Les ressources forestières

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UN POTENTIEL DE PRODUCTION MESURÉ

 

Selon les estimations IGN, les formations boisées de production représentent près de 400 000 ha (397 000 ha +- 23 000 ha) de la surface forestière insulaire.

La mobilisation de la ressource forestière est handicapée par la topographie, la dispersion des peuplements productifs et les contraintes foncières et organisationnelles. L'exploitabilité, telle que définie par l'IGN, est la plus faible des régions de métropole (trois fois inférieure à la moyenne pour la classe « facile »). Aussi, les volumes exploités ne représentent-ils qu'une faible part de l'accroissement biologique (8 %) et les volumes sur pied ne cessent d'augmenter. 80 % des volumes sur pied sont considérés comme très difficiles à exploiter, notamment en raison de l'altitude, et 68 30 % ont une distance de débardage (accès à une voie de communication) supérieure à un kilomètre. La récolte de bois d'œuvre, résineux pour l'essentiel, est réalisée à 90 % dans les forêts territoriales et les forêts communales relevant du régime forestier. Compte tenu de la situation des peuplements, de leurs caractéristiques intrinsèques et de leur exploitabilité, ceci correspond, en l'état des documents de gestion durable (aménagements forestiers en forêt publique), à environ à 50 000 m3/an (- de 20 000 m3 depuis 2014) (données plan forêt bois de Corse (PFBC). Sur la période 2013-2020, le volume prévisionnel annuel théorique disponible, pour les forêts publiques déjà aménagées, serait de l'ordre de 65 000 m3 toutes essences et qualités confondues.

Les ventes de bois en forêt publique ont connu des fluctuations sur la période 2005-2015. Une baisse sévère est observée depuis 2014 (- 70%) compte-tenu d'une demande très réduite des acteurs de la filière aval. Cependant il semblerait qu'une certaine reprise de la demande soit amorcée depuis 2019.

En forêt privée, l'exploitation annuelle de bois de chauffage est évaluée à 60 000 m3 de chêne vert dont seulement 10 000 m3 entreraient dans les circuits de commercialisations traçables (PRFB). Environ 15 000 m3 seraient exportés vers la Sardaigne. Une part importante de cette production se fait de manière illégale, en témoignent le très faible nombre de documents de gestion agréés, l'absence de déclaration d'ouverture de chantiers forestiers auprès de la DIRECCTE et le faible nombre d'inscriptions d'exploitants forestiers au répertoire SIREN correspondant.

La quantité de liège récoltée a atteint pendant la période la plus favorable 50 000 quintaux. Elle était évaluée à 15 000 quintaux en 2006 et à 6 000 quintaux en 2015. Elle est en progression constante (entre 10 000 et 15 000 quintaux en 2019) mais loin du potentiel des 46 000 ha de suberaies.

La production annuelle de bois énergie se développe (notamment avec la société d'économie mixte « Corse Bois Énergie ») et représente 12 600 m3 de bois ronds essentiellement, transformés en plaquettes forestières pour l'alimentation de chaufferies du centre Corse. Quelques communes rurales ont par ailleurs leurs propres chaufferies et d'autres développent des projets de chaufferies en lien avec les animateurs bois énergie.

QUELLE(S) FILIÈRE(S) FORÊT-BOIS ?

Selon l'INSEE, la filière « bois » insulaire était constituée de 280 entreprises, en se limitant à celles exerçant à titre principal des activités liées au bois (exploitation forestière, scierie, fabrication de charpente, etc.). Elles employaient près de 700 personnes.

En 2018, on dénombrait les entreprises suivantes :

280 entreprises consacrés entièrement à la filière soit 472 emplois, répartis comme suit :

  • Sylviculture et exploitation forestière : 198 emplois
  • Première transformation et seconde transformation : 178 emplois
  • Construction bois : 61 salariés
  • Négoce : 6 emplois
  • Services et divers : 29 emplois

 

Récolte du liège (CRPF)

 

Le tableau ci-dessous présente la répartition des structures suivant les différents segments d'activité :

    Cœur de la filière   Périmètre partie  
    Entreprises Effectif Entreprises Effectif
Filière amont Sylviculture et exploitation forestière 137 198    
  Sciage et travail du bois 110 178 3 99
Filière aval Construction en bois 24 61 627 620
  Fabrication de meubles et objets divers, industrie du papier et du carton 6 29 61 31
Commerce et transport   3 6 136 789
Total   280 472 827 1 539
Effectif non salarié     230    
Effectif total     702    

 Tableau 6 : source : DRAAF - INSEE Corse, Analyses n°10, mai 2016

 

 

 

 

 

Alors que la Corse est la région la plus boisée (en proportion) de France, le poids de la filière bois y est limité : en 2012, seuls 0,6 % des entreprises et 0,5 % de la main d'œuvre proviennent de cette filière, soit deux fois moins que la moyenne française. Les caractéristiques forestières déjà décrites expliquent ce phénomène, qui s'explique aussi par la faible industrialisation. L'Office national des forêts (ONF) est le principal employeur dans la filière, avec plus d'un quart des effectifs. Si son rôle consiste à gérer la forêt publique et l'approvisionnement en bois issu de celle-ci, il convient aussi de noter ses actions en matière de protection de l'environnement et d'accueil du public. La filière « bois » corse est majoritairement composée de micro-structures, avec trois quarts des établissements qui n'ont pas de salarié. L'implantation est plus forte dans les cinq cantons autour d'Ajaccio et au sud de Bastia. La sylviculture et l'exploitation forestière, le sciage et le travail du bois représentent la très grande majorité de l'activité, près de 90 % de l'activité en nombre d'entreprises.

Le bois d'œuvre issu des forêts de Corse est peu compétitif sur le marché, malgré une qualité désormais identifiée, normée et reconnue du pin Laricio notamment. La difficulté réside dans l'absence d'outils industriels de transformation localement, ce qui oblige à sécher et/ou traiter le bois sur le continent même pour un usage local. La reconstitution d'une filière aval localement permettrait d'envisager la relocalisation de nombreux emplois autour de l'exploitation forestière.

La filière châtaignier à bois est représentée exclusivement en Castagniccia. Elle mobilise environ 4 000 m3 de bois par an pour être transformés en bois de feu, piquet ou sciage.

La suberaie (forêt de chênes-lièges), sur laquelle reposait autrefois un secteur économique important, est aujourd'hui en grande partie délaissée par ses propriétaires faute de débouchés, même si sa surface augmente du fait de la dynamique naturelle. Elle est en partie menacée par l'urbanisation et l'abandon (dépérissements localisés...). La coopérative A Silva, créée en 2013, a dépassé la centaine d'adhérents en 2020. Elle récolte aujourd'hui environ 10.000 qx/an de liège sur un potentiel de 50.000 qx/an.

L'interprofession forêt-bois « Legnu Vivu » constituée en octobre 2010 est en dormance depuis 2017, signe des difficultés à fédérer les acteurs. Ses travaux doivent aujourd'hui être capitalisés et réactivés. Fin 2020, se sont créés « U Cullettivu per a Furesta Corsa » et le syndicat des entrepreneurs forestiers, signe d'une volonté de relancer les actions collectives dans la foulée du programme pour la forêt et le bois de Corse 2021-2030.

 

 

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