectée gravement, subit depuis une cinquantaine d'années des modifications quantitatives importantes (effectifs et biomasse des espèces forestières en hausse forte). Néanmoins, la progression du maquis au détriment des habitats ouverts (par exemple les pelouses, prairies...) provoque une importante diminution de la biomasse et de la biodiversité d'insectes (lesquels représentent plus de 70% de la biodiversité terrestre) sur les territoires. Les maquis jeunes et denses sont donc plutôt des milieux peu favorables ce qui génère des effets potentiellement importants, comme le montrent les évaluations réalisées par l'observatoire conservatoire des insectes de Corse (OCIC) sur certains groupes (ex : papillons de jour).

Sur un plan social, les maquis hauts forestiers, souvent impénétrables, constituent des espaces à faible appropriation sociale et ludique, si ce n'est l'activité cynégétique (chasse au sanglier).

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